Pourquoi Elyès Fakhfakh baigne-t-il dans le flou, la Tunisie avec !
Par Taoufik Habaieb - La sincérité et la bonne volonté sont certes des vertus cardinales, mais elle ne suffisent pas en politique, surtout en plein combat comme le nôtre aujourd’hui. Le chef du gouvernement, Elyès Fakhfakh bénéfice à chaque sortie publique d’un capital d’appréciation croissant. Mais, il laisse les Tunisiens sur leur faim quant aux questions pressantes qui les taraudent. Son plan de sortie de confinement en offre l’illustration. Rien de précis. Juste, deux nouvelles semaines de réclusion sous cloche, puis un allègement à compter du 4 mai prochain. Comment ? Selon quels critères ? A quel rythme ? Les Tunisiens sont dans le flou total.
L’agonie des sans grade
Le pêcheur interdit de sortie la nuit, couvre-feu oblige, se contente d’une furtive pêche côtière et non hauturière, ratant l’essentiel, passant à côté du poisson bleu interdit à la pêche. La fermeture des hôtels, restaurants, et restauration collective, et l’interdiction des déplacements entre les régions ajoutent au rétrécissement de sa zone et de ses horaires de pêche, et à l’arrêt de travail de ses principaux clients professionnels, l’obstruction de ses autres circuits de distribution. Il n’a de hâte que de savoir quand pourra-t-il reprendre ses sorties nocturnes, comme celles diurnes, sans limitation. Sa hantise est de ne pas pouvoir faire le plein de mazout pour appareiller.
Le maçon, comme le tâcheron sont, eux aussi, bloqués avec leurs compagnons. La bétonnière est silencieuse et la truelle remisée. Les chantiers, petits et grands sont à l’arrêt. Ni peintres, ni électriciens, ni verriers, ni plombiers, ni chauffagistes : tous cloués au sol. La filière est en souffrance.
Le menuisier est obligé de se confiner dans son atelier, la porte fermée. Le forgeron ne peut faire autant, ayant besoin d’air pour sa forge. Le tisserand est dans le noir. Le coiffeur, travaille à la sauvette. Le tailleur se taille lui-même une camisole. Le potier, tourne en rond. Les artisans sont en détresse. Sans parler des cafetiers, casscroutiers, et autres restaurateurs. Leurs maigres économies épuisées, et le point d’horizon obstrué, ils sont au bord de la faillite, la dépression en plus, tant qu’ils ne voient aucune lueur d’espoir poindre en perspective.
Tout ce dense tissu qui maille l’économie réelle s’effiloche.
Le chef d’entreprise, petite ou grande, n’est pas mieux loti. Entre endettement et faillite, il n’a d’autre choix que de chercher à survivre, sauver son affaire et secourir ses employés.
La boussole se fige
Jusqu’à quand pourront-t-ils tenir ? Fakhfakh ne le leur a pas dit. Par sincérité, il n’a pas voulu s’y hasarder, tant qu’il ne dispose pas de données épidémiologiques modélisées, de calculs d’impact économique et financier précis, d’alternatives diverses et variées soumises à son arbitrage. Le chef du gouvernement n’est nourri dans sa réflexion et pour sa décisions ni de riches et denses notes dûment documentées et inspirantes, ni d’éléments utiles de décision. D’après ses déclarations, on découvre que ce qui lui remonte de ses propres services, des différents départements ministériels et organismes ainsi que d’autres institutions tunisiennes et étrangères, avec tout le benchmark étranger nécessaire, ne lui fournit pas la matière précieuse et rigoureuse indispensable.
Approximations et incertitudes
Les différents scénarios de sortie de confinement restent alors très approximatifs, tant la maitrise des données sanitaires, économiques et sociales, ne sont pas étalonnées. Tout est réversible. Mais la clarté est de rigueur, les partis-pris aussi. L'essentiel, c'est la stratégie, bien expliquée, bien aapliquée quitte à la faire évoluer.
