Qui retarde l’ouverture du bureau de la Francophonie à Tunis ?
La loi est votée, le siège est mis à disposition, mais le bureau régional de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) pour l’Afrique du Nord tarde encore à ouvrir ses portes. A qui la faute ? La décision avait été prise en conférence ministérielle le 8 octobre 2018, lors du sommet de la Francophonie à Erevan (Arménie), et le président Béji Caïd Essebsi en était ravi.
Deux nouveaux bureaux régionaux devaient être déployés à Tunis et Beyrouth, portant ainsi à 8 les représentations de l’OIF (en plus des quatre auprès d’organisations régionales et internationales). Le 15 avril 2019, la secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo, en visite à Tunis, signait avec l’ancien ministre des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui, un accord y afférent. Le 30 juin 2020, l’Assemblée des représentants du peuple adoptait un projet de loi organique portant approbation de cet accord, et la loi sera rapidement promulguée (Loi organique n° 2020-31 du 14 juillet 2020).
Au terme de cet accord, la Tunisie devait fournir un siège pour accueillir le bureau. Prévoyant, Jhinaoui avait pris contact avec son homologue des Finances, Ridha Chalghoum, pour trouver des locaux convenables parmi le parc immobilier des biens confisqués en 2011. Le choix s’est porté sur une superbe villa, juste à l’entrée du quartier huppé d’El Manar, au 8 avenue Abdelaziz-Al Saoud, en face d’un grand centre commercial ultramoderne. Faisant l’angle avec la rue Ali-Zlitini, cette bâtisse spacieuse, entourée d’un jardin, s’élève sur deux niveaux. Longtemps fermée, elle devait bénéficier de travaux qui ont été diligentés par les services du ministère des Affaires étrangères, aux frais du contribuable, ce qui l’a rendue fin prête pour accueillir ses nouveaux occupants. Sauf que l’affaire traîne en longueur.
L’OIF a finalement nommé le 3 septembre dernier une directrice du bureau. Il s’agit de l’ancienne ministre tchadienne de l’Aviation civile et de la Météorologie, Haoua Acyl, limogée en septembre 2017 suite à une affaire d’immatriculation d’un avion, puis désignée en 2019 directrice générale adjointe de Coton Tchad Société nouvelle. Depuis son affectation à Tunis, elle n’y a pas encore pris ses fonctions, hormis sa présence lors de la visite de la secrétaire générale de l’OIF à Tunis, le 15 décembre dernier. Sur un mode «hâtez-vous lentement», et à neuf mois seulement du sommet de la Francophonie devant se tenir à Djerba, les 21 et 22 novembre de cette année, les portes du bureau régional de Tunis sont encore closes. A Paris, on dit que la Tunisie n’a pas remis les clés et à Tunis, on rétorque que personne ne les a réclamées. Quant à la nouvelle directrice, on nous apprend qu’elle «prépare ses papiers». Est-ce cela la Francophonie ?