News - 23.05.2021

Décès d’Ahmed Mestiri : Le bourguibien, le grand opposant de Bourguiba

Décès d’Ahmed Mestiri : Le bourguibien, le grand opposant de Bourguiba

Il aura bouclé ses 95 ans, le 2 juillet prochain. Ahmed Mestiri, ancien ministre de Bourguiba, qui a quitté le gouvernement dès 1971 pour fonder le Mouvement des démocrates socialistes (MDS) est décédé. Il laisse le grand souvenir d’un militant irréductible pour la démocratie, les libertés et les droits de l’homme. Lors des consultations du dialogue national pour la formation, fin 2013, d’un gouvernement d’union nationale, il avait décliné les propositions pressantes pour constituer une équipe indépendante.

Militant destourien, il s’impliquera dès sa prime jeunesse dans la résistance clandestine, puis dirigera en 1954, le cabinet de Mongi Slim, ministre d’État dans le gouvernement des négociations pour l’indépendance.

Juriste de formation, Me Mestiri a largement contribué, tout jeune secrétaire d’État à la Justice (1956 – 1958), à la finalisation du code du Statut personnel, abrogeant la polygamie. Ambassadeur à Moscou (1960), puis à Alger (1961), Ahmed Mestiri sera témoin des grandes transformations qui commencent dans ces deux pays et y portera les messages de la Tunisie

Bourguiba l’appellera de nouveau au gouvernement, en 1966 pour lui confier le ministère de la Défense, jusque-là tenu par Bahi Ladgham, où il avait besoin d’un homme de confiance, comme son prédécesseur, mais aussi de modernité et de restructuration. Ahmed Mestiri y restera deux ans et demi, jusqu’en janvier 1968. Marquant son opposition à la politique collectiviste prônée par Ahmed Ben Salah, il présentera sa démission du gouvernement. La fin de cette politique et l’amorce d’un changement de cap, le fera revenir au sérail, le 8 juin 1970, en tant que rapporteur de la commission supérieure du parti socialiste destourien devant esquisser de nouvelles réformes. Quelques jours seulement après, Ahmed Mestiri réintègre le gouvernement, récupérant le portefeuille stratégique de l’Intérieur.

Il n’y restera pas longtemps, désenchanté par les fausses promesses d’ouverture démocratique. La suite s’enroulera rapidement : nouvelle démission, bras de fer lors du congrès du PSD à Monastir, en octobre 1971, rupture avec Bourguiba et création du MDS. Commenceront alors de longues années de lutte… Le MDS et la Ligue tunisienne des Droits de l’Homme seront alors la plateforme centrale d’un intense combat.

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