News - 02.04.2023

Nabil Ammar: Le ministère des Affaires étrangères et son redéploiement

Nabil Ammar: Le ministère des Affaires étrangères et son redéploiement

Tensions avec Washington et Bruxelles, déclarations et répliques, alertes quant à des atteintes aux libertés et mise en garde contre une dégradation de la situation économique et en plus une forte crise migratoire. La Tunisie se débat pour se désengager de l’œil du cyclone. Sa diplomatie, revigorée par la nomination d’un nouveau ministre, Nabil Ammar, est sur tous les fronts. Rassurer les pays africains subsahariens quant aux mesures prises pour gérer les flux migratoires, recadrer les relations avec l’Union européenne et les Etats-Unis d’Amérique sur la base du respect mutuel et de la non-ingérence dans les affaires intérieures, et mobiliser le soutien financier nécessaire pour la relance économique: la tâche n’est guère aisée.

En deux mois depuis sa nomination, le 7 février dernier, à la tête du ministère des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, Nabil Ammar multiplie les déplacements à l’étranger (Addis-Abeba, Le Caire, Genève, Nouakchott…), les contacts avec des homologues et des chefs de postes diplomatiques accrédités à Tunis, les entretiens avec des visiteurs étrangers de haut rang et les interviews aux médias. Au cœur de son discours, revendiquer la souveraineté de la décision tunisienne et son indépendance, et faire valoir la nécessité du respect mutuel «et systématique». Il invite ses interlocuteurs à «mieux comprendre la situation en Tunisie, respecter les choix du peuple tunisien et lui faire confiance.» « La seule politique intelligente aujourd’hui pour tous les partenaires de la Tunisie, ajoute-t-il, est de l’accompagner dans son redressement économique en respectant la volonté de son peuple car une Tunisie stable et prospère est dans l’intérêt de tous les partenaires notre pays.»

Où en sont les relations avec l’Union européenne ? Et avec Washington? Comment mieux gérer la question migratoire ? Quels leviers activer pour sortir de l’œil du cyclone ? Mais aussi comment réchauffer les relations avec le Maroc ? Et à quand un nouvel ambassadeur de Tunisie à Damas ?

A toutes ces questions, le ministre Ammar apporte une réponse claire. Il s’est également s’exprimé sur le fonctionnement de son département et le nouvel élan qu’il compte lui imprimer. Sans omettre de souligner sa gratitude pour la confiance que le président de la République, Kaïs Saïed, a placée en lui pour diriger ce ministère, «un geste qui honore tous les diplomates.» Nabil Ammar affirme n’avoir été proche d’aucun parti, ni de personnalité politique, de tout temps et s’en déclare fier. «Cela veut dire que l’on peut tout à fait défendre les intérêts de son pays en dehors de tout esprit partisan», dit-il.

Interview.

Comment avez-vous retrouvé le ministère?

Je ne l’ai pas quitté, ayant été ambassadeur à Bruxelles ces deux dernières années. Le niveau et la qualité du travail doivent être absolument rehaussés au plus vite pour que le Département remplisse sa fonction normale. Le ministère regorge de compétences. Il faut les laisser s’exprimer, libérer leurs énergies, hisser chacun au maximum de ses compétences, décentraliser, revenir aux fondamentaux. Sous la direction du premier chef de la diplomatie qui est le président de la République, le Département remplit une fonction de conseil et de suivi, malgré des ressources humaines limitées en nombre. Il doit remplir sa mission cruciale pour le pays, dans les plus brefs délais.

J’ai replacé les collègues dans les positions qui doivent être les leurs et je les ai motivés par un discours objectif qui les valorise, éveille en chacun le sens de la responsabilité, et je leur prête écoute. Il faut de la réactivité, occuper le terrain, et restaurer une ambiance sereine où chacun a le sentiment que ses droits sont protégés.

Plus de place au copinage. C’est souvent dit, mais jamais appliqué. Je m’y suis toujours conformé, et ça a toujours marché.

Où en sont les nouvelles nominations?

Je suis expéditif et ne laisse rien traîner. Les nominations sont en cours. La procédure y afférente est bien avancée. Elles seront annoncées dans de très brefs délais. Pour la centrale, c’est déjà fait dans une large mesure.

Cela donnera à l’outil diplomatique ses moyens d’action normaux.

Comment le ministère contribuera-t-il à mieux gérer la question migratoire?

Un nouvel organigramme est en cours de finalisation pour regrouper davantage que par le passé la question de la migration au sein du Département, avec plus de centralisation. Il y a deux aspects à prendre en considération: l’immigration de l’extérieur en Tunisie et l’émigration tunisienne vers l’étranger.

Pour les Tunisiens à l’étranger, le ministère prendra sa part avec les autres ministères afin de valoriser au mieux ce qu’ils peuvent faire pour le pays, son image et son économie. Un Tunisien qui réussit à l’étranger est une fierté pour nous tous. Le lien très fort que les Tunisiens à l’étranger entretiennent avec le pays est une richesse à saluer et à valoriser. Nous donnerons toute son importance à l’intitulé complet du Département : ministère des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger.

Le ministère garde-t-il la main sur la coopération internationale?

Le dossier n’échappe pas au ministère des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger. Je suis toujours informé par la Cheffe du gouvernement et mes collègues. Le Département est associé pour mener à bien sa tâche diplomatique.

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