Fakhfakh : On rattrape, on corrige et on prépare un déconfinement progressif
Le confinement général sera étendu jusqu’au 3 mai pour l’assouplir dès le 4 mai de manière ciblée et progressive. Le couvre-feu sera raccourci à l’orée du ramadan de deux heures, pour le repousser de 20 heures du soir à 6 heures du matin. Les tests, qui ont porté jusque-là sur 15.000 personnes seront intensifiés à un rythme de 1000 tests par jour. Les mesures d’accompagnement pour les démunis, les professionnels qui ont perdu leurs revenus et les entreprises impactées, seront renforcées. Pas d’année blanche, tous les examens auront lieu d’ici juillet prochain. Les cours reprendront vers la mi-mai pour le primaire et le secondaire et en juin pour l’enseignement supérieur, selon un calendrier qui sera annoncé le 29 avril. Le rapatriement des Tunisiens surpris par la pandémie à l’étranger alors qu’ils étaient en mission ou dans des zones de risque, et qui ont bénéficié à 18.000 de nos ressortissants, se poursuivra pour évacuer près de 10.000 Tunisiens. C’est en somme ce qu’a annoncé le chef du gouvernement, Elyès Fakhfakh, dimanche soir dans une interview télévisée.
Le chef du gouvernement s’est voulu pédagogue. Face à des interviewers qui sautent du coq à l’âne sans chercher à tirer de lui les réponses détaillées qu’attendent les téléspectateurs, il a surfé sur les questions. Fakhfakh s'est gardé d’aller en profondeur et avec précision sur les mécanismes d’appui aux entreprises, la préservation des emplois, l’aggravation du déficit budgétaire, la décroissance du PIB ou l’inflation.Tout le chapitre de la flambée des prix a également été occulté.
Pendant près de 90 minutes, Elyès Fakhfakh s’est surtout évertué à expliquer aux Tunisiens les spécificités du contexte épidémiologique et ses contraintes, l’impératif de garder la vigilance et d’agir pour amortir le choc économique et financier. Une interview qui apporte quelques réponses, montre une lueur de sortie partielle de confinement, à partir du 4 mai prochain, mais qui reste inachevée.
''La visibilité est plus claire et la maitrise de la crise, meilleure’’
Gardant une démarche prudente, qui évolue en fonction de la situation épidémiologique en Tunisie, tout en se préparant à faire face à des pics imprévisibles, Fakhfakh estime que ‘’la visibilité est plus claire et la maitrise de la crise, meilleure’’. ‘’Des dérapages ont été constatés, reconnaît-il, mais, affirme-t-il, rapidement corrigés, certains ont même été sanctionnés’’. Parmi ces dérapages, il a regretté le refus de l’hôpital de Médenine d’admettre un patient atteint du Covid-19, transféré de Djerba, ou encore, une présence populaire massive lors de l’inauguration par le ministre de la Santé, Abdellatif Mekki, d’un nouveau pavillon médical construit en un temps record par un mécène à Sousse. Sans omettre de mentionner les abus relevés lors de la distribution des aides de secours à des familles nécessiteuses.
"Pas de malversation avérée dans la commande des masques"
Fakhfakh préfère cependant attirer l’attention des Tunisiens sur la vision globale, à savoir une bonne gestion de la crise sanitaire, économique et sociale. Sans fausse fierté, et rendant hommage à tous les intervenants, avec une mention spéciale pour les soignants, il a mis en exergue l’action des membres du gouvernement et salué l’esprit civique et la solidarité qui animent les Tunisiens. Au passage, il a balayé d’un revers les suspicions de malversation relatives à la passation d’un marché public pour l’acquisition d’une grande quantité de masques chirurgicaux, défendant la bonne foi et l’intégrité du ministre de l’Industrie (Salah Ben Youssef).
Rendez-vous est pris, pour un nouveau briefing dans une semaine, a-t-il promis.