Le projet de Nizar Yaïche : un motif d’espoir
Par Mourad Daoud – Paris. Les motifs d’espoir sont devenus tellement rares, il est important de les signaler quand ils se présentent. Cette semaine, et après une disette qui n’a que trop duré, nos médias relatent enfin une lueur d’espoir. Et il ne s’agit pas du satellite 100% tunisien en orbite héliosynchrone depuis lundi dernier. Quoique Challenge One soit aussi un événement à applaudir, il ne saurait faire oublier la situation structurellement catastrophique du pays entretenue par une classe politique tristement lunaire et lunatique.
L’espoir vient réellement de l’entrevue de 3h accordée par le président de la République à M. Nizar Yaïche et du plan que celui-ci a présenté. Quand bien même le contenu détaillé n’a pas été rendu publique, le simple fait qu’une tête bien faite propose un plan pour le pays est exceptionnel par les temps qui courent. Plus de dix ans que le pays est piloté à vue : on ne croit même plus à la formule bien usée « demain sera meilleur » puisqu’on voit, aujourd’hui, que rien n’est prévu pour.
Sans rappeler le parcours de M. Nizar Yaïche, accessible à tous notamment sur le site de Leaders, il est l’archétype du profil pragmatique et bosseur capable d’identifier les problèmes à leurs racines, de formaliser les solutions appropriées puis de les appliquer. Dit ainsi, cela ne parait pas difficile. Mais en réalité, dans le bruit ambiant du populisme se perdent les voix de ceux qui en appellent à la raison, aux concessions et à la reconstruction. Règles de démocratie à la tunisienne obligent, il serait illusoire de penser que des compétences et des bonnes volontés comme celles démontrées par M. Yaïche puissent dérouler des réformes sans l’appui des autres pouvoirs en place.
Cependant, un des mérites de cette initiative est que chaque tunisien désireux de faire entendre sa voix peut contribuer d’une manière simple sur une plateforme dédiée. Ce serait a priori même plus simple que d’aller voter, un droit auquel beaucoup de tunisiens avaient renoncé aux dernières élections par désillusion. Si alors l’initiative reçoit une adhésion populaire suffisante, elle sera en mesure de s’imposer aux pouvoirs immobiles pour le bien de tous et d’engager enfin le cercle vertueux. Une lueur d’espoir à tous ceux qui se demandent comment la Tunisie peut s’en sortir.