Fakhfakh et les ministres d’Ennahdha : La jurisprudence de Chahed avec ceux d'Afek a-t-elle des chances de fonctionner?
Elyès Fakhfakh n’est pas le premier chef de gouvernement à subir la décision d’un parti de sa coalition, Ennahdha de retirer ses ministres. Avant-lui, Youssef Chahed avait affronté la même situation en décembre 2017, avec Yassine Brahim, le chef d’Afek Tounes.
Souvenez-vous. Le gouvernement Chahed 2, formé le 6 septembre 2017, comptait quatre représentants d’Afek Tounes : 2 ministres et 2 secrétaires d’État. Il s’agit de :
- Faouzi Abderrahmane : Ministre de l’Emploi et de la Formation
- Riadh Mouakhar : Ministre des Affaires locales et de l’Environnement
- Hichem Ben Ahmed : Secrétaire d'État auprès du ministre du Commerce chargé du Commerce extérieur
- Abdoulkoudous Saâdaoui : Secrétaire d'État auprès du ministre de la Jeunesse et des Sports chargé de la jeunesse.
Dans un bras de fer avec Chahed, Yassine Brahim a fait adopter par le conseil national de son parti, réuni en session extraordinaire, le 16 décembre 2017, le retrait du parti du gouvernement d’union nationale, après avoir quitté le Dialogue de Carthage, invoquant notamment son rejet de la loi de finance votée. Conséquence logique, les 4 ministres et secrétaires d’État Afek, doivent renoncer à leurs postes au sein du gouvernement. A moins que…
Prompt à réagir pour préserver son gouvernement, Youssef Chahed les recevra immédiatement à Dar Dhiafa pour leur proposer de conserver leurs postes, s’ils le souhaitent, évidemment en rompant avec Afek. La partie n’était pas difficile à gagner. Le lundi 18 décembre, Chahed refusera officiellement les démissions de principe qui devaient lui être présentées. Le même jour, un-à-un, les quatre qui ont préféré le gouvernement plutôt que le parti, ont remis leur démission d’Afek.
« Prémonitoire, Chahed inventait « le dépassement politique » au-delà des partis, comme le pratique désormais Emmanuel Macron », s’amuse aujourd'hui un connaisseur du sérail.
Le 21 décembre 2017, Chahed expliquera doctement, dans un nouveau rendez-vous télévisé inventé pour la circonstance, pourquoi il les a retenus. « Nous avons la responsabilité de maintenir sa stabilité. Le gouvernement ne dépendra pas des tiraillements au sein des partis parce que sa philosophie ne repose pas sur les quotas partisans. Nous devons réunir les compétences indépendamment de leur appartenance politique. Il n’y a aucune place pour les sauts d’humeur, puisque c’est moi qui décide si un ministre quitte ou reste au gouvernement. Ils sont des ministres de la République et ma mission c’est la préservation de la stabilité du gouvernement. Pour cela j’ai décidé de maintenir les ministres de Afek Tounes".
L’histoire montrera que cette récupération politique sera réussie. Hormis Faouzi Abderrhamane qui ralliera Abdelkrim Zbidi, lors des présidentielles de 2019, les trois autres feront partie des premiers dirigeants du parti Tahya Tounès fondé en mai 2019 par Selim Azzabi pour Youssef Chahed. Plus encore, un secrétaire d’Etat, Hichem Ben Ahmed, bénéficiera d’une promotion au sein du gouvernement, obtenant en effet un ministère à part entière, celui des Transports…
Jurisprudence ?
Lire aussi
Bras de fer Fakhfakh – Ennahdha : ces ministres qui partiront… ne partiront pas