News - 23.04.2021

Non à la censure de nos scientifiques afin de couvrir la mauvaise gestion de la pandémie

Le ministère de la santé cherche, par la censure, à museler nos scientifiques afin de couvrir sa mauvaise gestion de la pandémie

Le ministère de la Santé a décidé, dans une circulaire publiée le 16 avril courant, de soumettre  toute intervention des experts, des médecins hospitalo-universitaires et des cadres de la santé, dans les médias publics et sur les réseaux sociaux, à  son autorisation préalable sous peine de sanctions disciplinaires à l’encontre des  contrevenants.

Ces mesures stupéfiantes montrent  que le gouvernement confond l’information officielle cacophonique et lacunaire, qu’il doit réorganiser de toute urgence, et l’expression individuelle ou le débat dans les médias au sujet de la prévention, des soins et de la vaccination, qui n’engagent pas le ministère et qui doivent rester libres et sans aucune restriction.

Les nouvelles  dispositions réglementaires relatives à la communication sont venues confirmer la détermination du gouvernement, soumis au diktat des lobbys politiques, économiques et financiers, à vouloir gérer tout seul la pandémie sans prendre en considération l’avis serein  des experts non soumis aux pressions politiques et qui se fondent sur les derniers acquis de la recherche scientifique multidisciplinaire en rapport avec la pandémie.  Elles s’ajoutent au refus obstiné du gouvernement de constituer le Haut conseil scientifique  consultatif indépendant réclamé, à maintes reprises, depuis plus d’un an, par la société civile, afin qu’il puisse aider les décideurs à gérer convenablement la pandémie.

Cette gestion autoritaire de la crise a conduit le gouvernement, récemment, à constituer un comité scientifique prétendument indépendant mais dont les membres ont la double casquette d’experts et titulaires de hautes fonctions. Ces "élus" du gouvernement, qui confondent devoir de réserve et autocensure, défendent publiquement, en vertu de leur statut de fonctionnaires, le point de vue du gouvernement et ils contribuent, par là même, à couvrir sa mauvaise gestion de la pandémie  et sa communication défaillante.  La liste des experts autorisés, en vertu de la nouvelle circulaire,  à s’exprimer en public et qui sont tous des hauts fonctionnaires du ministère de la santé, le prouve.

Avec cette récente mesure liberticide que les régimes les plus autoritaires n’oseraient  pas prendre, le ministère de la Santé a l’intention d’étouffer les voix qui dérangent et dont l’éclairage scientifique met, heureusement, à nu les défaillances gouvernementales dans la lutte contre la pandémie. 

Indignées par la volonté de censure du gouvernement et par les menaces de sanctions disciplinaires et pénales à l’encontre des contrevenants à la circulaire scélérate, considérant qu’elle constitue une atteinte grave aux libertés académiques et à la liberté d’expression garanties  par la constitution et estimant qu’elle a donné le coup de grâce à la confiance des citoyens dans les décisions sanitaires relatives à la pandémie, les associations signataires du présent communiqué:

Appellent le gouvernement à abroger ladite circulaire sans délai.

Soutiennent le Syndicat national des  médecins, des pharmaciens et des chirurgiens-dentistes hospitalo-universitaires et l’encouragent, au cas où la circulaire n’est pas abrogée,  à présenter un recours  auprès du Tribunal administratif pour excès de pouvoir et en raison du caractère illégal et anticonstitutionnel de la décision du ministère.

Saluent la prise de position du conseil de l’Ordre des médecins qui a affirmé son attachement à la liberté d’expression des médecins qui sont en droit de prendre position en toute indépendance et de ne considérer, dans l’exercice de leur devoir, que l’éthique de leur profession.

Soutiennent  toute compétence médicale qui, conformément  au serment  d’Hippocrate, apporte, en toute indépendance, au moyen des conseils étayés par la connaissance, l’assistance nécessaire aux malades qui en ont besoin et ceux qui sont menacés par la maladie. Ces compétences ont le droit d’avoir le verbe haut, de donner leur avis qui ne les engageront qu’elles seules et qui restera soumis uniquement à l’autorité du Conseil de l’Ordre qui veille sur le respect de la déontologie.

Appellent, en raison de la volonté de censure et du refus de l’écoute des compétences indépendantes précitées, les universitaires et les praticiens  indépendants exerçant dans des spécialités en rapport avec la nature de la pandémie à  constituer, sous l’égide du Conseil national de l’Ordre des médecins et du Syndicat national des médecins, des pharmaciens et des chirurgiens-dentistes hospitalo-universitaires, une ‘’Coordination scientifique’’ qui se chargera d’évaluer la politique gouvernementale face à l’épidémie et de protéger les citoyens en leur fournissant, par tous les moyens disponibles et légaux, l’information et les conseils nécessaires pendant toute la durée de la crise sanitaire.

Les organisations signataires

Association Attalaki pour la liberté et l’égalité

Association Citoyenneté, Développement, Cultures & Migrations Des Deux Rives

Association de solidarité civique – Tunisie

Association des femmes tunisienne pour la recherche sur le développement

Association du droit à la différence

Association édification de la culture de la citoyenneté

Association La Manouba pour les monuments et la culture

Association méditerranéenne pour la pédagogie et la citoyenneté

Association pour le développement et les études stratégiques de Médenine

Association Tunisienne d'Action Culturelle

Association tunisienne de défense des libertés individuelles

Association Wachm

Centre de Tunis pour la liberté de la presse

Coalition tunisienne pour l’abolition de la peine de mort

Forum Attajdid pour la pensée progressiste

Free Sight Association

L’Association Arts et Cultures des deux Rives

La Fondation Hassen Saadaoui pour la démocratie et l'égalité

La ligue des électrices tunisiennes

L'association L'ART RUE

L'association Tunisienne de Prévention positive

L'Association tunisienne de soutien aux minorités

Le Comité de Vigilance pour la Démocratie en Tunisie – Belgique

Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme

Nachaz-Dissonances

Observatoire national pour la défense du caractère civil de l’Etat

Organisation 23_10 de Soutien au Processus de la Transition Démocratique

Organisation contre la torture en Tunisie

Organisation du martyr de la liberté Nabil Barakati : Souvenir & fidélité

Syndicat national des journalistes tunisiens

Tunisian forum for youth

Association tunisienne de défense des valeurs universitaires

Association Vigilance pour la démocratie et l’Etat civique

Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie