Des tunisiennes inspirantes qui comptent dans l’Intelligence Artificielle (l’IA) prennent la parole
Par Dr. Sami Ayari - Ces deux dernières années, plus particulièrement, nous observons une explosion dans le nombre d’articles et d’ouvrages sur l’Intelligence Artificielle (IA) et son pouvoir de disruption.
Tous les domaines presque de l’économie sont couverts : l’IA pour les architectes, l’IA en Ophtalmologie, l’IA dans les soins de santé et en imagerie médicale, l’IA dans la protection des systèmes de transmission et de distribution électriques, l’IA en agriculture, l'IA dans l'industrie 4.0 et en robotique, l’IA en finance, l’IA dans l'industrie pétrolière, etc.
C’est un indicateur pertinent et un signe qui ne trompent pas et affirment que l'intelligence artificielle (IA) est en train, d’une part, de transformer notre monde de manière profonde, c’est-à-dire notre économie et nos sociétés et mêmes les individus et d’autre part, permet de créer un environnement de valeurs s’illustrant par les progrès impressionnants dans plusieurs domaines.
L’IA va bouleverser la vie personnelle et professionnelle de chacun de nous. Toutes les prévisions et projections au cours des prochaines décennies, annoncent un bouleversement complet dans le secteur de l’emploi ce qui pourrait engendrer à la fois la suppression ou la création de dizaines de millions d'emplois.
Des questions spontanées arrivent à l'esprit :
• Comment l'IA pourrait-elle accélérer ou ralentir l'évolution de carrière des femmes ?
• Ces technologies peuvent-elles casser ce fameux plafond de verre ?
Les premiers signes sont préoccupants : Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit que 11% des emplois actuellement occupés par des femmes risquent d'être supprimés en raison de l'IA et d'autres technologies numériques, selon le FMI, les femmes sont plus vulnérables aux pertes d'emploi dues à l'IA, la reconversion sera cruciale pour prévenir la perte d'emploi.[1]
Les femmes peuvent passer à côté des avantages de l'IA et de la révolution digitale, car elles sont généralement sous-représentées dans les emplois qui nécessitent une formation en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques, y compris les emplois en IA elle-même.
Ce problème peut se transformer en aubaine et une opportunité en Tunisie car selon le ministère de l'enseignement et la recherche scientifique (Mme Samia Charfi-Kaddour directrice de la recherche scientifique (2017) : jusqu'à 7 diplômés universitaires sur 10 sont de la gent féminine. Cette tendance est confirmée à travers les différents niveaux de l'enseignement supérieur où 68% des étudiants en mastère et 67% des doctorants sont des femmes[2]
Mieux encore, les branches dites STEM désignant les Sciences, les Technologies, l'Ingénierie et les Mathématiques sont à 58% occupées par nos concitoyennes et 55 % dans le domaine de la recherche scientifique selon (UNESCO)[3].
En faisant un zoom toujours et en s’appuyant sur la même source de l’UNESCO 2018, la proportion de femmes diplômées du supérieur par domaine (en %) Agriculture : 73,9 Ingénierie : 44,2 Santé et services sociaux : 75,3 Sciences naturelles : 77,2 et TIC : 55,6 (UNESCO)[3].
Actuellement, à l'échelle mondiale, les femmes sont minoritaires dans l’IA, 12 à 22 % des professionnels de l'IA sont des femmes, selon une étude menée sur les écarts entre les sexes par le Forum économique mondial en collaboration avec LinkedIn.
En Tunisie, si on prend comme hypothèse ces statistiques mondiales, un couplage ou un mariage entre les compétences STEM et les compétences DATA et IA peut certainement être la solution pour le chômage des femmes aujourd'hui et demain.
De nombreuses femmes sont déjà expertes dans ces domaines. La reconversion et le perfectionnement peuvent donc renverser la vapeur et offrir des opportunités importantes aux femmes.
« L’IA alimente les algorithmes avec des données pour développer de nouvelles tâches et générer des résultats intelligents. La diversité des genres dans le développement de l'IA est cruciale pour fournir des produits de valeur tout en préservant l’équité des résultats » affirme Mme Rim Zitouni Faiz Professeure à l’IHEC Carthage.
Le secteur de l’IA progresse à un rythme très soutenu, à l'échelle mondiale, Selon le Forum économique mondial, le nombre de travailleurs possédant des compétences dans ce domaine a augmenté de 190 %, qui a constaté en plus que « les secteurs dont la main-d’œuvre est davantage dotée de compétences en IA sont également ceux qui évoluent le plus rapidement ».
La double compétence STEM/IA peut être participer à l'égalité salariale entre les hommes et les femmes ainsi que la haute expertise pure en IA en Tunisie.
