A L’échelle mondiale: 2021 serait elle l’année de La Niña / El Niño!
Par Moncef Rajhi - Dans un communiqué de presse publié sur son site internet le 23 /12/2020, l’OMM (Organisation Météorologique Mondiale, agence spécialisée porte parole de l’ONU sur les questions du temps, du climat et de l’eau) a indiqué qu’elle a intensifié son action contre La Niña en renforçant son soutien aux gouvernements, aux Nations Unies et aux parties prenantes des secteurs sensibles au climat pour mobiliser les moyens indispensables pour minimiser les impacts de ce phénomène sur le climat mondial. Ce phénomène a récemment fait sa réapparition dans le Pacifique équatorial, lieux de sa détection dans les années soixante dix du siècle passé. Les observations océaniques et atmosphériques tropicales reflètent les conditions caractéristiques de La Nina. En effet, une masse d’eau froide dans le Pacifique Equatorial avec des anomalies de température de surface de la mer (SST) négatives a été localisée aux alentours du 160 ème degré E à travers la ligne de date à environ 100 degrés W. Les anomalies SST pour la période variaient entre 0,5 degrés C et 1,5 ° C sur la majeure partie de cette région.
À l'origine, l'appellation El Niña a été attribuée par les pêcheurs péruviens à la petite invasion d'eau chaude qui se produit chaque année le long des côtes du Pérou et de l'Équateur aux environs de Noël - d'où son nom: en espagnol, El Niño désigne l'enfant Jésus. Par extension, le phénomène climatique correspondant au réchauffement accentué des eaux de surface près des côtes de l'Amérique du Sud porte aujourd'hui le nom d'El Niño. Il est lié à un cycle de variations de la pression atmosphérique entre l'est et l'ouest du Pacifique, couplé à un cycle du courant océanique le long de l'équateur.
Le climat global est affecté par les deux phénomènes El Niño et La Niña. Les deux sont des phénomènes océaniques à grande échelle du Pacifique équatorial, affectant le régime des vents, la température de la mer et les précipitations, ils trouvent leur existence dans l’anomalie des températures des eaux de surface du Pacifique équatorial.
D’après les chercheurs climatologues «El Niño et La Niña correspondent aux deux phases opposées du phénomène couplé océan/atmosphère appelé ENSO (El Niño Southern Oscillation)», seul l' ENSO a un impact planétaire marqué.
Les deux autres bassins océaniques, Indien et Atlantique, sont trop peu étendus pour permettre un phénomène de couplage aussi important entre circulations atmosphérique et océanique, même s'ils subissent aussi des remontées d'eaux profondes et des régimes d'alizés.
Des spécialistes climatologues de l'OMM ont dit qu’en Octobre 2020 La Niña s’est progressivement développée, a pris de l’ampleur en se renforçant en intensité et en extension sur la zone habituelle de son action, alors que les températures de surface de la mer du Pacifique Equatorial se sont encore refroidies.
En effet, au cours de l’automne 2020, un évènement La Niña a été enregistré dans le Pacific Tropical au cours des mois Aout/Septembre, dépassant les seuils océaniques et atmosphériques. Les observations atmosphériques mettent en évidence des alizés d'est en augmentation à 850 hPa de l'ouest au centre-est du Pacifique équatorial, des anomalies de vent d'ouest à 200 hPa sur la majeure partie du Pacifique et la suppression de la convection tropicale sur l'ouest et le centre du Pacifique.
Les prévisions saisonnières à l'échelle mondiale, régulièrement produites à l'aide de modèles sophistiqués couplés atmosphère-océan, qui prennent en compte l'ENSO (El Niño Southern Oscillation) ainsi que d'autres facteurs climatiques sont conçus pour prévoir les effets La Ninia sur les différents éléments du climat, entre autres, celles des précipitations et de la température de surface.
Elaborées en Décembre 2020 pour les mois de janvier-février et mars 2021, les prévisions devraient des températures, des précipitations et des tempêtes dans de nombreuses régions du monde être affectées par ce phénomène, Il a été annoncé que La Niña devrait durer l'année 2021.
