Leaders Novembre 2021: Silence, on gouverne
Les journalistes ne savent plus à quel saint se vouer. Ils sont sevrés d'informations depuis des mois alors que le pays bruit des rumeurs les plus contradictoires. De guerre lasse, ils en sont réduits aux vieilles recettes: prêcher le faux pour savoir le vrai,glaner les informations recueillies sur facebook dont on connait le déficit de crédébilite. "Silence, on gouverne' titre Leaders dans le numéro de novembre qui vient de paraître. Non sans amertume, la revue constate: "La consigne est ferme. Carthage aurait intimé au nouveau gouvernement de s'imposer un silence médiatique absolu pour se consacrer au travail de fond. Pas de déclaration à la presse, pas d'entretien avec les journalistes même en off, pas de fuites. Cette rétention de l'information n'est pas encore de la censure, le régime s'étant toujours gardé d'attenter aux libertés puubliques y compris la liberté de la presse mais la moitié du chemin pour y arriver est allègrement parcourue.
C'est peu dire, qu'il s'agit d'une démarche contre-productive. On aurait voulu inonder le pays de fake news, on ne s'y serait pas pris autrement.
En abordant ce sujet, Leaders met le doigt sur un problème réel: le droit à l'infirmation en Tunisie. Cette démarche fait assurément le lit d'un régime autocratique. L'ancien président égyptien Nasser avait pris l'habitude de se se lever très tôt pour contrôler les journaux avant leur diffusion. Il y consacrait des heures pour supprimer les mauvaises nouvelles pour "ne pas effrayer ses compatriotes" disait-il. Le même souci qui doit animer nos dirigeants s'agissant des problèmes économiques.
On a critiqué, à juste raison, la part congrue qui leur sont réservées avant de finir par s'imposer en priorité absolue. Il était temps. Les caisses sont vides, le spectre d'une crise économique majeure se profile à l'horizon, le risque social se fait menaçant. Pour Taoufik Habaieb, le gouvernement est au pied du mur, il ne peut plus différer les réformes.
Dans la grisaille des mauvaises nouvelles dans ce secteur, Leaders nous annonce lancement du premier véhicule militaire tunisien. Conçu dans les ateliers du ministère de la défense, il inaugure toute une série de véhicules d'un taux de 60% d'intégration et d'un coùt réduit (-20%). Il porte le nom de barbe qui s'apparente à celui du cheval tunisien. Encore une fois, l'institution militaire s'illustre par singularité. D'autres articles retiendront certainement l'attention des lecteurs.
Sommaire
Editorial
• Tant que c’est encore jouable !
Par Taoufik Habaieb
En couverture
• Silence, on gouverne !
• Composition du gouvernement
• Le temps des quickwins est révolu, nous sommes désormais «dans le dur»
Par Elyès Jouini
Opinion
• Le retour à un régime autocratique est-il envisageable ?
Par Riadh Zghal
Success Story
• Pr Hatem Kallel: l’illustre médecin tunisien qui combat le Covid en Guyane
Tribune
• De l’islamophobie ou l’échec de Vatican II
Par Abdelaziz Kacem
International
• Conférence de soutien à la stabilité de la Libye. Quelques lueurs d’espoir de lendemains meilleurs
Par Mohamed Ibrahim Hsairi
• Comment gérer le retour des femmes maghrébines des zones de tension ?
Société
• Une flotte ottomane à Toulon au XVIe siècle
Par Mohamed El Aziz Ben Achour
• Les faux-semblants du Principat
Par Ammar Mahjoubi
• Les mémoires de Habib Essid : révélations édifiantes d’un intense combat
• Quatrains en déshérence : de Abdelaziz Kacem
• Faouzia Charfi : l’islam et la science. En finir avec les compromis
• Hakim Ben Hammouda : Il n’y a pas de globalisation heureuse
• Slim Gomri : vie de pêcheurs
• Abdelmajid Chaker : un illustre disciple de Bourguiba
• Abdelbaki Hermassi : le sociologue rattrapé par la politique et la diplomatie
Billet
• Les questions qui fâchent : prix, salaires et pouvoir d’achat
Par Habib Touhami