Citant l'exemple des États-Unis, les experts de l’IA sont mieux payés que ceux de n’importe quel autre domaine technologique. D’après le Bureau des statistiques du travail et le Bureau du recensement des États-Unis, c’est dans l’informatique que l’écart de salaire entre les hommes et les femmes est l’un des plus minimes dans ce pays, puisque les femmes gagnent 94 % du salaire de leurs collègues masculins[4].
Le gouvernement en Tunisie doit adopter une approche réfléchie, mettre en œuvre une stratégie pragmatique, et investir dans la formation des femmes à travers des programmes gouvernementaux, via des subventions aux écoles, universités privées reconnues dans le domaine ou bien tripartite avec des entreprises privées avec des campagnes de recrutement à la clé.
Tout le monde est bien conscient que le Reskilling pour la nouvelle génération d'emplois nécessiterait un investissement important, les femmes doivent saisir ces opportunités pour développer les compétences nécessaires pour les emplois et les carrières de l'avenir.
L'IA a le potentiel d'atténuer le chômage des femmes (STEM) en Tunisie dans le cadre de ces programmes gouvernementaux ou bien dans le cadre du partenariat public-privé.
Elle a potentiellement la capacité de réduire les écarts de genre et de leadership au sein de ces entreprises en supprimant les préjugés dans les décisions de recrutement, d'évaluation et de promotion.
L'IA est prometteuse, car elle pourrait apporter des solutions pour améliorer la rétention et l'avancement des cadres et des compétences. Il ne suffit pas d'embaucher plus de femmes pour combler le manque de leadership : les entreprises doivent également s'efforcer de les retenir et de les promouvoir.
Tout le monde, organisations internationales : UNESCO, OIT, FMI, BM, .etc. les ONG « Women in AI » , convergent et s'accordent sur le fait que les promesses dépasseront les périls dans la prochaine révolution de l'IA.
En Tunisie, nous devons transformer cette crise et ce blocage économique avec des dizaines de milliers de chômeurs diplômés, en allant tout de suite dans les nouvelles technologies, et notamment la Data et l'IA, il faut mettre en avant la femme car elle a montré en Tunisie et à l'étranger toute sa capacité à maîtriser ces technologies, à innover et à les appliquer dans différents domaines.
Les solutions sont connues, nous attendons tous une fracture, une volonté réelle et sincère de changement au niveau de la réglementation et des mentalités en général.
Nous sommes persuadés que la femme en Tunisie peut être la panacée et une partie de la solution pour rattraper le train de la technologie et sortir de ce marasme économique et sociétal que nous vivons.
L’IA ne doit pas laisser les femmes en Tunisie à côté de la route, nos efforts et nos actions doivent être rapides et proactifs, et nous disons aux femmes, laissez votre passion, et non votre salaire, guider votre choix, postulez pour l'emploi de vos rêves, même si vous ne possédez pas les qualifications requises. Et faites preuve de confiance en vos compétences, surtout rendez-vous irremplaçable en les améliorant constamment.
« Les femmes, y compris les femmes tunisiennes, ont joué et continueront de jouer un rôle essentiel dans la construction de la prochaine génération de systèmes d’IA équitables et dans la formation d'esprits divers et curieux dans ce domaine important. » confirme Mme Olfa Nasraoui Professeure à l’université Louisville USA
Nous proposons, quelques mesures qui pourraient dynamiser l'employabilité dans ce domaine et celle des femmes:
• Imposer la construction d'un DataLab pour les entreprises à partir d’une certaine taille en respectant la parité.
• Exonération fiscale pour les entreprises qui font appel aux services des startups dans ces technologies
• Imposer un quota de stagiaires dans ces technologies et en plus de femmes.
• Encourager les entreprises à promouvoir les reskilling, upskilling en interne dans les technologies Data et AI
Le Tunisian Women and Data + AI Summit 2022 avec toutes ces femmes exceptionnelles dans la recherche et l'enseignement ou bien dans l'entreprise vont donner la voie à nos jeunes femmes et leur expliquer les enjeux.
Elles vont répondre à plusieurs questions :
• Comment les femmes peuvent définir l'avenir de l'IA ?
• Quels conseils pour les femmes qui souhaitent travailler dans l'IA ?
• Quelles sont les applications de l'IA ?
• Comment adapter l'IA à notre contexte et nos besoins économiques ?
• Les enjeux au niveau de l'éthique, l'éducation des enfants en général, en relation surtout avec notre culture ?
• Quelles formations ? Comment créer ce partenariat PP ?
• Comment transformer les technologies de la data et l'IA en catalyseurs pour notre économie
• La Tunisie peut-elle être un HUB éducatif pour l’Afrique dans ces technologies ?
