Energie: la Tunisie face aux changements climatiques
Que doit faire la Tunisie pour garantir sa sécurité énergétique et parer, avec le concert des nations, au réchauffement climatique ? L’Association Tunisienne pour les Nations Unies (ATNU) a pris l’initiative d’y consacrer un débat qui se tiendra lundi 13 juin 2022 à l’Université Centrale de Tunis. Coordonnée par Mme Faiza Kefi, ancienne ministre de l’Environnement, ce débat organisé dans la foulée de la célébration de la journée internationale de l’environnement et des journées nationales de la propreté, portera sur l’état des lieux et surtout sur les engagements internationaux de la Tunisie. Mme Leila Chikhaoui, ministre de l’Environnement est annoncée au programme.
Concept note
L’état de l’environnement en Tunisie se caractérise par des ressources naturelles, biotiques et abiotiques, très limitées en quantité et en qualité et par les nombreux impacts néfastes dus aux activités humaines qui font que la qualité de vie des Tunisiens s’altère et que la gestion durable de ces ressources ne soit plus possible en raison de l’état de leur dégradation atteint, qui parfois pose de sérieux problèmes de pouvoir de régénération.
La croissance économique a été réalisée au détriment d’une exploitation durable des ressources naturelles et de la qualité de vie. A titre d’exemple, en 2016, on estime que le coût de la dégradation environnementale est de l’ordre de 2,7% du PIB. Cette estimation est une estimation basse ne tenant pas compte de la totalité des externalités environnementales. L’empreinte écologique associée à la croissance économique tunisienne est excessive.
C’est ainsi que le pays se trouve confronté à des enjeux inédits et considérables pour trouver des solutions appropriées et alternatives pour un développement durable et protéger l’environnement tout en prenant en considération les aléas du changement climatique. Il n’empêche que certains de ces défis peuvent se révéler être d’excellentes opportunités pour le pays, pour peu qu’on puisse les anticiper et les maîtriser...
Le secteur de l’énergie est responsable de près de 60% des émissions brutes de gaz à effet de serre au niveau national, loin devant les secteurs : Agriculture, foresterie et autres affectations des terres (AFAT) 23%, procédés industriels 11% et déchets 6%.
En contrepartie, le renouvelable peine à trouver sa place dans le bilan énergétique national (1% à fin juin 2021). A titre d’illustration, à la fin de l’année 2020, sur 300 MW de capacités photovoltaïques approuvées en régime d’autorisation, seulement 1 MW a été jusque-là réalisé ! De nombreux blocages règlementaires et administratifs persistent. L’objectif 30% à 2030 du Plan Solaire Tunisien risque fort d’être compromis.
L’effort national en matière d’efficacité énergétique reste timide et en deçà du gisement réel malgré la réalisation de plusieurs projets de cogénération et d’autres mesures d’économie d’énergie, la plupart dans le secteur industriel. A titre d’exemple, pour le secteur industriel et sur la période 2010-2019, le cumul des économies d’énergie réalisées représente 10% de la consommation d’énergie finale de ce secteur, alors que le potentiel d’économie est estimé par l’ANME à plus de 30% à l’horizon 2030. En revanche, nous ne disposons pas de chiffres pour les économies d’énergies réalisées dans les secteurs transport et bâtiment, lesquels représentent ensemble 54% de la demande d’énergie finale. Là également, l’objectif 30% en 2030 risque d’être compromis, si une accélération n’est pas entamée rapidement.
L’absence de découvertes majeures dans le domaine des hydrocarbures et la diminution des activités de prospection durant la dernière décennie font que la Tunisie accuse un déficit énergétique chronique entrainant un accroissement de la dépendance énergétique estimée à 60% en 2020, responsable du tiers du déficit de la balance commerciale et de 10% du déficit budgétaire, avec des subventions énergétiques de l’ordre de 45% du budget total de compensation.
L’engagement de la Tunisie dans les accords internationaux sur le climat, notamment la ratification de l’accord de Paris en 2016, s’est accompagnée par l’engagement dans une Contribution Nationale Déterminée au Niveau National (CDN) et par la préparation d’une stratégie de développement à bas carbone à l’horizon 2050. Selon la CDN révisée en 2021, la Tunisie s’engage à réduire son intensité carbone de 45% à l’horizon 2030. Ceci impliquerait une multiplication de la part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie primaire par 12 et par voie de conséquence une réduction de l’intensité de l’énergie primaire de 3,6% par an d’ici 2030. La mise en œuvre de ces engagements internationaux ambitieux permettrait d’accélérer la transition énergétique.
Programme
9H-9H30 : accueil et enregistrement
9H30-10h15 : Séance d’ouverture
• M. Moncef Baati, Président de l’ATNU.
• M. Mehdi Soufraji, Doyen de l’Université Centrale de Tunis.
• Dr Malte Gaier, Représentant Résident de la KAS en Tunisie.
• M. Arnaud Peral, Coordonnateur Résident, Représentant du Secrétaire Général des Nations Unies en Tunisie.
• Mme Souad Abderrahime, Mairesse de la Commune de Tunis.
• Mme Laila Chikhaoui, ministre de l’Environnement.
10h15-11H15 : Séance 1 : Le secteur de l’énergie en Tunisie
• M. Belhassen Chiboub, Directeur Général de l’électricité et des énergies renouvelables, ministère de l’industrie, des mines et de l’énergie.
Les programmes d’intégration des énergies renouvelables en Tunisie.
• M. Mustapha Haddad; Expert et consultant international en énergie.
La sécurité énergétique en Tunisie.
Modération : M. Hatem Ben Guedim, Chef de cabinet, Municipalité de Tunis
• Q&R (15mn)
11H15-11H30 : pause-café
11H30-12H30 : Séance 2 : Changement climatique ; l’Accord de Paris
• M. Mohamed Zmerli; Directeur de l’unité de gestion par objectifs pour le changement climatique, Point Focal National de la UNFCCC, ministère de l’Environnement.
Les engagements de la Tunisie à travers la NDC (accord de Paris).
• M. Chokri Mezghani, Directeur Général, Point Focal national du GCF, ministère de l’Environnement.
Les mécanismes de la finance pour le climat.
• Modération : ATNU
• Q&R (15mn)
12h30-12h45 : Synthèse/Recommandations