Bourguiba, 20 ans déjà! (Album Photos)
Le 6 avril 2000, dans la solitude qui lui était imposée, le président Habib Bourguiba nous quittait. A l’inique confinement de force à Monastir, privé de visite, même de ses plus proches, s’était ajoutée la mesquinerie de ne pas retransmettre ses obsèques à la télé. Cet acharnement de ceux qui lui avaient confisqué les plus simples droits, après lui avoir extorqué le pouvoir, ne fera qu’auréoler davantage sa légende.
Photos exeptionnelles, grâce à l'aimable concours des Archives Nationales
& de la Fondation Habib Bourguiba
Une œuvre détournée
Aujourd’hui plus que jamais, en ces temps de populisme aberrant, d’amateurisme politique, d’incompétence dans la gestion des priorités et des crises, le Combattant suprême, le Zaïm, le fondateur de l’Etat moderne, manque à tous.
Voir sa vision des relations internationales, qui a donné à la Tunisie une place exceptionnelle dans le concert des nations, battue en brèche est une grande déception.
Assister la mort dans l’âme à l’abandon de sa lutte contre l’exclusion et la précarité, son engagement pour des soins de santé garantis à tous, son sens de la solidarité sociale, de la prise en charge des démunis et du soutien aux plus vulnérables, pour de la gesticulation médiatique, est un drame.
Vivre sous le déferlement de la gabegie des idéologies les plus hétéroclites, de la mainmise des trafiquants de tout acabit et des charlatans, se donnant une virginité de notable, voire d’élus de la nation et décider du destin des Tunisiens, est un supplice.
A la force de l’esprit, de la raison, des droits universels, de l’ouverture sur le monde et sa fécondation, du progrès et du triomphe de la science, du savoir et de l’éducation, de la primauté de l’homme et de l’humain, risque de se substituer le rétrécissement de la vision pour ne se limiter qu’à l’illusoire.
La Francophonie en communauté de liens et d’action
Bourguiba aurait tant aimé accueillir à Tunis, en décembre prochain, le 18e sommet mondial de la Francophonie, ce mouvement qu’il avait cofondé avec ses pairs à Niamey le 20 mars 1970. Son périple africain, pendant plus d’un mois, en novembre-décembre 1965, et ses multiples discours, notamment celui prononcé fin novembre à l’Université de Dakar au Sénégal, où une grande avenue porte son nom, préfigurent ce destin commun des pays à peine affranchis du colonialisme. Bourguiba sera magistral dans son plaidoyer en faveur d’une communauté de liens et d’action dans son discours historique à Montréal le 11 mai 1968. C’était un rempart contre l’obscurantisme rétrograde, l’extrémisme religieux et le néo-colonialisme. C’était aussi un fracassement de carcans étouffants et une nouvelle libération. Les relire, ou les revoir sur les réseaux sociaux nous interpellent par leur l’immense visionnaire qu’était Bourguiba.
Source d’inspiration et motif de courage
Alors que des esprits chagrins persistent à dénier au bâtisseur de la Tunisie nouvelle tout mérite, toute réalisation, toute avancée, le Combattant suprême les toise du haut de sa statue équestre, érigée par son disciple Béji Caïd Essebsi, au cœur de la capitale. Son parcours d’orphelin né dans une famille modeste, du petit patelin du Sahel qu’était alors Monastir, jusqu’à la Sorbonne, son combat politique pour l’indépendance, puis pour instaurer la République en fondement d’un Etat moderne, et son œuvre restent pour nous tous source d’inspiration, de méditation et de fierté. Bourguiba nous fournit aujourd’hui les ressorts du courage, de la détermination et de l’espoir.
Paix à son âme.
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