Mahmoud El May - L’intérêt de la Turquie en Libye est purement économique : La guerre des Gazoducs
Par Mahmoud El May - Les observateurs de l’intervention Turques en Libye croient voir une intervention de soutien aux groupes extrémistes, et oublient souvent que ce sont les intérêts économiques qui gouvernent les décisions des grandes puissances et des puissances régionales. Ils oublient souvent que la Turquie est aussi exposée à des attaques terroristes, et que la vie à Istanbul est loin de ressembler au quotidien vécu sous les régimes extrémistes islamistes. La Turquie est la plus grande puissance militaire de l’est du bassin méditerranéen et la 12eme puissance économique mondiale. Elle ne fait que défendre ses intérêts.
La réalité est ailleurs:
Trans-Anatolian Pipeline V/S East-Med Pipeline
La Turquie a inauguré en 2018 le gazoduc reliant la mer Caspien à l’Europe. Le Gazoduc de 8.5 Milliards de dollars financé par L’Azerbaïdjan à 58%, la Turquie à 30% et BP à 12%. Ce gazoduc traverse l’Azerbaïdjan, la Géorgie, la Turquie et doit traverser la Grèce pour arriver en Italie.
De l’autre côté Israël qui a commencé la production en haute-mer dans la Zone Économique Exclusive (ZEE) des pays limitrophes (Chypre, Liban, Syrie et autorité Palestinien, en excluant bien sûr les 3 dernières). Israël voudrait aussi vendre ce Gaz à l’Europe à travers ce qui dénommé «East-Med Pipeline». Une partie de ce Gaz est volé au Liban et à la Syrie.
En effet chaque pays côtier jouit de 12 miles d’eaux territoriales où il bénéficie d’une souveraineté absolue. Le droit international de lui reconnaît aussi 200 miles (370 km) de Zone Économique Exclusive (ZEE).
Pour détourner la Zone Économique Exclusive (ZEE) Turque, Israël doit utiliser le pipeline la reliant à l’Égypte «Arish-Ashkelone pipeline», qui représenterait le 1er tronçon du «East-Med pipeline».
Arish-Askelone pipeline était construit dans les années 80-90 pour transporter du Gaz Égyptien à Israël à des prix défiants toute concurrence. Après 2011, l’Égypte prétextant un retard de paiement a arrêté le contrat de vente à Israël. Israël a alors intenté un arbitrage international à l’Egypte. Cette dernière ayant perdu cet arbitrage a dû accepter en 2019 de changer la vocation du pipeline pour recevoir du Gaz Israël, pour le Liquéfier à Doumyate en attendant la construction du nouveau Gazoduc vers l’Italie.
La Turquie a établi un accord avec la Libye pour couper la route à l’«East-Med Pipeline», qui fait concurrence au Trans-Anatolian, provoquant une crise avec Israël et l’Égypte.
L’accord détermine le tracé des frontières maritimes entre la Turquie et la Libye, ou ils ont uni leurs ZEE pour les exploiter conjointement. Jusqu’à ce jour seul 4 pays (l’Égypte, la Grèce, Chypre et Israël) ont mis en doute la légalité de cet accord.
L’accord et les plans des frontières maritimes entre les deux pays ont été présentés pour l’approbation des Nations Unies. En cas d’approbation, c’est la mort du projet «East-Med pipeline». La Turquie a déjà offert à la Grèce de se connecter au «Trans-Anatolian Pipeline».
Où est l’intérêt de la Tunisie? La Tunisie qui garde une neutralité entre les belligérants, doit s’assurer de préserver l’accord sur le Plateau Continental Signé par la Tunisie et Al-Jamahiriya, qui nous donne le droit à la moitié des ressources de la zone. Le Plateau Continental représente aujourd’hui les seules exportations de brut par la Libye.
Mahmoud El May