News - 07.05.2020

La solution éradicatrice du ministre du Commerce Mohamed Msilini qui veut fermer les bureaux du Cepex à l’étranger

La solution éradicatrice du ministre du Commerce Mohamed Msilini qui veut fermer les bureaux du Cepex à l’étranger

Un ministre peut-il se croire tout permis ? Mohamed Msilini en charge du commerce n’est pas à sa première frasque en fausses manœuvres déplorables. Il vient d’annoncer que les 13 bureaux du Cepex à l’étranger pourraient faire l’objet de fermeture. Quelle outrecuidance ! Le démantèlement de ce réseau d’appui aux exportateurs, bâti aux prix de grands efforts déployés depuis de longues années par souvent de vrais militants vient porter un coup dur au bras armé de notre commerce extérieur. Priver nos industriels et nos exposants participants aux foires et salons d’un appui et d’un accompagnement aussi nécessaire et indispensable sur les marchés internationaux, relève de l’irresponsabilité. Nos compétiteurs s’en réjouiront. Les services centraux du Cepex sont-ils capables de monter à des distances les pavillions de la Tunisie dans les manifestations internatioanles, à Paris, Milan, Hanovre, Dubaï et ailleurs? A combien se montera alors la factures et avec quels risques? Le populisme risque de tuer !

Les fonds du Cepex proviennent en bonne partie des prélèvements sur les produits, le reste est consenti par l’argent du contribuable. Avant de vous y hasarder sur un coup de tête et au nom du fallacieux argument de l’intérêt public et de la rationalisation des dépenses, demandez au moins l’avis des exportateurs et de nos ambassadeurs !

Nos ancêtres, les Maisons de Tunisie

Dès l’aube de l’indépendance, Bourguiba avait ouvert des Maisons de Tunisie sous la tutelle de l'Office du Commerce de la Tunisie (OCT), non seulement à Paris, mais aussi à New York. Une formule qui réunissait sous un même toit tous nos représentants économiques à Tunis. Feu Mongi Loukil, (en photo à New York) qui avait installé et dirigé la première Maison à New York, en a rapporté un témoignage et des enseignements édifiants. Le concept a, depuis lors évolué. Raouf Ben Zakkour, qui y vit encore, peut en témoigner élogieusement. L’ONTT s’était installé, début des années 1970, sur la prestigieuse avenue de l’Opéra, sous la direction de Adel Boussarsar, et sur instruction de feu Hédi Nouira. La FIPA a fait un travail remarquable dans de nombreuses capitales européennes. L'Agence tunisienne de Coopération technique (ATCT), créée en 1972, est le porte-drapau d'envoi de dizaines de milliers de coopérants tunisiens, au Maghreb, en Afrique subsaharienne et dans les pays du Golfe. Dirigée successivement durant ses deux premières décennies par M'hammed Chaker, puis Hamed Zeghal, elle a implanté à l'étranger des bureaux très dynamiques, dirigés par de hauts resposnables tous dévoués et compétents.

Jeter tout cela dans l’eau, d’un coup de balai est une amputation dont nous payeront longuement les frais. Quitter un marché, c’est, s’en exclure durablement, et laisser la voie libre à nos concurrents. Y -reprendre pied coûtera très cher et demandera de longues années.

Refonder le dispositif

On n‘ouvre pas une représentation au gré des humeurs, voire pour y placer un affidé. On ne la ferme pas parce que son dirigeant s’est avéré incompétent. Qu’on repense la formule, dans le cadre d’une ré-architecture des représentations économiques tunisiennes à l’étranger (FIPA, ONTT, ATCT, etc.) est certainement impératif. L’optimisation des moyens, la synergie entre les organismes, et la recherche de l’efficience, sous la direction des ambassades, est un devoir qui s’impose à tous. Un suivi rigoureux, des contrats d’objectifs et une évaluation permanente sont de mise. La responsabilité en revient d’abord aux chefs de postes diplomatiques, premiers connaisseurs du terrain, puis aux dirigeants des organismes concernés et à leurs ministres. Si certaines représentations ont failli à leur mission, il faut les recentrer immédiatement, sans attendre une appréciation annuelle. Avons-nous choisi les meilleurs pour les dépêcher à l’étranger ? Leur avons-nous donné les moyens appropriés, imposé un reporting quotidien et apporté le pilotage vigilent depuis Tunis ?

Construire et non-déconstruire

Mohamed Msilini a-t-il inspecté un seul bureau du Cepex à l’étranger, ne serait-ce qu’à distance ? Revu les CV de leurs responsables ? Écouté, leur vécu ? Entendu leurs doléances et étudié leurs recommandations ?

Ne laissons pas un ministre décider, seul, d’une orientation stratégique. Elyès Fakhfakh, mais aussi tous les autres ministres concernés (Affaires étrangères, Tourisme, Industrie, Développement, Investissement, et Coopération internationale, Santé au titre du tourisme médical) doivent y faire attention, et fixer des lignes rouges infranchissables.

Ministre du Commerce, remisez au placard votre idéologie ''révolutionnaire'', et ne détruisez pas l’œuvre de vos illustres prédécesseurs. C’est de l’État qu’il s’agit !