Marchant sur la crête entre sauver la vie humaine, et sauver le revenu, c’est à dire les démunis, les sans grade, les salariés et l’entreprise, le chef du gouvernement risque de naviguer à vue. Cette gestion approximative a un coût très élevé. Aujourd’hui, déjà, demain, sans doute.
Risque de contamination accéléré en deuxième vague et capacité d’accueil hospitalière, d’un côté, assèchement et sous-financement des entrepreneurs et abandons des actifs et des précaires, de l’autre : les urgences sont toutes risquées. Reprise en main en véritable chef ‘’de guerre’’ avec toute la puissance requise en renseignement et son traitement, plans de bataille, effectifs, armes et munitions, logistique et synergie, dans une approche globale en 360° est la clef de la victoire.
Massivement
L’alignement dans la cohérence et la complémentarité de tous les ministères, du dispositif sanitaire, du système bancaire et de la prise en charge sociale, autour d’un seul même objectif, est fondamental. Privilégier un seul aspect, un groupe d’intérêts, une catégorie, sans se soucier des autres est périlleux.
Dans ce nouveau monde naissant de l'aléatoire, le mot massif doit l’emporter : s’endetter massivement et bien utiliser chaque dollar ou euro obtenu, financer l’entreprise massivement, dépister massivement et non avec un objectif de 1000 tests par jour, distribuer les masques massivement, et pourquoi pas gracieusement en subventionnant le prix pour ne laisser que 100 ou 200 millimes à la charge du Tunisien, et secourir massivement les démunis.
L’heure n’est pas au bilan du gouvernement. Mais les Tunisiens qui font jusque-là confiance à Elyès Fakhfakh s’en souviendront. Et le jugeront. L’appuyer afin qu’il conduise cette ultime bataille, relève du devoir national. Fort de ce soutien, et avec plus de fermeté, de célérité et d’efficience, en fixant des objectifs et des délais précis, il doit architecturer l’action collective et la faire converger vers le moindre mal, et le plus de réussite.
Pas de flou, pas d’hésitation. Quitte à corriger. De l’action réfléchie en toute sérénité, dans l'ordre et la discipline.
T.H.
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Le Premier ministre patauge dans le flou et fait pataugé la Tunisie avec,parce que il n'est entouré des meilleurs. Dans tous les domaines, Toutes personnes pour réussir se qu'il fait, il faut qu'il soit entouré des meilleurs. Cela partout dans le monde.
Sans vaccin et sans médicament, non la Tunisie uniquement mais le monde entier vont devoir se jeter dans la mare, dans la pandemie. Le monde n'a pas le choix. Les gens petit à petit vont devoir aller chercher de la nouriture et ils vont attraper le virus. Les plus chanceux vont survivre, mais pas le reste. Je dis bien sans vaccin et sans médicament.
Je partage entièrement votre appréciation et votre analyse critique objective. Notre Chef de Gouvernement, confiné dans le trapèze qui nous gouverne, ne peut donner que ce qu'il a ou ce qu'il peut . Entre-temps les jours passent vite et le retard s'accumule dans le flou. Que Dieu nous protège du virus et du flou politique.
Entre sauver la vie humaine ou le revenu le coeur de mrFakhfakh ne semble pas balancer.Si la première paraît à l'évidence sacrée elle ne saurait résister face à un revenu en pleine déconfiture.Le chef du gouvernement devrait se placer au milieu de ce dilemme pour sauvegarder le minimum vital.Si l'on admet que le mystère corona persistera jusqu'à l'identification du vaccin,cela pourra durer assez longtemps au détriment de la vie humaine et du revenu à la fois.Il yaura donc tout intérêt à desserrer l'étau sur les activités économiques pour ne pas nous trouver affrontés à des réactions violentes et incontrôlées de la part de ceux qui auront faim.Les solutions existent,il suffit de prendre conscience du danger encouru si l'on maintient le statu indéfiniment.
Excellente analyse si Taoufik espèrons que si Fakhfakh puisse maitriser la situation avant qu'elle ne lui échappe .