Tendance - 18.10.2010

Un jeune homme de 27 siècles rappelle au monde le raffinement de la civilisation carthaginoise

Peu de traces demeurent de cette Carthage punique dont Rome la conquérante, au faîte de sa gloire, avait méticuleusement détruit toutes les marques de civilisation. Alors, lorsqu’en 1994, des ouvriers découvrent de manière fortuite, sur la colline de Byrsa, le squelette entier et en parfait état de conservation d’un jeune homme âgé de 27 siècles enterré avec le plus grand soin au milieu d’un précieux mobilier funéraire, c’est la plus grande effervescence dans les milieux archéologiques tunisiens.

Léïla Ladjimi Sebaï de l’Institut National du Patrimoine, en collaboration avec Sihem Redissi ethnologue, toutes deux rejointes par une équipe française  constituée notamment par Elisabeth Daynès, Sculpteur reconstructeur et Jean Noel Vignal, anthropologue médico-légal, conjuguent leurs efforts pour mettre un visage sur notre plus vieil ancêtre carthaginois.

Les analyses conduites à Paris concluent à la mort naturelle d’un jeune homme robuste, de belle stature, âgé d’une vingtaine d’années. Les techniques de reconstitution faciale permettent de retrouver, avec beaucoup d’émotion, comme en témoigne l’équipe qui a pris à cœur le projet, un visage de type méditerranéen raffiné en attendant que les tests ADN livrent encore d’autres secrets de cet ancêtre mystérieux surgi de notre histoire antique tant sublimée.

Arich, tels que l’on dénommé nos contemporains, accueille les visiteurs du Musée de Carthage depuis le 15 octobre jusqu’au 31 mars 2011 dans sa tunique blanche et pourpre et ses spartiates carthaginoises pour rappeler au monde la richesse et le raffinement de cette civilisation punique dont les livres d’Histoire rapportent encore les exploits mythiques du voyage initiatique d’Elyssa fuyant sa Phénicie natale ou d’Hannibal parti à la conquête de Rome dans une guerre mémorable.

Pour cette première maghrébine, divers partenaires ont rendu possible l’exposition du jeune homme de Byrsa au musée de Carthage: l’ICOM Tunisie (International Council of Museum), le ministère de la Culture et de la Sauvegarde du Patrimoine, l’Agence de Mise en valeur et de Promotion de la Culture (AMVPPC), l’Institut national du Patrimoine (INP), l’Arab Tunisian Bank (ATB), l’École nationale d’Architecture et d’Urbanisme (ENAU).