News - 08.11.2010

Lettre d'Alger: Air Algérie échappe à la liste noire, la Loi 51/49 sur les IDE et … le mouton de l'Aïd

Alger – De l’envoyé spécial  de Leaders – Une heure de vol suffit pour vous emmener de Tunis à Alger découvrir un prolongement naturel de cet espace maghrébin qu’on aurait souhaité plus fluide et mieux communicatif. A quoi vibre l'Algérie? Pluies, menaces sur Algérie, l'investissement étranger en chute du fait de la loi 51/49, les 36 000 pèlerins, et le mouton de l'Aïd. Reportage.

Dimanche matin, des pluies torrentielles se sont abattues sur la capitale, provocant de réelles perturbations : circulation arrêtée dans plusieurs endroits, intervention des pompiers pour évacuer des familles inondées, et établissements d’enseignements inaccessibles. Mais, la pluie est toujours bien accueillie, surtout en ces temps de crise et lorsqu’on songe à une économie après-hydrocarbures.

Autre fait du jour, la menace exercée sur Air Algérie, pour de soi-disant impératifs de sécurité d’être mise sur la liste noire européenne et lui interdire ainsi l’accès aux aéroports d’Europe. Toute la presse y consacre une large place s’offusquant des pressions et manœuvres. Interrogé par le journal Liberté, le patron d’Air Algérie, Wahid Bouabdallah rappelle toute la série des contrôles antérieurs probants, indique qu’une audition était déjà prévue ce 10 novembre à Bruxelles. « Et enfin, dit-il, je rassure tout le monde, il n’existe aucun danger sur nos appareils. Il y a des lacunes certes, mais de là à discréditer Air Algérie et à mener une telle campagne, il y a de quoi s’interroger sur les arrière-pensées et non sur la véracité et la teneur de l’information en elle-même !»

Dans les milieux des affaires, on évoque surtout les conséquences de la loi 51/49 qui impose une participation algérienne majoritaire dans les entreprises conjointes, ce qui a fait chuter les IDE de 60%. « Le pays, en imposant la règle du 51/49 aux investisseurs étrangers, écrit notre confrère Mustapha Hammouche, s’est peut-être mis à l’abri des investissements spéculatifs et des transferts excessifs, mais il s’est aussi interdit l’entrée de capitaux extérieurs et aussi l’apport de technologies qui leur sont souvent concomitantes. La fermeture aux capitaux, qui déjà ne se bousculaient pas à nos frontières, encourage l’inertie en matière de gouvernance : la pression pour réduire l’obstacle bureaucratique ou pour réformer l’activité bancaire s’en trouve fortement réduite. Par le même train de décisions, le financement de l’exploitation des entreprises locales s’en trouve renchéri et les prix à la consommation augmentés. En gros, tout en aggravant le mouvement inflationniste, qui, bien sûr, doit avoir d’autres causes encore, la nouvelle politique compromet un développement déjà contrarié, même si les frontières sont désormais moins permissives aux flux de monnaies. Les frontières institutionnelles bien sûr, parce que les frontières physiques ont du mal à contenir les assauts de contrebande en tous genres.»

La tête dans le ciel, la main dans la poche, mais le cœur des algériens vibre pour la fête de l’Aïd qui s’annonce et quand on parle Aïd Kebir, on pense surtout au pèlerinage. Les discussions en familles évoquent inéluctablement les nouvelles des 36000 pèlerins partis à la Mecque. Un accident de la circulation survenu entre Médine et la Mecque a fait 10 blessés parmi les Hajs Algériens, ce weekend. Une cinquantaine de malades, notamment très âgés ou souffrant de longues maladies ont, par ailleurs été hospitalisés en Arabie Saoudite ce qui incite l’Office Algérien du pèlerinage à envisager leur rapatriement.

Quant au fameux mouton de l’Aïd, qui est le vrai sujet de tous, la flambée vertigineuse de ses prix revient sur toutes les lèvres. La fourchette se situe entre 450 et 600 dinars tunisiens, ce qui est pénalisant pour les familles. Les éleveurs n’en tirent pas grand bénéfice en raison de la hausse des aliments pour bétail. Mais, quel qu’en soit le prix, l’Algérien n’est pas prêt à sacrifier son… sacrifice.

D'ores et déjà, Aïd Mabrouk, d’Algérie.