Willis from Tunis: 10 ans et toujours vivant
Lorsqu’on lui demande ce qu’il veut pour son anniversaire, le petit chat Willis From Tunis se contente de peu. «Une révolution !», répond-il. A lui seul, ce dessin incisif exprime la pugnacité d’un trait et d’un discours qui illustrent au jour le jour le vécu tunisien depuis le 14 janvier 2011. En continu. Nadia Khiari, qui a inventé Willis, est restée coriace, mordante, en verve.
Dans «10 ans et toujours vivant», paru aux Editions Elyzad, elle a réuni un choix de ses dessins, ciselés année après année. Ils tracent avec humour, parfois dédain, souvent interpellation, une actualité hésitante, menant au bord du désespoir, rattrapée de justesse, pour replonger dans la déception et le désenchantement. Repasser avec Willis le chat le film de cette décennie écoulée rappelle tant de souvenirs, de peurs, d’échecs. Le trait reste écorché. La parole tranchante. Un raccourci de combat.
Peintre, dessinatrice, Nadia Khiari, enseignante en arts plastiques, s’était révélée aux premiers jours de la révolution. Inlassable, elle mène, par ses dessins, comme ses prises de position, un combat acharné contre la dictature, l’injustice, la corruption et le terrorisme. Chaque trait, chaque mot devient alors ses armes affûtés, pour dénoncer, atteindre. «Une sorte de Louise Michel, porte-parole de la société civile tunisienne», dira d’elle Plantu dans l’excellent dessin qu’il lui dédie en préface de son recueil.
Willis from Tunis
10 ans et toujours vivant
Editions Elyzad, 292 pages