News - 04.04.2023

Journée de la Terre, occupation et théocratie en Israël

Journée de la terre, occupation et théocratie en Israël

Par Mohamed Larbi Bouguerra - Le 30 mars 1976, la police et l’armée israéliennes ont assassiné six Palestiniens et blessés des centaines d’autres - qui étaient restés dans leur patrie après la Nakba de1948. Les confrontations ont eu lieu dans les villages de Sakhnin, Arraba, Arrab Essawad et Deir Hanna. Tawfik Zayyad, maire palestinien de Nazareth depuis l’hiver 1975, a été la cheville ouvrière de la grève et des manifestations suite à la confiscation des terres palestiniennes par le pouvoir sioniste pour y installer des colons. Le gouvernement sioniste de Yitzhak Rabin voulait empêcher à tout prix ces manifestations pour cacher ces actes illégaux à l’opinion internationale. Saïd Zaydani, témoin des confrontations de cette journée, déclare en mars 2023: «A l’annonce de la mort des six martyrs, la rage et la tristesse du peuple ont atteint un point d’ébullition. Nous avons compris, ce jour-là, que nous étions confrontés à un événement sans précédent dans l’histoire des Palestiniens restés en Israël après la Nakba de 1948. Mais nous n’avons pas réalisé à l’époque qu’il s’agissait également d’un moment fondateur pour l’ensemble du peuple palestinien.»

Dès cette époque du reste, Ben-Gourion - révèle son journal intime écrit entre 1948 et 1953 - donnait des instructions pour «harasser et pousser les réfugiés à prendre la direction de l’est.» Ce journal appelle, en outre, à surveiller les juifs orientaux (traités à la DDT à leur arrivée en Israël) et liste les viols commis par les soldats israéliens. (Article d’Ofer Aderet, Haaretz, 6 mai 2021).

Le 47ème anniversaire de la Journée de la Terre a été fêté par les Palestiniens, leurs amis et tous ceux qui militent pour la justice et la liberté dans le monde comme à l’Université de Chicago aux Etats Unis. En France, Via Campesina et de nombreuses autres organisations se sont souvenues des martyrs palestiniens.

Le PCF a exprimé son soutien dans cette déclaration:

«Nous soutenons les revendications des Palestiniens conformément au droit international:

Fin du blocus de Gaza, illégal au regard du droit international et qui conduit à   une catastrophe humanitaire
Respect du droit au retour pour tous les réfugiés, tous les exilés, c’est un droit inaliénable conforme à la résolution 194 de l’Assemblée générale des Nations unies
Fin de la colonisation
Reconnaissance de l’État de Palestine dans les frontières de 1967 avec Jérusalem Est comme capitale

Le PCF continuera de se battre pour que les Palestiniens obtiennent justice, condition indispensable à une paix juste et durable.»

De plus, le député PCF Jean-Paul Lecoq, vice-président de la Commission des Affaires Etrangères, a rédigé une proposition de résolution n° 143 soumise à l’Assemblée Nationale, cosignée par 38 députés de gauche visant à obtenir de la France la dénonciation du régime que met en place Tel Aviv au Proche-Orient, la reconnaissance d’un État de Palestine et enfin la décriminalisation de la campagne Boycott-Désinvestissement-Sanctions (BDS).

Citant Nelson Mandela, la proposition de résolution fustige l’apartheid exercé par Israël contre le peuple palestinien via, entre autres, la loi de l’Etat-Nation de juillet 2018 qui nie les droits des non-juifs.

Théocratie en Israël

A l’occasion de la fête de Pessa’h, la Pâque juive, un nouveau texte - dument avalisé par la majorité raciste, ultra-orthodoxe et fasciste de la Knesset - interdit de faire entrer dans les hôpitaux d’Israël les aliments à base de blé et contenant du levain (hametz). Raison? Ce n'est pas pour des raisons sanitaires ou diététiques. Dans le passé, le rabbinat israélien avait déposé des requêtes pour interdire l’entrée du pain dans les hôpitaux durant Pessa'h. La Cour suprême israélienne avait alors tranché, à la grande déception des religieux: «Le pain est autorisé dans les hôpitaux.»

