Un port en eau profonde en enfidha, pour quoi faire?
Par Slaheddine Belaïd - Le futur port d’Enfidha est destiné à servir, essentiellement, de port d’éclatement pour les porte-conteneurs géants en provenance de l’extrême Orient. La règle absolue étant de minimiser le temps d’immobilisation des bateaux, le port devra travailler 24 heures sur 24 avec des cadences très élevées que seuls peuvent assurer des organismes de gestion portuaire internationaux spécialisés dans ce genre d’activité. Par ailleurs, la taille du projet est telle que ni l’investissement ni la construction de l’infrastructure ne sont à la portée des opérateurs tunisiens. Dans ces conditions, on peut se demander quel intérêt un tel projet peut avoir pour la Tunisie et quel est le degré de priorité dont il doit bénéficier.
1 - Intérêt du port d’Enfidha
• Création d’un grand nombre d’emplois spécialisés nécessaires à l’exploitation des installations portuaires;
• Fournitures des services extérieurs tels que: alimentation en eau et en électricité, réseau de télécommunications, traitement des eaux usées;
• Intégration au projet de quelques postes à quai spécialisés nécessaires au développement de la région dont, notamment, un terminal pétrolier, un quai minéralier pour la réception du coke de pétrole destiné aux cimenteries d’Enfidha et de Jebel Oust ainsi qu’un quai céréalier équipé d’une capacité de stockage de l’ordre de 50 000 tonnes;
• Enfin – et c’est le plus important – création d’une zone d’activités autour du port avec une surface minimale de 2 000 ha au démarrage pouvant être portée à 5 000 ha en fonction de la demande.
2- Degré de priorité du projet
Le lancement du projet du port en eau profonde d’Enfidha revêt un caractère prioritaire en raison de l’opportunité que constitue, pour tout le bassin méditerranéen, le démarrage imminent du programme initié par la Chine sous l’appellation de «Routes de la Soie». Lors d’une discussion avec l’ancien ambassadeur de Tunisie à Pékin, le Docteur Sahbi Basli, nous sommes tombés d’accord sur le fait que le futur port gagnerait à être intégré dans ce grand programme. Le financement du projet, la réalisation travaux de construction ainsi que l’exploitation des installations pourraient donner lieu à un accord global de type «gagnant-gagnant» avec la Chine. Si la Tunisie n’emprunte pas cette voie, d’autres pays tels que l’Italie, la Grèce ou la Croatie sont déjà sur les rangs.
Slaheddine Belaïd