Tunisie : La lutte contre la corruption doit être la priorité de toutes les priorités
Par Ezzeddine Ben Hamida - Un contexte politique stable et démocratique crée un climat de confiance indispensable à la croissance. Le graphique ci-dessous met en évidence la corrélation entre la maîtrise de la corruption et le niveau du PIB : Plus la première est maîtrisée et plus le second s’accroît. La lutte contre la corruption et le clientélisme réduit l’incertitude et la défiance des investisseurs.
PIB par habitant et maîtrise de la corruption en 2013
Source : Banque mondiale 2015
Note de lecture
• Sur ce graphique chaque point représente un pays.
• L’indicateur de maîtrise de la corruption mesure la capacité d’un pays à contrôler la corruption des pouvoirs publics. Sur une échelle de -2,5 à 2,5, plus l’indicateur est élevé, plus la corruption est maîtrisée.
• Si la corrélation entre PIB par habitant et l’indicateur de maîtrise de la corruption était parfaite, alors tous les points se situeraient sur la droite représentée sur le graphique
1/ le rôle des institutions
Les institutions désignent l’ensemble des règles formelles et informelles qui régissent les rapports sociaux de production et les organisations chargées de les faire respecter.
Des institutions fiables, assurant une bonne gouvernance efficace et juste, permettent bien évidemment le développement des activités économiques, donc de la croissance et du développement. Ainsi, la monnaie et sa stabilité sont une institution nécessaire pour le développement des échanges et un atout pour séduire les investissements étrangers. Ou encore, l’existence de droits de propriété et de tribunaux chargés de les faire respecter garantit aux entrepreneurs la protection de leurs brevets et innovations ainsi que de pouvoir conserver les profits qu’ils tirent de leurs activités, ce qui les incitent à investir et à créer davantage de richesses. Ces institutions constituent donc un cadre juridique indispensable, favorable, propice, pour la croissance.
2/ Avec Ennahdha au pouvoir, la corruption s’est hélas répandue comme une traînée de poudre
La dictature de BEN ALI est entrée en crise lorsque la situation économique et sociale a commencé à se dégrader dès 2007, une dégradation largement imputable à la nature et au choix du régime : celui d’un modèle économique extraverti avec faible valeur ajoutée très sensible à la conjoncture internationale et régionale (régime des entreprises off-shore, tourisme, …), mais aussi, et surtout, celui d’un modèle politique autoritaire et prédateur, sur fond de népotisme, commettant des violations graves et répétées des droits de l’hommes.
Après la fuite de Ben Ali, en janvier 2011, les élections d’octobre de la même année avaient permis au mouvement de Rached Ghannouchi d’accéder au pouvoir. Un pouvoir que le mpuvement Ennahdha a su préserver lors des élections de 2014 et 2019 au prix d’alliances le plus souvent d’ailleurs avec ses pires adversaires: Nidaa Tounes et Kaleb Tounes. Au diable donc les principes et les promesses de campagne électorale : après tout, les promesses n’engagent que les personnes qui les écoutent!
Résultat : de 2011 à 2021 la situation s’est encore détériorée. Fuyant le chômage et la misère sociale des dizaines de milliers de jeunes ont quitté le pays, pour l’essentiel clandestinement. Au lieu d’apporter une alternative au modèle économique et au népotisme politique de Ben Ali, Ennahdha n’a fait, en fait, que surfer dessus. La corruption aujourd’hui en Tunisie s’est hélas confortablement installée. Il est temps donc de mettre fin à cette gangrène.
Ezzeddine Ben Hamida