News - 15.05.2023

Pisciculture: un large potentiel

Pisciculture: un large potentiel

La pisciculture est une tradition très ancienne en Tunisie, comme le rapportent de nombreuses mosaïques, mais il aura fallu les avancées concluantes des recherches menées par l’Institut national des sciences et technologies de la mer (Instm), pour amorcer la naissance d’un secteur structuré. Parmi les entrepreneurs visionnaires, M’hammed Driss, en hôtelier avisé, a réalisé tout le potentiel qu’il offre, et procédé, à la fin des années 1980, à l’implantation de la première ferme d’élevage. Nous en sommes aujourd’hui à 33 unités de diverses vocations.

La pisciculture offre de bonnes perspectives, indique à Leaders Foued Mestiri, directeur général du Centre technique de l’aquaculture (CTA). Avec une production de 26 000 tonnes, générant des revenus de l’ordre de 380 millions de dinars, et employant plus de 2 000 personnes, le potentiel de croissance est porteur. Sur les 26 000 tonnes produites, plus de 6 500 tonnes sont exportées (pays du Golfe, Italie, Libye, etc.), avec de nouveaux marchés à explorer. Quant au marché local, il absorbe plus de 17 000 et peut atteindre 25 000 tonnes. Un effort de marketing est cependant nécessaire pour changer la perception des produits d’élevage et encourager les Tunisiens à les consommer.»

Actuellement, 24 fermes aquatiques en mer sont en exploitation. Elles assurent l’élevage notamment des daurades, du loup et du maigre (une espèce entre le mérou et le loup de mer). Cinq projets s’adonnent à l’élevage des coquillages (moules, huitres…), et un autre projet pilote s’est spécialisé dans l’élevage de la crevette à pattes blanches en eau de mer. De plus, trois autres fermes assurent le grossissement du thon rouge, alors que d’autres se sont concentrées sur la culture de l’algue marine (spiruline) aux multiples bienfaits. Par ailleurs, trois unités assurent la fabrication d’aliments de poisson.

Le cycle de production et ses coûts sont intéressants à connaître, explique à Leaders un spécialiste du secteur. Il y a d’abord l’alevin, qui est le poisson nouveau-né, à la base de l’élevage. Son prix moyen se situe entre 3 et 5 D. Si la Tunisie continue à en importer, des écloseries se développent dans divers sites pour fournir les fermes de pisciculture. La maîtrise des coûts et, partant, du prix de vente au public exige un grand effort pour renforcer ces écloseries et les multiplier.

Outre l’alevin, c’est l’alimentation qui se taille la part du lion des coûts. Pour la daurade, il faut compter un élevage pendant un an afin qu’elle atteigne un poids de 350 g environ. Le loup prend 14 mois. Chaque kg produit nécessite deux kg d’aliments, au prix de 10 D le kg. Les aliments sont produits à 60% en Tunisie et importés à 40%.

La pisciculture est très exigeante en expertise spécialisée, nécessitant un suivi rigoureux et une gestion attentive. De nombreux aléas l’exposent à des risques, notamment sanitaires, d’où l’importance de mettre en place des caméras sous-marines et tout un dispositif d’analyse et de contrôle.

La question des coûts se pose alors avec acuité. Le prix public d’un kilogramme de daurade varie entre 16 et 19 D. Au départ de la ferme de culture, il est de 14,5 dinars, la marge, bien réduite, est partagée entre le producteur et le poissonnier.

Comment retrouver notre longueur d’avance?

La Tunisie a été pionnière dans ce secteur au début des années 1990. Elle était le premier pays à s’y adonner dans le bassin méditerranéen, bien avant d’autres pays riverains comme la Turquie ou la Grèce. Cette longueur d’avance n’a pas été maintenue et développée. Divers facteurs y ont contribué. « Si nous pouvons affirmer qu’une véritable école tunisienne de pisciculture n’a cessé de confirmer ses atouts, des freins sont à lever afin de développer cette activité, déclare à Leaders un opérateur du secteur. Le tout premier est la complexité des formalités administratives et leur lenteur pour la création d’un projet aquacole. Le parcours du combattant prend jusqu’à deux années, empruntant des méandres interminables, notamment au niveau de l’Agence nationale de protection de l’environnement et d’autres administrations concernées. Aussi des incitations spécifiques à l’investissement tout comme un soutien à la production et à la distribution sont-ils nécessaires.

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