Mahmoud El May - Pétrole et ports pétroliers en Libye
Les premières concessions pétrolières en Libye étaient détenues par des sociétés Américaines : Philips, Amerada Hess, Marathon. Ces compagnies ont arrêté leurs productions pendant les tensions Américano-Libyennes, survenues après l’attaque du 15 Avril 1986. Ces mêmes sociétés ont repris la production dans les années 90 sous le nom de Consortium Américain (CUS) ou OASIS Consortium.
Aujourd’hui tous les grands producteurs pétroliers mondiaux ont une présence en Libye.
Jusqu’en décembre 2019, la Libye exportait 1.2 millions de baril jour. A cause de l’avancée des troupes de Haftar, l’occupation des ports et l’arrêt des pipelines connectant les puits aux ports, l’exportation a baissé à moins de 100 milles barils jour. Ces quantités sont produites en zone off-shore (plateau continental) par ENI (Italie) avec Total (France), OMV(Autriche) Gazprom (Russie), ExxonMobil (US/UK). Les bruts exportés sont connus sous les noms El Jourf et Bouri.
La semaine prochaine des quantités supplémentaires seront exportées. Les Bruts Charara et Melita produits dans la région de Sebha par Repsol (Espagne) avec participation de TOTAL(France), ENI (Italie), et OMV(Autriche), seront exportés via le port de Zawia.
Vitol, (Boite multinational de Négoces basée à Londres), est à la recherche de navires pétroliers sur le marché pour charger ces cargaisons. Ces activités de locations navires (charter) sont visibles, et les mouvements des cargaisons de pétrole sont traçables.
Mais les plus grandes productions de bruts, à savoir ; Sarir, Amna, Zueitina et Es-Sider, restent encore bloqués. Ceci bien que les puits, les pipelines et les ports soient tous entre les mains de Haftar.
Il est à noter que tous ces bruts libyens sont de tout temps vendus par la NOC (National Oil Company-Tripoli « Al Haya »). La NOC est dirigée par Mr. Mustafa Sanalla, qui vient de déclarer que la Libye perd plus de 55 Millions de dollars par jour depuis janvier 2020. A la date de ce jour le total des pertes est estimé à plus de 5 Milliards de dollars.
Le pétrole libyen est produit aujourd’hui par Italiens, Français, Américains, Autrichiens, Espagnols et Russes. En général les concessions de pétrole sont détenues par des consortiums formés par plusieurs sociétés.
La distribution des revenus se fait de la manière suivante :
• Costs Barils : les barils pour couvrir les coûts qui reviennent aux producteurs.
• Profit Barils : les barils pour couvrir les profits de l’opération, agréés par NOC.
• Le reste, trésorerie Libyenne.
Bien que les producteurs puissent demander de prendre leur part en brut physique, la préférence jusqu’à ce jour était que NOC vend le pétrole brut et distribue les revenus.
La NOC, malgré toutes ces années de guerre, a réussi à garder une bonne réputation. Sa crédibilité lui permet de se faire prépayer des cargaisons sur une période d’un an. (Par contre en Iraq, SOMO “State Organization for Marketing of Oil” se fait payée 30 jours après livraison.)
Le pétrole en Libye ne peut constituer un enjeu pour provoquer une guerre pour différentes raisons:
• Presque tous les belligérants sont déjà sur place comme opérateurs.
• Les quantités sont insignifiantes par rapport au marché (1 %).
• Le pétrole, commodité stratégique est un concept d’un autre âge. C’est une commodité comme une autre, bien que nécessaire pour une éventuelle reconstruction.
• Le pétrole Libyen est resté des années sous embargo et personne n’a senti un quelconque manque.
• Contrairement aux idées reçues, le pétrole n’est pas volé, mais bien au contraire, il est mis sous embargo pour sanctionner des nations (Iran, Venezuela) et au besoin, maintenir son prix élevé. Un autre exemple serait l’Iraq, où la 2ème guerre du golfe et la destruction des infrastructures, l’ont empêché d’exporter pendant des années. L’Iraq, 15 ans après, vient de retrouver son niveau de production de 1980.
Quel pourrait alors être les intérêts des belligérants ?
• Turquie: Forage en haute mer (ZEE), et coupure de la route du East-Med Pipeline (Gazoduc Israël) (Voir article la guerre des Gazoducs).
• Russie: Reconstructions certainement payées par les revenus du pétrole, et possible base navale au centre de la méditerranée.
• La France et l’Italie: Zone d’influence et proximité.
• Les US: Opposition à l’expansion Russe.
• Égypte/Algérie /Tunisie: Intérêt économique, et voisinage de préférence allié.
Mahmoud El May