Aujourd’hui, les religieux, représentés notamment par les partis de Ben-Gvir, Force juive, et de Smotrich, parti sioniste religieux, qui sont aujourd'hui au pouvoir, prennent donc leur revanche. Ce n’est plus d’une simple directive qu’il s’agit, mais d’une loi en bonne et due forme. Le nouveau texte prévoit de laisser une marge de manœuvre aux directeurs des hôpitaux. Interdiction totale ou partielle, d’apporter du pain à l’hôpital. Fouiller ou non les gens à l’entrée?

Israel Hofsheet, une organisation de défense de la liberté religieuse, dénonce une loi coercitive. Car il n’y a pas que des juifs dans les hôpitaux israéliens. Dans tous les établissements de santé, les patients ainsi que les médecins et les infirmiers sont également arabes israéliens ou Palestiniens, musulmans ou chrétiens.

En cette période de Ramadan, cette loi est particulièrement discriminatoire et provocante pour le personnel hospitalier en Israël.
Israël est bien une théocratie où le mariage civil et le mariage mixte sont interdits, le divorce soumis au bon vouloir des maris (guet), les ultra-orthodoxes dispensés du service militaire et la qualité de juif attribuée par le rabbinat.

Les crimes sans fin de l’occupation

Les manifestations prodémocratie en Israël ont remis un tant soit peu la question palestinienne à l’ordre du jour dans le pays. Le  Monde rapporte qu’un Israélien ayant fait son service militaire est convaincu de la nécessité de vivre ensemble et de cesser de prétendre que les Palestiniens ne sont pas chez eux ici. «On assiste quand même à un réveil quand on a des milliers de personnes à Tel Aviv qui crient pour Huwara, c’est que le sujet est sur la table, on a cessé de l’ignorer». Un manifestant, ancien chef d’état-major, affirme: «Nous avons décidé de noyer le pays sous les drapeaux israéliens» mais, écrit le Monde,  «c’est pour rendre invisibles les drapeaux palestiniens que des protestataires de gauche levaient dans les premières manifestations.» (Lire: «En Israël, la révolte du «pays laïque», Le Monde, 2-3 avril 2023, p. 2)

N'empêche.

Le 2 mars, à Azzun, près de Qalqilya, les forces d’occupation ont tué Mohammed Nidal Ibrahim Salim, 17 ans.

Le 9 mars, elles ont tiré une balle dum-dum sur Walid Saâd Nassar, assassiné à 15 ans.

Le 10 mars, l’armée d’occupation a assassiné à Qalqilya, Amir Mamoun Mohamed Odeh, 14 ans.

Le 3 avril, deux Palestiniens ont été assassinés à Naplouse lors d'un raid mené par une unité spéciale des forces israéliennes. Les 2 victimes sont Mohammed Hallaq al-Katuni et Mohammed Junaïdi abou-Bakr.
Depuis le début de l'année, 94 Palestiniens ont été assassinés par l'armée d’occupation e par les colons israéliens.
Ces drames, l’Occident les ignore. L’UE les ignore et cajole toujours le gouvernement israélien même quand il l’humilie en refusant de recevoir son ministre des Affaires Etrangères… qui a osé critiquer les colonies illégales d’après le droit international.

Tuer les jeunes Palestiniens?  L’armée israélienne viserait-elle la disparition - comme le ministre suprémaciste Smotrich - du peuple palestinien qu’elle ne s’y prendrait pas autrement.

Mais, les Palestiniennes et les Palestiniens chérissent ces jeunes et résistent à leurs assassins, faisant leurs les vers du dramaturge grec Euridipe dans sa pièce «La folie d’Héraclès»:
«Ni le luxe d’un roi d’Asie, ni un palais plein d’or
Ne sauraient pour moi valoir la jeunesse»
.

Mohamed Larbi Bouguerra

Vous aimez cet article ? partagez-le avec vos amis ! Abonnez-vous
commenter cet article
0 Commentaires
X

Fly-out sidebar

This is an optional, fully widgetized sidebar. Show your latest posts, comments, etc. As is the rest of the menu, the sidebar too is fully color customizable.