Opinions - 04.10.2010

Transmission des sociétés, préparons-nous !

Si l’on admet que l’espérance de vie en Tunisie est  de 74.5 ans et que ceux appartenant à la tranche d’âge  comprise entre 40 et 59 ans représentent à eux seuls  20 % de la population   et quand on sait que les  investisseurs des années 70 étaient fondateurs et dirigeants à la fois, et que le tissu entrepreneurial Tunisien est le capitalisme familial, nous ne pouvons nous empêcher de prédire que la période qui frappe à nos portes est celle de la préparation des retraites des dirigeants  et par conséquent des transmissions des sociétés.

Evidemment, la retraite n’était pas et  ne sera pas le seul phénomène déclencheur de la transmission des entreprises. D’ailleurs, les entreprises tunisiennes qui n’ont pas pu s’adapter à l’orientation libérale de l’économie des années 90 et  qui ont montré des signes de faiblesse sur les plans de la productivité, de l’organisation managériale et de l’investissement dans l’innovation sont déjà passées par cette épreuve  délicate et risquée.

La retraite ne sera pas le seul catalyseur de la transmission mais, elle sera probablement à l’ordre du jour avec d’autres données endogènes et exogènes à l’entreprise pour déclencher et faire naître l’idée de la transmission partielle ou totale.

En 2007, nous avons constaté que le législateur tunisien adopte une politique avant-gardiste en matière de transmission et qu’il préparait le terrain fiscal à la mutation que connaitront nos entreprises en instaurant des avantages fiscaux à certaines formes de transmission. Mais depuis, cette question a été rarement évoquée.
 Dans une économie mondialisée de plus en plus darwinienne (Déréglementation, concurrence par des pays à bas coûts de salaires…..) et avec une conjoncture économique flottante, l’enjeu de l’emploi est très important.
Certes la création d’entreprise est la solution que ce soit pour les jeunes diplômés ou pour les  promoteurs d’une manière générale. Mais est-ce que la création, toute seule, est suffisante ?

Outre l’emploi, les parts de marchés, créatrices de valeurs, sont parfois dénichées par des entreprises qui n’arrivent, malheureusement, plus à les préserver faute de moyens matériels et financiers, alors que dans cette même économie d’autres entreprises possédant cette technologie n’arrivent pas à conquérir ces mêmes parts de marchés (faute de tuyaux, de bons calepins d’adresses, de réseaux de distribution très imbriqués….).
La transmission pourrait, sous réserve de trouver ce bon repreneur, assurer cette complémentarité et par conséquent le maintien des parts de marchés.

Pourquoi devons-nous intéresser dès maintenant aux transmissions de sociétés

La création d’entreprises perd sa qualité de dopeur économique si parallèlement des entreprises déjà existantes disparaissent pour une raison ou une autre (une naissance contre un décès). Elles disparaissent parce qu’on ne s’est pas intéressé à la transmission ; parce qu’on s’est intéressé à la création de l’emploi et on a oublié le maintien de ce qui est déjà existant , parce qu’on n’a pas encore la culture d’acheter et de vendre des entreprises ;  parce que les fondateurs-dirigeants des années 70 ne savent pas à qui s’adresser pour passer leur flambeau et comment  ;  parce que tout simplement  on n’accorde pas autant d’importance à la transmission qu’à la création (Avantages fiscaux, avantages financiers, structures d’accompagnement, consultants spécialisés…etc)! 

Quand on sait que sur l’autre rive de la méditerranée, on  a conjecturé un changement de propriétaires  d’un tiers des entreprises européennes dans les dix prochaines années  (Ce qui signifie qu’en moyenne 610 000 petites et moyennes entreprises changeront de propriétaires chaque année), on a tout à gagner à s'intéresser, dès maintenant, à la transmission des entreprises et à la réussir par la présentation de produits et des mécanismes sur la base desquels des décisions sages pourraient être prises, surtout que 96 % des transmissions d’entreprises réussies survivent pendant les cinq premières années alors que les chances de survie des créations ne sont que de 75 % après cinq ans. 

Les études ont démontré que les créations d’entreprises sont insuffisantes  pour résoudre les problèmes d’emploi et que le maintien d’entreprises déjà en activité est un remède très efficace. D’ailleurs c’est pourquoi la commission européenne a invité vivement depuis plusieurs années ses pays membres à réussir « le passage du témoin ».

Nous devons donc nous intéresser davantage à la transmission des sociétés et lui accorder autant d’importance que la création de nouvelles sociétés et autant d’importance que nos voisins du nord. Certes vendre et partir n’est pas une décision facile à prendre par un cédant mais elle le sera probablement s’il en tire profit !

Mohamed DERBEL
Expert Comptable
h.derbel@gnet.tn
 
 

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