Les communicantes de Carthage: Nadia Akacha, Rachida Ennaifer, Rym Gacem et Hella Lahbib
Elles sont trois à gérer en direct la communication de la Présidence de la République, sous la direction très ferme d’une quatrième, la ministre-directrice du cabinet présidentiel, Nadia Akacha. Rachida Ennaifer, Rym Gacem et tout récemment Hella Lahbib.
Première à débarquer au palais de Carthage, Rachida Ennaifer, nommée conseillère principale. Juriste, ancienne journaliste (La Presse), syndicaliste irréductible (présidente de l’Association des journalistes tunisiens) et enseignante universitaire, élue membre de la Haica, elle finira par jeter l’éponge, ne pouvant accepter certaines pratiques. Mme Ennaifer se voit investie au cabinet présidentiel d’une charge des plus délicates auprès d’un président peu prolixe devant les journalistes. Les trois premiers mois, elle les a vécus sous le feu croisé de l’homme fort alors, Abderraouf Betbaieb, et la rumeur entretenait épisodiquement son limogeage imminent. Finalement, c’est lui qui est parti et c’est elle qui est restée…
En renfort, c’est Rym Gacem, journaliste à l’agence Tunis-Afrique Presse, qui est appelée à la cellule com dirigée par Rachida Ennaifer. L’ampleur de la tâche s’avérant lourde à porter, c’est une troisième femme journaliste, Hella Lahbib, qui est sollicitée pour rallier l’équipe.
Comme Rachida, Hella est issue du journal La Presse, mais aussi de la faculté des Sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis où exerçait Kaïs Saïed. Après avoir décroché une maîtrise en lettres et civilisation françaises (1989), elle était revenue sur les bancs de l’Université pour un mastère 2 de recherche en sciences politiques obtenu en 2013. Sujet choisi : «Le militant de base de Nidaa Tounes».
Férue de journalisme et de communication, Hella Lahbib a entamé sa carrière au sein de l’Atce (1992 -1996), avant d’enchaîner à l’Iace (1996 -2001) et de rejoindre le journal La Presse. Elle y fera des allers-retours, ira codiriger la rédaction du magazine Maisons et Jasmins (2009-2011), reprendra sa collaboration avec La Presse et deviendra rédactrice en chef, chef de service (2018-2020). Dernière grande interview remarquée, celle que lui avait accordée Rachida Ennaifer, le 16 octobre 2019, juste au lendemain de l’élection de Kaïs Saïed et présentée par notre consœur comme «collègue et amie du nouveau président de la République». Le titre, à la Une du journal, était accrocheur : «Le professeur Rachida Ennaifer dévoile la face cachée de Kaïs Saïed : l’histoire d’un homme devenu président de la République.» Et d’annoncer dès le chapeau introductif: «Ennaifer nous explique le projet de Kaïs Saïed auquel elle adhère entièrement.».
Quelques jours après, Rachida atterrissait à Carthage. Cinq mois plus tard, Hella l’y rejoindra, le 1er avril, ce qui fera dire aux «humoristes» : «Je te fais une interview, tu me nommes au palais de Carthage». Même si la pratique de faire appel à des journalistes très proches est très courante, personne ne peut réduire le mérite journalistique de Hella Lahbib à un simple «copinage». Veillant au grain, Nadia Akacha, la femme de fer de Carthage, ne l’aurait guère toléré.