Quand la réalité dépasse la fiction
Ô rage, ô désespoir. Une fois encore, il faudra nous faire violence, sacrifier notre vie sociale. Nous voilà bien partis pour une période de confinement ciblé à partir du 4 mai. Quoi qu'on en dise, cette option était inévitable. Elle n'était pas la meilleure possible, mais seulement, la pire des solutions à l'exception de toutes les autres pour nous prémunir contre cette satanée pandémie de coronavirus, notre planche de salut, en l'absence de traitement et de vaccin. Trump aux USA et Johnson en Angleterre avaient tenté de l'éviter. Mal leur en a pris. Cette pandémie à la contagiosité peu commune n'hésite pas à aller chercher ses victimes chez eux en se lovant au besoin à travers les interstices des fenêtres et des rideaux et même dans les narines. Personne ne l'avait vu venir, ni les gouvernants tout à leurs querelles politiciennes, ni a fortiori, les gouvernés dont le souci majeur était les préparatifs du ramadan et accessoirement, les examens de fin d'année, ni même imaginé l'ampleur qu'elle prendra ce qui lui a permis de se propager dans le monde entier comme un feu de paille.
Aéroports fermés, avions cloués au sol, villes fantômes, usines à l'arrêt, hôpitaux devenus de simples mouroirs, files interminables devant les boulangeries, la pandémie a mis le monde sens dessus-dessous et contraint la quasi totalite de la population de la population mondiale, soit 7 milliards de personnes réparties sur les cinq continents plongeant toute la planète
dans une atmosphère de fin du monde. On s'amusait à se faire peur à travers les films d'épouvante. On est bien servis. Nous voilà dans l'oeil du cyclone. Même les scénaristes de Hollywood, n'auraient jamais imaginé une catastrophe comme celle que nous vivons. Jamais, aussi, le genre humain n'a paru aussi fragile, aussi impuissant face à cette pandémie au point de recourir à une arme d'un autre âge, la mise en quatorzaine des malades. Pour une fois, la réalité a dépassé la fiction
L'homme se croyait maître de l'univers. Il découvre sa vulnérabilité. Il n'est qu'un roseau notait Pascal, il y a 400 ans, le plus faible de la nature, mais c'est un roseau pensant (ce qui fait sa force et sa singularité). "Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'écraser: une vapeur, une goutte d'eau, suffit pour le tuer. Mais, quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu'il sait qu'il meurt, et l'avantage que l'univers a sur lui, l'univers n'en sait rien".
A quelque chose, malheur est bon. Cette crise est au fond, le révélateur de nos nos dérives. Cette pandémie en est la fille, notre créature, notre Frankenstein. Nous n'avons cessé d'agresser notre planète, de la défigurer au point de l'amener à se venger de nous. Il est grand temps de nous amender.
En attendant le traitement et le vaccin (ils ne sauraient tarder, la nécessité étant la mère de toutes les inventions), il ne nous reste plus que notre instinct de conservation pour nous accrocher à la vie et ce conseil de Pascal à suivre pour en tirer les enseignements:
"Toute notre dignité consiste en la pensée. C'est de là qu'il nous faut relever et non de l'espace et de la durée, que nous ne saurions remplir. Travaillons donc à bien penser: voilà le principe de la morale".
Hedi Béhi