News - 21.10.2010

Fifa: ne tirez pas sur Slim Aloulou

Evidemment, il ne s’agit que de simples présomptions, non étayées par la moindre preuve, mais la clarification est de rigueur. Slim Aloulou, ancien président de la Fédération Tunisienne de Football et haut dirigeant de la FIFA, fait  actuellement l’objet, avec d’autres officiels internationaux, d’une procédure d’enquête diligentée par la Commission d’Ethique, et liée à la procédure de candidature à l’organisation des Coupes du Monde de la FIFA 2018 et 2022. A titre prudentiel, l’enquête est suivie d’une suspension provisoire des activités footballistiques. Bien qu’il ne soit en rien mêlé aux questions concernées par l’enquête, il est tenu de se soumettre à la procédure prudentielle.

Deux grandes précisions sont importantes :

  1. La première est que M. Aloulou, après avoir longtemps exercé son mandat électif de membre du comité exécutif, ne fait plus partie de cette haute instance. De ce fait, il ne détient aucun droit de vote. En juriste chevronné, encore plus spécialiste de la réglementation footballistique, il a été choisi pour présider la Chambre de résolution des conflits, qui est le tribunal de la FIFA.
  2. La deuxième, c’est qu’il n’a jamais été associé, en tant que président de Chambre ou n’importe quel autre statut, ni de près, ni de loin, à la procédure de sélection de la ville candidate à l’organisation de la Coupe du monde ou d’une autre manifestation de la FIFA.

Interrogé par Leaders, M. Slim Aloulou, s’est limité à nous rappeler, effectivement, qu’il n’est plus membre de l’exécutif de la FIFA depuis plus de 6 ans et que, n’étant plus de ce fait un membre votant, il ne peut en aucun cas être concerné par l’affaire de «vente de voix» en cours. Il s’est abstenu de faire plus de commentaire, par obligation de réserve, tant que l’enquête se poursuit.

De quoi s’agit alors ? Deux catégories de dirigeants de la FIFA sont concernées par la procédure :

  • des membres du Comité Exécutif de la FIFA: Amos Adamu et Reynald Temarii
  • quatre officiels, non-membres actuels du Comité Exécutif : Slim Aloulou, Amadou Diakite, Ahongalu Fusimalohi et Ismael Bhamjee

La Commission d’Éthique de la FIFA, sous la présidence de Claudio Sulser, a décidé mercredi 20 octobre 2010, selon un communiqué publié à Zurich, de suspendre provisoirement, avec effet immédiat, les membres du Comité Exécutif de la FIFA,  Amos Adamu et Reynald Temarii de toute activité relative au football (sur le plan administratif, sportif ou autre), après avoir examiné leur cas eu égard à la procédure de candidature à l’organisation des Coupes du Monde de la FIFA 2018 et 2022. Après avoir entendu Amos Adamu et Reynald Temarii, la Commission d’Éthique a considéré qu’une suspension provisoire était requise pendant la poursuite de l’enquête, prenant en compte la gravité de l’affaire ainsi que la possibilité qu’une violation des Statuts de la FIFA, du Code d’éthique de la FIFA et du Code disciplinaire de la FIFA ait pu être commise.

Quant aux quatre officiels (Slim Aloulou, Amadou Diakite, Ahongalu Fusimalohi et Ismael Bhamjee), la commission a également examiné leur cas en ce qui concerne de prétendues violations des Statuts de la FIFA, du Code d’éthique de la FIFA et du Code disciplinaire de la FIFA liées à la procédure de candidature à l’organisation des Coupes du Monde de la FIFA 2018 et 2022. La commission a également décidé de suspendre provisoirement ces quatre officiels de toute activité relative au football.

L’action avait été déclenchée le 18 octobre 2010, lorsque la FIFA a demandé à la Commission d’Éthique de mener une enquête indépendante et approfondie sur cette affaire. La commission se réunira à nouveau à la mi-novembre 2010 afin de prendre une décision finale, après avoir réuni davantage de preuves et d’informations sur les six cas.

"La décision de suspendre provisoirement ces officiels est entièrement justifiée et ne doit pas être remise en question. Les preuves qui nous ont été présentées aujourd’hui nous ont conduits à prendre cette mesure provisionnelle, car nous avons considéré que les conditions justifiant cette décision étaient réunies, et nous avons estimé qu’il était vital de protéger l’intégrité de la procédure de candidature à l’organisation des Coupes du Monde de la FIFA 2018 et 2022. Nous sommes déterminés à ne tolérer aucune violation du Code d’éthique", a déclaré le président de la Commission d’Éthique, Claudio Sulser.

La rigueur, la droiture et l’intégrité de Slim Aloulou ne sont plus à démontrer. Issu d’une grande famille de nationalistes (son père Me Abderrahmane Aloulou, son oncle le Dr Ahmed Aloulou, président du congrès historique du Destour en 1955), il est nourri de nobles valeurs. Leader du mouvement étudiant (secrétaire général de l’UGET), nommé très jeune, gouverneur à Bizerte et Kairouan, haut commis de l’Etat, et dirigeant sportif, il a toujours fait montre de grandes compétences, et d'une totale abnégation. dans les différentes missions qui lui anvaient été confiées. Très digne, discret et réservé, jusqu’à paraître pour certains un peu hautain, il fait partie de ceux qui comme Hamed Karoui, Azzouz Lasram et Raouf Nejjar, ont tiré le foot tunisien par le haut.

A le voir arriver tôt le matin, chaque jour, par un hiver rigoureux, au siège de la FIFA, dans la banlieue de Zurich, pour s’enfermer dans son bureau et se concentrer sur les affaires soumises au jugement de la Chambre, ou participer à certaines séances de travail, on comprend mieux son style de travail. Même lorsqu’il y a des officiels ou des visiteurs tunisiens à la FIFA, il ne se départit jamais, de cette concentration et de cette obligation de réserve. Tard le soir, alors que tout le monde quitte les bureaux vers 17 heures, il est encore studieusement au travail, jusqu’à  19 heures et plus.

Compétence et droiture, aussi précieux que rares dans ce grand univers des passions et des intérêts, valent aujourd’hui à Slim Aloulou, une haute estime, partout dans le monde. Un seul indicateur suffit pour en témoigner. Depuis qu’il est à la tête de la Chambre de résolution des conflits de la FIFA, tranchant dans les affaires, grandes et petites, mais dont certaines concernent les plus grands clubs (lobbies) de la planète, avec toute l’excitation médiatique derrière, aucun des jugements, oui aucun, n’a été opposé en recours. Zéro contestation, pour la simple raison que personne ne saurait mettre en cause son intégrité et sa connaissance juridique.

Mêler aujourd’hui le nom de Slim Aloulou, dans une affaire qui ne le concerne pas, relève de ces manœuvres inévitables qui peuvent surgir dans l’univers footballistique, mues par des raisons que la raison ignore. La vérité finira par éclater au grand jour. Alors, de grâce, ne tirez pas sur Slim Aloulou. Ceux qui seraient tentés de s’y hasarder se couvriraient d'opprobre.