• Comment peut-on développer le nearshore dans ces technologies ?
A l'instar des Tunisian Finance Days, nous organiserons une session débat sur la femme punique, romaine, berbère et médiévale avec comme panel:
Notre grande historienne, archéologue et épigraphe, écrivaine et poète tunisienne. Leila Ladjimi Sebai, Elle est spécialiste de l'histoire des femmes de l'époque romaine en Afrique du Nord et de l'histoire de Carthage.
Et Mansour Ghaki est un archéologue, linguiste, spécialiste de la période libyco-punique, ancien institut du Patrimoine Tunis et Institut Orientale de Naples.
La modératrice : la Professeure émérite à l'université de Tunis, une universitaire et historienne tunisienne, spécialiste du Moyen Âge Mounira Chapoutot-Remadi.
Nous allons à travers cette session, rendre un hommage à la femme historienne tunisienne.
Quand aura lieu l’événement ? quel est le programme ? Comment peut-on participer et quel public est concerné ?
Le Tunisian Women and Data + AI Summit : dans sa première édition 2022 est une conférence hybride à partir de Tunis.
Il aura lieu les journées du 27, 28 et 29 Janvier 2022 entre 13 et 20h.
L’ouverture sera assurée par Mme Gabriela Ramos (sous-directrice générale pour les Sciences Sociales et Humaines de l'UNESCO).
Il y aura 15 interventions entre 30 min et une heure chacune.
Pr. Olfa Nasraoui (Professor, endowed Chair, Univ. of Louisville, Tech. Mentor/Proj. Lead at Data Science for Social Good Fellowship University of Louisville USA)
Pr. Rim Zitouni Faiz (Full Professor at IHEC Carthage, PhD in AI / NLP Tunisia)
Dr. Kaouther Boussema (Director of the Big Data AI Master at Dauphine Tunis Tunisia)
Pr. Nahla ben Amor (Full Professor at ISG Tunis, Tunisia)
Dr. Sondess Missaoui (Research Associate in AI at University of York, UK)
Dr. Mouchira Labidi (Freelance AI expert, France)
Dr. Houda bakir (Founder/ceo Historiar, Tunisia)
Dr. Saoussen Ayari (CEO at AI diagnosis vision, Tunisia)
Selsabil Gaied (AI and Data Senior Manager -Head of Data Science and AI at Scale @IBM interactive France)
Neila Benzina (Founding Partner chez WIMBEE /Co founder Holberton School, Tunisie, France)
Dr. Amel Mhamdi (Advisor & Associate Professor of Data Science at aivancity France)
Amira Cheniour (Agripreneur 5.0 , Co-founder & CEO at Seabex France)
Dr. Lobna Karoui (Data & AI Strategist, Seattle USA)
Dr. Asma Ben Abacha (Staff scientist at the Lister Hill Center, U.S. (NLM), (NIH). USA).
Dr. Rahma Beaugrand (Head of Customer Advisory (Presales, BA, EA innovation Lab SAP) UAE and Oman)
Dr. Ines Alaya (Associate Professor of Computer Sciences at National school of Computer Sciences ENSI, Tunisia
Le public concerné:
Tou(te)s les intervenant(e)s dans la DATA, IA, Finance, digitalisation, Agriculture, Médecine, biologie, etc.…
Pour participer et avoir plus d'informations, ci-dessous le lien de la page de l’événement linkedin:
https://www.linkedin.com/events/tunisianwomenanddata-aisummit206874697856612089857/
Cette conférence est organisée par l’association tunisienne basée en France : Re*connectt, qui a pour objectifs :
• De Contribuer à réduire la fracture digitale Nord-Sud
• De promouvoir les femmes en technologie dans les pays sud-méditerranéens : IA, Fintech, IT, les technologies quantiques, Industrie 4.0, Digitalisation, les technologies vertes…
• De valoriser les Chercheurs, les universitaires, les leaders et les talents dans les pays sud-méditerranéens
• De promouvoir un dialogue et un partenariat Nord-Sud dans les nouvelles technologies
• De promouvoir un dialogue et un partenariat Sud-Sud dans les nouvelles technologies.
Dr. Sami Ayari
Fondateur et Président de Re*connectt
Expert en organisation IT et Data Transformation chez BNP PARIBAS France
[1] https://blogs.imf.org/2018/11/16/women-technology-and-the-future-of-work/
[2] « Stepping Up Women’s STEM Careers in Infrastructure» World Bank 2020
[3] « Pour être intelligente, la révolution numérique devra être inclusive » a été publié le 11 février 2021 à l’occasion de la Journée internationale des femmes et des filles de science
[4] https://fr.unesco.org/news/femmes-sont-minoritaires-domaines-lindustrie-40
https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000375429_fre