Décès d’Ahmed Ben Salah : le super-ministre de Bourguiba
Le dernier des dinosaures de l’ère Bourguiba vient de s’éteindre. Ahmed Ben Salah est décédé aujourd’hui vers midi à Tunis, à l’âge de 95 ans. Affaibli ces derniers jours il avait été transféré d’urgence à l’hôpital militaire.
Aucun parmi les compagnons de Bourguiba dans l’édification de la République n’a avait occupé auprès du Combattant suprême la place exceptionnelle acquise par Ben Salah. Lors de leurs années de grandes passions, comme celle de leur triste rupture. Secrétaire particulier de Moncef Ben durant son exil à Pau, dirigeant syndicaliste, haut fonctionnaire de la confédération internationale des syndicats libres (CISL) à Bruxelles, secrétaire général de l’UGTT, et super-ministre en charge de l’économie, Ahmed Ben Salah avait marqué de ses empreintes les années 1950 et 1960. Jusqu’à sa disgrâce en septembre 1969, avec le coup d’arrêt à l’expérience de la collectivisation, son arrestation, son évasion via l’Algérie, puis son long exil.
Des cimes du pouvoirs, aux abîmes des geôles puis de l’errance en exilé, traqué aux trousses par des tueurs, Ahmed Ben Salah, aura toujours été un homme d’exception. Son limogeage en 1969 aura été à l’origine d’une pénible dépression dont Bourguiba souffrira longtemps.
Pour cet enfant de Moknine, les vraies valeurs ont toujours été l’irrévérence, la dignité et l’amour des pauvres. Il en fera son mantra au cœur de son engagement patriotique. Jusqu’à son dernier soupir, dans son immense solitude à Radès, cette proche banlieue qui avait accueilli Farhat Hached, Abdallah Farhat, Mustapha Filali, Ahmed Mestiri et en plus jeune, Maya Jeribi…
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