Les dernières prévisions publiées (fig. :1,fig. :2) par les centres mondiaux de production de prévisions saisonnières à long terme de l'OMM ont suggéré une forte probabilité (90%) que les températures des eaux de surface de l’océan Pacifique Tropical restent sous effets de La Niña jusqu'à la fin de 2020, et une probabilité modérée (55%) de persister au premier trimestre 2021.
D’après ces centres, appelés Leaders «La plupart des modèles numériques indiquent que la Niña 2020/2021 est susceptible d'être un événement modéré à fort, donc suivre de près les changements dans l'état d'El Niño / Oscillation australe (ENSO) au cours des prochains mois et fournir des perspectives actualisées périodiquement», mesures appuyées par l’OMM en annonçant que «L'état de l'ENSO continuera d'être étroitement surveillé par ses membres et ses partenaires, des interprétations plus détaillées des implications pour la variabilité climatique régionale seront effectuées régulièrement par la communauté des prévisions climatiques au cours des prochains mois et seront mises à disposition par les services météorologiques et hydrologiques nationaux».
(fig.:1)
(fig.: 2)
De nombreux indices océaniques et atmosphériques relevés par les météorologistes indiquent déjà que l'événement de La Niña est arrivé à maturité.
D’après des modèles numériques, La Niña devrait atteindre un pic d'intensité en décembre 2020 ou en janvier 2021. Ces modèles suggèrent que La Niña approche de son apogée, avec un retour probable à des conditions neutres à la fin de l’été de l’hémisphère sud ou au début de l’automne/l’hiver. La dernière mise à jour publiée par le Centre de prévision du climat de la NOAA et l'Institut international de recherche sur le climat et la société(IRI) informait d'une probabilité de 95% que
La Niña se poursuive jusqu'en mars 2021.
En résumé
• La transition du Pacifique Tropical à La Niña s’est faite en Août -Septembre 2020, avec un seuil dépassé pour les températures de la surface de la mer et sous la surface de l'océan, ainsi que pour les conditions
• Les prévisions numériques et l'évaluation des experts indiquent:
i) une probabilité de 90% pour La Niña entre novembre et janvier 2020/2021.
ii) pour la saison février-avril 2021, la probabilité de La Niña diminue à environ 55%,
iii) tandis que celle de la neutralité ENSO passe à 40%.
• Les températures de surface de la mer dans le Centre-Est de l'océan Pacifique sont les plus susceptibles d'être comprises entre 0,9 et 1,9 degrés Celsius sous la moyenne en novembre-janvier 2020/2021 et entre 0.0 et 1.2 degrés en dessous de la moyenne en février-avril 2021.atmosphériques.
• pour environ 95% de chances pour La Nina de continuer pendant l'hiver dans l'hémisphère nord, avec une transition potentielle au printemps 2021 (~ 50% de chances d'être neutre pendant l'AMJ 2021).
• La Nina continuerait sa manifestation durant l’hiver dans l’hémisphère Nord, avec un potentiel transitionnel vers l’ENSO neutre durant le printemps 2021. Les prévisions pour les mois janvier/février/Mars 2021 favoriseraient des températures moyennes au dessus de la normale dans plusieurs régions à travers le monde. Des conditions modérées de la Nina domineraient les zones Pacifique équatoriales océaniques, comme le mentionnent les observations océaniques et atmosphériques
Impacts de la Niña sur les conditions météorologiques
La Niña, le dipôle de l'océan Indien, l'oscillation de Madden-Julian et le mode annuel sud se présentent comme des facteurs principaux et déterminant de la large gamme des éléments qui régissent le système climatique mondial, phénomènes découverts durant les années soixante dix du vingtième siècle au niveau du pacifique équatorial pour la Niña. Ils influent sur les conditions météorologiques, les cyclones tropicaux et les tempêtes sont des exemples typiques.
A ces facteurs s’ajoutent l’inertie océanique et couplage océan atmosphère pour augmenter la complexité de la prévision numérique des impacts attendus de La Niña sur le temps et le climat mondial. L’intensité d'un événement La Niña à elle seule n'est pas non plus nécessairement en corrélation avec l'ampleur des changements de précipitations ou de températures.
