Chute des consultations aux services d’urgence : Pourquoi ? Et quels risques du renoncement aux soins ?
Tendance générale, pas uniquement en Tunisie, observée: les services d’urgence enregistrent une chute significative du nombre de patients qui viennent jour et nuit en consultation, souvent sans aucun motif de priorité dument justifié. De grands hôpitaux à Tunis interrogés par Leaders indiquent que le taux d’affluence qui est habituellement exagéré, est tombé de 70% voire-même 80%.
« Les raisons en sont multiples, nous explique Dr Rafik Boujdaria, chef des urgences au désormais pôle hospitalier Drs Mahmoud Materi et Abderrahman Mami, à l’Ariana. Elle révèle en effet un mauvais recours aux urgences, déviées de leur fonction essentiele. Pour de nombreux patients qui auraient pu attendre le lendemain et se rendre aux consultations ordinaires, ils y voient un coupe-fil pour accéder rapidement aux soins. Pour d’autres, il s’agit surtout d’obtenir le renouvellement d’une ordonnance médicale ou d’un arrêt de travail. Ces deux facteurs se sont conjugué avec un troisième élément à prendre en considération : la peur d’attraper une contagion, en ces temps de pandémie ainsi que la crainte de se faire dépister, d’apprendre qu’ils sont positifs au Covid-19 et, du coup, obligés d’être mis en confinement d’office. »
Dr Boujdaria qui note l’aspect favorable du désencombrement des services hospitaliers et des soignants, ne manque pas cependant de mettre en garde contre les risques que présente le renoncement au soin. « Taire des pathologies et reporter à plus tard leur prise en charge peut s’avérer dangereux », insiste-t-il. Il est rejoint dans cette préoccupation par le ministre de la Santé, Dr Abdellatif Mekki. Dans un post publié sur sa page FB, il attire l’attention des Tunisiens sur ces reports de soins pouvant compliquer l’état de santé des patients, puis sur-encombrer un jour ou l’autre la capacité hospitalière. Il y rappelle également l'importance des vaccinations usuelles.
Sans s’y prononcer publiquement, les cliniques d’hospitalisation privée, ainsi que les médecins exerçant en libre pratique qui enregistrent une forte baisse de leurs activités, en raison du confinement général et du couvre-feu, ne sauraient sans doute que souscrire à ce rappel de vigilance face aux pathologies ne pouvant souffrir le moindre report de traitement.