News - 05.11.2020

Echanges commerciaux : la Chine, l’Afrique et la Tunisie, à la lumière du discours de Xi Jinping

Echanges commerciaux : la Chine, l’Afrique et la Tunisie, à la lumière du discours de Xi Jinping

La Tunisie a-t-elle tiré bénéfice des opportunités économiques annoncées par la Chine en faveur des pays africains. Sur le plan bilatéral, la balance commerciale reste déficitaire avec des importations au cours des neuf premiers mois de cette année, à hauteur de 4 091,23 MD (soit une légère baisse, contre 4 544,14 MD en 2019) ce qui représente 23% du déficit total de la balance commerciale tunisienne. Diverses initiatives ont été prises par Pékin à la faveur du sommet du Forum de Coopération Sino-Africaine (FOCAC), dont la première édition avait été tenue en 2015 en Afrique du Sud, en vue notamment de financer l’importation de produits africains.

Lors du 3ème Forum, organisé à Pékin en septembre 2018, et auquel la Tunisie avait été représentée par une délégation conduite par le chef du gouvernement, Youssef Chahed, le président XI Jinping avait annoncé notamment l’organisation à cet effet, début novembre de la même d’une méga-exposition à Shanghai pour encourager les importateurs chinois à acheter des produits africains. Il a annoncé la mise en place d’un fonds spécial de 5 milliards de dollars sur trois ans,  pour le financement des importations en provenance de l'Afrique. La Tunisie avait pris part aux deux éditions précédentes de cette exposition. Cette année, avec le Covid-19, c’est une market place virtuelle qui a été organisée en plus du salon à échelle réduite.

Le discours d’ouverture prononcé à cette occasion, par le président chinois Xi Jinping, le 4 novembre, par vidéo-conférence était attendu. C’est ainsi qu’il a confirmé la volonté de la Chine de continuer à élargir son ouverture dans l’économie numérique et le cyberespace et approfondira la réforme et l’innovation dans la libéralisation et la facilitation du commerce et de l’investissement, en vue de construire un nouveau système d’économie ouverte plus performante. De plus, elle réduira son catalogue des technologies interdites ou soumises à des restrictions à l’importation en vue de créer un environnement propice à la libre circulation transfrontalière des facteurs technologiques.

Le gouvernement chinois a déjà adopté des mesures pour accompagner les entreprises impactées par la Covid-19, notamment celles qui sont enregistrées en Chine. Il poursuivra, en outre, ses efforts pour rendre son système juridique concernant les échanges économiques extérieurs plus transparent, renforcer la protection de la propriété intellectuelle, protéger les droits et intérêts légitimes des entreprises étrangères. Selon le Président Xi, la Chine est plus déterminée que jamais à conclure avec plus de pays des accords de libre-échange.

Il est judicieux de revenir en arrière pour souligner que le Président XI Jinping a renforcé son pouvoir et ses prorogatives en octobre 2017 lors du 19eme Congrès du Parti Communiste Chinois, et où il avait lancé une nouvelle idéologie retenue dans la constitution du PCC, toujours basée sur le socialisme tout en adoptant une économie de marché, avec des caractéristiques chinoises.

Le Président Xi avait alors fixé les contours d’une nouvelle ère de prospérité pour le peuple chinois tout en promettant de réaliser les objectifs du  développement et de jouer un rôle de premier plan au niveau international tant dans le domaine politique qu’économique.
Avant lui, seul le grand Mao Zedong avait réussi à insérer son nom avant lui dans la constitution de 1978 du PCC pour un changement radical introduit dans le système économique tout en renforçant les bases du socialisme.

La Chine a donc émergé depuis le congrès d’octobre 2017 comme un nouvel acteur capable de concurrencer l’hégémonie des États Unis, en essayant toutefois de ne pas confronter directement le géant américain.
La vision de la Chine était de changer le nouvel ordre international en exportant sa nouvelle théorie et son objectif de travailler avec toutes les régions du monde, en particulier les pays en développement mais en évitant toutes représailles avec les USA et ses alliés, dont notamment le Japon.
La Chine s’est donc érigée comme l’anti-US et ne pouvait pas appliquer sa théorie sans en découdre avec Washington. Elle avait réussi à obtenir un succès économique majeur avec l’application de l’initiative « La ceinture et la route », plus connue comme la « Silk Road ou route de la soie ». Plusieurs pays africains et même européens ont adhéré à cette initiative au grand dam des USA au cours des trois dernières années.

En ce qui concerne plus particulièrement la Tunisie, la coopération avec l’Afrique a connu depuis la tenue du premier sommet du Forum de Coopération Sino-Africaine (FOCAC), à Johannesburg en 2015, une augmentation exponentielle avec l’institutionnalisation de cette plateforme qui gèrera les relations commerciales entre la Chine et ses partenaires africains.

C’est en 2018 que la Chine avait accordé à l’Afrique l’opportunité de rééquilibrer quelque peu la balance commerciale avec les pays africains, en organisant chaque année, au mois de novembre, une foire d’exportation de leurs produits vers le marché chinois. Cependant, cette stratégie qui a été appliquée avec beaucoup d’efficacité, a été sérieusement perturbée par l’entrée en scène d’un acteur inattendu, la pandémie du virus Covid-19.

Plusieurs questions contestées ou points d’achoppement entre les deux pays ont laissé entrevoir une certaine défaillance des USA à soutenir la concurrence chinoise et une profonde inquiétude sur le fait que Beijing a exploité l’impact mondial de ce virus pour réduire la distance avec Washington et même prendre une longueur d’avance en matière de compétitivité internationale et de la part qu’il occupe dans le commerce mondial.

Le discours du président chinois reflète sans aucun doute le message et la nouvelle stratégie de la Chine pour « briser la main mise d’un système économique international révolu ». Celà nécessiterait, selon la Chine, « une révision profonde pour équilibrer le commerce mondial et créer les conditions pour une prospérité économique et sociale plus juste de tous les pays du monde ».