Hassib Ben Ammar: Un démocrate sous Bourguiba
Lorsqu’il a démissionné de ses fonctions de ministre de la Défense nationale dans le gouvernement Hédi Nouira, Hassib Ben Ammar n’avait pas beaucoup changé son itinéraire quotidien. En arrivant tôt le matin à la Kasbah, au lieu de tourner à gauche pour regagner son département, il tourna à droite vers le lycée Sadiki, où il avait fait ses études et devait reprendre ses fonctions de professeur de physique-chimie. Sans le moindre regret. Si Hassib était de cette trempe de grands militants destouriens et hommes d’Etat pour qui servir la nation n’a pas de position prestigieuse autre que l’abnégation.
Quitte à s’opposer à Bourguiba, oser lui remettre sa décision, s’investir dans l’opposition démocratique pour le pluralisme politique et les libertés, fonder un journal d’opinion, Errai, puis l’Institut arabe des droits de l’Homme… Si Hassib était d’abord une conscience éveillée, un grand rassembleur. Son hebdomadaire couplé à un mensuel en langue française Démocratie, accueillait un large pan de l’opposition tunisienne : Maya Jeribi, Rachid Khechana, Néziha Rejiba et autres icônes. Décédé le 15 décembre 2008, à l’âge de 84 ans, il a laissé le souvenir d’un illustre patriote, aujourd’hui peu connu des jeunes générations.
Jeune lycéen, Hassib Ben Ammar, frère de Radhia Haddad, était déjà de toutes les manifestations politiques contre l’occupation française. Etudiant à Paris, il poursuivra son engagement destourien et rejoindra l’Uget. De retour à Tunis, il sera chargé de la Direction de la jeunesse et des sports, avant d’être porté gouverneur-maire de Tunis (1963-1969), député, ambassadeur à Rome, directeur du Parti socialiste destourien et ministre. Son franc-parler et ses valeurs fondatrices l’incitaient à porter ses convictions, sans concession. Quitte à en payer le prix politique et à encourir des dizaines de procès iniques.
C’est le portrait de cet illustre homme que Rachid Khechana brosse dans un ouvrage documenté sous le titre de Hassib Ben Ammar ou le rêve du projet réformateur. Pour l’avoir connu de près, ayant été coopté au sein de la rédaction d’Errai, et accompagné depuis lors son parcours,
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Bourguiba est un géant
Si Hassib ben Ammar était un homme généreux en effort et extrêmement humble. Combien de fois s'est-il déplacé même en semaine dans des petites salles d'entrainement des boxeurs qu'il aimait tant. Grand monsieur, simple et digne. Mourad Guellaty