Palestine-Israel: Un ennemi âgé de onze ans
Par Mohamed Larbi Bouguerra - Les Etats Unis viennent de doter d’un milliard de dollars le Dôme de Fer (Système de défense aérienne mobile) d’Israël. De plus, ce pays possède la bombe atomique -mais le nie- et son armée est la quatrième plus puissante du monde.
Selon le quotidien israélien Haaretz, ce formidable arsenal a permis un exploit sans pareil jeudi 23 septembre 2021: l’arrestation d’un redoutable ennemi, un garçon palestinien de onze ans. «Ce garçon a été arrêté parce que Palestinien avec des idées plein la tête. S'il n'avait pas été arrêté alors qu’il se rendait à l'épicerie du coin à Hébron, il aurait probablement grandi pour devenir un personnage orgueilleux et provocateur, qui refuse de courber la tête devant son maître juif» affirme Rogel Alpher (Haaretz, 27 septembre 2021). «Ce fait d’arme a été réalisé par l’armée israélienne aux termes d’une opération qui a bénéficié de renseignements précis fournis par le Shin Bet (espionnage intérieur) en temps réel, d’informations en provenance des drones de l’Armée de l’Air et des courageuses forces déployées sur le terrain dans le secteur. Ensemble, ces forces ont démontré leur aptitude au combat…..en s'engageant avec courage et détermination face à l'ennemi, conformément à la tradition de combat que leurs commandants leur ont léguée.
Cette opération tactique, stratégique, nationaliste et sioniste a été montée pour attraper ce garçon pendant qu'il est encore jeune et le décourager à jamais. Ainsi, il ne pourra plus du tout se rendre dans une épicerie d'Hébron la tête haute. Il sera toujours déprimé et humilié….
Les images partagées jeudi sur les médias sociaux montrent l'ennemi en train d'être arrêté par quatre soldats, armés et bardés d'équipements de protection de la tête aux pieds.
On voit quatre soldats, chacun faisant deux fois la taille de l'ennemi palestinien de 11 ans. Un bon rapport de forces en effet qui envoie un message : les mains de nos soldats ne sont pas liées. Nous leur permettons de l'emporter. Et la bonne nouvelle : Ils ont gagné. Les images montrent clairement que le garçon de 11 ans a compris la leçon et qu’il est complètement effondré. Pendant 11 ans, il a grandi en force, sans entrave : Il mangeait, grandissait, se développait. C'était une fête non-stop, tout comme la vie des prisonniers de sécurité palestiniens qui sont incarcérés en Israël. Il allait à l'école, jouait avec ses amis. Mais Tsahal, avec l'aide de Dieu, a mis fin à cette fête…. L'ennemi a été annihilé. Tsahal a porté un coup féroce à l'ennemi.
Un soldat a étranglé…. le cou du garçon, tandis que ses trois camarades s'assuraient qu’il ne résistait pas. Il a été détenu pendant trois heures au poste de contrôle militaire voisin avant d'être libéré par le bureau de coordination et de liaison du district de Tsahal.
Une question doit cependant être posée : Pourquoi ne lui ont-ils pas mis une balle dans la tête ? Pourquoi est-il encore en vie ? C'est l'ennemi, après tout, et il doit payer de sa vie. Il existe…une réponse raisonnée à cette question, tirée des enseignements de la guerre psychologique. Cela aussi a joué un rôle dans cette opération audacieuse, intelligente et inspirante, qui, à notre grande joie, rappelle le raid de 1976 sur Entebbe*».
Pour Rogel Alpher, le journaliste de Haaretz, l’arrestation de cet enfant serait une façon de répondre aux critiques acerbes de «l’Escouade**» de soutien de la cause palestinienne à la Chambre américaine des Représentants. Il écrit : « Tsahal peut faire ce qu’il veut avec l’aide militaire accordée à Israël et payée avec les impôts de ses concitoyens.»
Mais, dans le même journal, Noa Landau, soulignant que, lors de la 76ème Assemblée Générale de l’ONU, le Premier Ministre israélien*** n’a pas prononcé du tout le mot «Palestinien», avertit: «Le soutien généralisé et automatique de l'Amérique à Israël, et notamment l'aide militaire qu'elle lui apporte, n'est plus depuis longtemps un sujet de discussion tabou à Washington en général et à la Chambre des représentants en particulier. De nombreuses propositions y circulent depuis longtemps, qui visent à garantir que l'argent des contribuables américains aura un prix diplomatique, ou sera au moins accompagné d'un contrôle visant à prévenir les violations des droits de l'homme….De nombreux membres du parti démocrate, avec le soutien de leur base, en ont assez de donner carte blanche à Israël pour poursuivre sa domination militaire sur les Palestiniens et son refus de la paix. Et plus le problème est balayé sous le tapis, plus cette pression risque de s'accentuer, avec ou sans l’«Escouade**». (Haaretz, 30 septembre 2021).
Pourtant, Joe Biden ne laisse aucun espoir aux Palestiniens : parlant de la solution à deux Etats à l’ONU- «la meilleure»- il déclare : «Nous sommes actuellement loin de cet objectif, mais nous ne devons jamais renoncer à croire qu’un progrès est possible.»
La résistance à l’occupation et à l’apartheid des Palestiniens jointe à l’action de la frange la plus résolue – imbue de justice- du Parti démocrate et aux actions qui se développent au sein des universités américaines l’obligeront peut-être à abandonner un discours aussi trumpiste.
Mais l’espoir subsiste malgré tout, M. Biden. Ainsi, lundi 27 septembre 2021, la conférence annuelle du Parti travailliste britannique (Labour Party) a voté, à une très large majorité, une motion «historique»- la plus progressiste dans les annales des partis du Royaume Uni- condamnant la politique d’apartheid de l’Etat israélien et l’occupation. La motion demande des sanctions contre Israël et la fin des ventes d’armes à ce pays. Enfin, elle affirme le droit au retour des réfugiés palestiniens expulsés en 1948 et au-delà.
Mohamed Larbi Bouguerra
* Raid de l’armée israélienne pour libérer les passagers d’un avion d’Air France détourné par la résistance palestinienne vers l’Ouganda et au cours duquel le frère de Netanyahou a été tué.
** Cette «Escouade» comprend les représentantes démocrates Alexandria Ocasio-Cortez (alias AOC), Rashida Tlaib et Ilhan Omar.
*** Son discours a porté sur la menace que représente l’Iran. Bennett a affirmé qu’Israël «n’allait pas permettre» à l’Iran de se doter de l’arme atomique. Un vocabulaire martial et menaçant de la part d’un pays qui possède la bombe A sans le reconnaître officiellement et n’est donc pas soumis aux inspections de l’Agence Internationale de l’énergie atomique de Vienne contrairement à l’Iran.