News - 10.02.2021

Quel bénéfice peut tirer la Tunisie du nouvel agenda pour la Méditerranée, annoncé par l’Union européenne

Quel bénéfice peut tirer la Tunisie du nouvel agenda pour la Méditerranée, annoncé par l’Union européenne

Vingt-cinq ans après la Déclaration de Barcelone, marquant l’engagement de l’Europe dans une politique de voisinage et de partenariat avec les pays riverains de la méditerranée, l’Union européenne revoit sa copie et propose un nouvel agenda. Présenté comme « ambitieux et novateur », ce plan qui intervient dix ans après l’amorce d’une transition démocratique comme en Tunisie, entend s’inscrire dans une perspective de relance post-Covid-19. Un nouvel instrument de voisinage, de coopération au développement et de coopération internationale (IVCDCI) de l'UE, bénéficierait de jusqu'à 7 milliards d'euros pour la période 2021-2027 alloués à sa mise en œuvre. « Cette enveloppe pourrait mobiliser jusqu'à 30 milliards d'euros en investissement privé et public dans la région au cours de la prochaine décennie », estime l’UE.

Le plan « s'appuie pour la première fois sur l'ensemble des instruments de l'UE et sur les possibilités inédites qu'offre la double transition verte et numérique, afin de relancer notre coopération et de réaliser le potentiel inexploité de notre région commune, mentionne la déclaration publiée par Bruxelles. La perspective de la reprise post-COVID-19 offre une rare occasion pour l'Europe et la région méditerranéenne de s'engager dans un programme commun et centré sur les personnes et les actions nécessaires à sa mise en œuvre. »

Il met l'accent sur cinq domaines d'action :

1- développement humain, bonne gouvernance et État de droit : renouveler l'engagement commun en faveur de la démocratie, de l'État de droit, des droits humains et de la gouvernance responsable;

2- résilience, prospérité et transition numérique : soutenir des économies résilientes, inclusives, durables et connectées qui créent des possibilités pour tous, notamment pour les femmes et les jeunes ;

3- paix et sécurité : apporter un soutien aux pays pour relever les défis en matière de sécurité et trouver des solutions aux conflits en cours ;

4- migration et mobilité : faire face ensemble aux défis que sont les déplacements forcés et la migration irrégulière et favoriser des voies d'entrée légales et sûres pour la migration et la mobilité ;

5- transition écologique : résilience climatique, énergie et environnement : tirer parti du potentiel d'un avenir à faible intensité de carbone, protéger les ressources naturelles de la région et générer une croissance verte.

A la Tunisie de développer sa nouvelle vision

Soumis aux autorités des pays partenaires de l’Europe, ce document à lire attentivement mérite débat, en Tunisie. Le commissaire au voisinage et à l'élargissement, Olivér Várhelyi entamera, apprend Leaders de bonne source à Bruxelles, un road-show de présentation et d’entretiens de haut niveau dans les capitales concernées. A Tunis, il souhaitera sans doute obtenir des réponses claires sur des questions cruciales. Quelle vision nouvelle développe la Tunisie pour sa relation avec l’Europe ? L’accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) étant caduque, quelles sont les fondamentaux et d'un nouveau contrat de partenariat ? Aussi et au-delà du simple principe de la libre circulation des biens et des personnes, comment organiser et fluidifier la gestion de la mobilité circulaire et de la migration...

L’Europe affronte aujourd’hui, encore plus par les victimes du Covid-19, un déficit démographie accru. Les ressources humaines tunisiennes, notamment parmi les qualifications professionnelles dans de nombreux métiers, sans parler des blouses blanches, sont prisées pour contribuer à combler les besoins et à venir.

La relocalisation en Europe d’entreprises basées en Asie, notamment en Chine, ne sera guère facile. Nombre de ces entreprises comptent dans leur capital des associés asiatiques, utilisent des technologies et des matières premières asiatiques et reposent sur des ressources humaines asiatiques. L’Europe est-elle en mesure, sur des plans stratégique et opérationnels à tout accueillir sur son territoire ? Des capitaux massifs et des travailleurs chinois en grands nombre seront-ils accueillis les bras ouverts ? Plus encore, les coûts de production permettront-ils de maintenir la compétitivité de ces entreprises ? Et quel en serait le surcoût pour le consommateur européen ?

Une stratégie de co-localisation en Tunisie permettra d’offrir des solutions triangulaires mutuellement utiles.

Qui portera le dossier Europe ?

De larges autres opportunités s’offrent au couple Tunisie-Europe à refonder. Il suffit d’y plancher en profondeur. Le nouvel ambassadeur de l’Union européenne en Tunisie, Marcus Cornaro, à la différence de son prédécesseur, fait montre de réelle volonté à promouvoir ce nouveau dialogue entre Bruxelles et Tunis. Pour le moment, il ne trouve pas encore en vis-à-vis, un chef négociateur, en attendant l’entrée en fonction d’un nouveau ministre y chargé (Industrie, Coopération internationale...). Il bénéficiera sans doute de l’intérêt des cellules diplomatiques à Carthage et la Kasbah, ainsi que des nouveaux dirigeants au ministère des Affaires étrangères, de la Direction générale Europe (Khalil Tazerki) et de la Direction Union européenne (Ahmed Chafra), tout fraîchement rentrés respectivement de Vienne et de Berlin.

Mais, le débat ne saurait cependant aux officiels.

Déclarations

"Le haut représentant et vice-président, Josep Borrell, a fait la déclaration suivante:  "Cette communication envoie un message crucial sur l'importance que nous attachons à notre voisinage méridional. Un partenariat méditerranéen renforcé reste un impératif stratégique pour l'Union européenne. 25 ans après la déclaration de Barcelone et 10 ans après le printemps arabe, les défis en Méditerranée, dont beaucoup résultent de tendances au niveau mondial, restent considérables. Pour faire face à ces défis, nous devons renouveler nos efforts mutuels et agir en étroite coopération, en tant que partenaires, dans notre intérêt à tous. Voilà l'objectif poursuivi par ce nouvel agenda. Nous sommes déterminés à collaborer avec nos partenaires du sud dans le cadre d'un nouvel agenda qui mettra l'accent sur les personnes, en particulier les femmes et les jeunes, et les aidera à réaliser leurs espoirs pour l'avenir, à exercer leurs droits et à bâtir un voisinage méridional pacifique, sûr, plus démocratique, plus vert, prospère et inclusif."

"Le commissaire au voisinage et à l'élargissement, Olivér Várhelyi, a ajouté : "À travers le partenariat renouvelé avec le voisinage méridional, nous présentons un nouveau départ dans nos relations avec nos partenaires du Sud. Fondé sur des intérêts communs et face à des défis communs, il a été pensé en coopération avec nos voisins. Il montre que l'Europe souhaite contribuer directement à une vision à long terme de la prospérité et de la stabilité dans la région, en particulier dans le cadre de la reprise économique et sociale qui fait suite à la crise de la COVID-19. Grâce à un dialogue étroit avec nos partenaires, nous avons recensé un certain nombre de secteurs prioritaires, qu'il s'agisse de générer de la croissance et de créer des emplois, d'investir dans le capital humain ou de bonne gouvernance. La migration est un défi commun face auquel nous sommes prêts à travailler ensemble pour lutter contre la migration irrégulière et les passeurs, avec nos partenaires, puisque les risques nous concernent tous. Nous collaborerons pour apporter de réels changements sur le terrain, dans l'intérêt tant de nos voisins que de l'Europe!".



 

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