Les prévisions saisonnières probabilistes (par opposition à la prévision du temps, qui elle est déterminante), qui intègrent tous les facteurs climatiques, y compris La Niña, fournissent une indication plus complète sur les tendances climatiques mondiales et régionales attendues. Il est donc important de consulter les dernières prévisions saisonnières disponibles auprès des Services météorologiques ou hydrologiques nationaux (SMHN), des centres climatologiques régionaux (RCC) ou des forums régionaux sur les perspectives climatiques pour obtenir des conseils sur les prévisions météorologiques pour la saison à venir.
On retiendra toutefois que comme «El Niño», les phénomènes « La Niña » rendent le climat mondial plus prévisible aux échéances saisonnières
L'OMM produit une mise à jour du climat saisonnier mondial, basée sur un certain nombre de modèles de prévisions saisonnières mondiales gérés par des centres accrédités par l'OMM dans le monde entier. La mise à jour est destinée à guider les différents centres et institutions usagers des données climatiques prévues.
Les centres mondiaux de production de prévisions à long terme ont publié des prévisions de l’hiver presque similaires, à titre d’informations, les prévisions saisonnières de Météo France et IRI sont résumée ci-dessous.
Prévisions saisonnières établies par Météo France
Températures: Janvier-Février-Mars 2021
Sur la Méditerranée, la majorité des modèles optent pour un scenario chaud, avec une probabilité toutefois moins forte.
Sur la Tunisie: un scénario plus chaud que la Normale sur le Nord Est, le Cap Bon ,toute la région du Sahel , Kairouan ,les régions côtières Sud Est .
Sur les régions ouest : aucun scénario n’est privilégié par les modèles numériques des prévisions saisonnières.
Pluies: Janvier-Février-Mars 2021.Tous les scénarios sont équiprobables (33% : pluies normales, 33% : pluies au –dessus de la normale, 33% : pluies au –dessous de la normale)
En général: il est prévu que les conditions climatiques soient faiblement instables avec alternance de jours de stabilité plus fréquents continuent à caractériser le climat sur le pays pour la suite la suite de l’hiver.
Prévisions saisonnières établies par IRI(International Researches Institute
Les prévisions climatiques saisonnières de l’IRI mises à jour tous les mois pour au moins les 3 prochains mois, donnent des perspectives probabilistes en deux représentations cartographiques pour répondre aux besoins d’une large gamme d’usagers:
I) Représentation en terciles (fig. :3): pour que la température et les précipitations se situent dans les catégories de terciles supérieures à la normale, proches de la normale ou inférieures à la normale, seuils définies à partir des statistiques climatiques des 30 années précédentes. (dans cette représentation, un décideur ne peut pas évaluer à quel point les précipitations devraient être supérieures à la moyenne pendant les trois mois. Les prévisions ne prédisent que la probabilité que les températures ou les précipitations se situent dans le tiers inférieur, moyen ou supérieur de la distribution climatologique historique, la probabilité de défaut pour l'une quelconque des catégories est de 33,3%).
(fig :3)
• Précipitations: Régions nord et côtières : les trois catégories devraient être équiprobables(33%)
Régions Centre et Sud: probabilité de 40% pluies au dessous normale
• Températures: les trois catégories devraient être équiprobables (33%).
II) Représentation graphique flexible:
Les prévisions climatiques saisonnières en version flexible basées sur les mêmes informations de prévision que les évaluations nettes, donnent des perspectives probabilistes de température et de précipitations basées sur des catégories ou des seuils choisis par l'utilisateur. Ces prévisions flexibles aident à combler le manque d'information en déterminant la probabilité que les précipitations dépassent un certain percentile dans la distribution normale ou moyenne des précipitations/des températures d'une région. (exemple: nous pouvons calculer la probabilité que les précipitations/températures dépassent le 80e centile de sa distribution normale dans une région donnée)
La probabilité de dépassement d’un seuil fixé par l’utilisateur pour les pluies (carte ci-dessous)
Précipitations
(fig :4)
Moncef Rajhi
Ing. GénérHC/.Met/Clim/Expert CClim
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