News - 07.09.2021

Politique, économique, sociale et scolaire: Une rentrée tunisienne en temps d’exception

Politique, économique, sociale et scolaire: Une rentrée en temps d’exception

Jamais dans l’histoire contemporaine de la Tunisie une rentrée automnale, après la trêve de l’été, ne s’est déroulée dans pareil contexte: sous état d’exception. Parlement suspendu, gouvernement limogé, pouvoirs concentrés entre les mains du président de la République et guerre féroce contre la malversation, les abus et l’impunité: tout un système est mis en déconstruction. Déterminé à assumer jusqu’au bout ce qu’il considère comme sa mission de justicier, Kaïs Saïed ne compte pas s’arrêter aux premières mesures qu’il a prises. Plus rien ne le retient dans ce qu’il estime «salutaire», ne s’embarrassant d’aucun formalisme, se prévalant de la primauté de la loi et de sa stricte application à tous.

Assignation à résidence surveillée, interdiction de voyage à l’étranger, descente dans des chambres frigorifiques et des dépôts de matériaux de construction, limogeage de membres du gouvernement, d’un ambassadeur et de gouverneurs, vaste mouvement à la tête des services sécuritaires et instructions pour la baisse des prix et des taux d’intérêt bancaires : chaque jour apporte, depuis le 25 juillet dernier, son lot de décisions fracassantes qui tiennent les Tunisiens en haleine.

Des voix s’élèvent avec persistance pour réclamer le respect des libertés individuelles et publiques, mettre en garde contre l’abus de pouvoir et exiger la fin de l’état d’exception. La majorité du peuple, cependant, témoigne de son soutien à Kaïs Saïed, selon différents sondages d’opinion. De nombreux Tunisiens voient en lui le «sauveur de l’hégémonie d’une classe politique corrompue et pourrie», «le président intègre qui rétablit la justice et traque la malversation», «l’homme sincère qui tient ses promesses», ou encore «le chef providentiel qui apportera les solutions tant attendues par le pays.»

Tout et tout de suite

Le capital-confiance placé en Kaïs Saïed est à l’ampleur des attentes des Tunisiens. Ils lui demandent tout, tout de suite, de droit, et sans effort, ni sacrifice. Pourtant, la réalité risque d’être différente. L’exigence du peuple n’est guère aisée à satisfaire, l’urgence de la situation ne correspond pas à celle des moyens, les écueils risquent d’être nombreux, compliqués et longs à surmonter.

Comment Kaïs Saïed pourrait-il concilier la satisfaction immédiate des besoins urgents réclamés par les Tunisiens et les ressources budgétaires qu’il devrait mobiliser? Comment, aussi, parviendra-t-il à changer l’architecture des institutions et le remodelage du système politique tout en s’assurant d’une large adhésion à son projet ? Et à quelles conditions réussira-t-il à désamorcer la résistance des partis politiques, des organisations nationales et des composantes de la société civile et remettre en marche le processus démocratique ? Sans oublier le contexte géopolitique dont il doit faire un allié.

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