Aïssa Baccouche: Sid’ Ahmed Zghal, le dernier des «Mohicans»
Ils sont partis. Ils sont allés là Haut. Ali El Hili, Mohamed Ali El Abrougui, et Zakaria Ben Mustapha nous ont déjà quittés. Maintenant, c’est Ahmed Zghal, qui, à son tour, tire sa révérence.
Tous les quatre furent les pionniers du mouvement écologiste en Tunisie, né il y a un demi-siècle.
J’ai eu le privilège de les côtoyer ensemble. Je puis témoigner des efforts qu’ils ne cessèrent de déployer, leurs vies durant, pour la protection de la nature dans notre contrée et au-delà.
El Hili fonda l’ «Association des amis des oiseaux» et El Abrougui, l’un des membres de l’instance suprême de l’Union Internationale de la Conservation de la Nature (UICN), succéda à Ben Mustapha à la tête de l’association tunisienne pour la protection de la nature et de l’environnement (ATPNE) qu’il fonda à l’aube des années 70, avant même qu’il ne fut investi des pouvoirs de maire de la capitale de 1980 à 1986.
Quant à Sid’Ahmed, compagnon de Si Zakaria et maire de Sfax de 1985 à 1990, il fut le principal déclencheur de la dynamique environnementale dans cette ville martyrisée par la pollution. Ce fut d’ailleurs une raison plus que suffisante pour que le réseau des ONG actives en la matière prît l’initiative de réunir un conclave sous les auspices de l’association de protection de Sfax. J’y étais.
Une fédération devait naître pour donner corps et âme à ce tissu associatif. Mais les pouvoirs publics de l’époque ne l’entendirent pas ainsi. Ils craignaient - ils me l’ont clairement exprimé lors du dépôt des statuts de cette fédération- que nous constituions un contre-pouvoir ou à tout le moins un parti d’opposition. Il est vrai que certains parmi nous avaient tenté de créer ce parti des verts sous la houlette cette fois-ci de l’un de nos camarades Dr Mohamed Aloulou. Mais là aussi nous avions essuyé un Niet.
Une fédération verra toutefois le jour à la faveur de la révolution de 2011. Sid’Ahmed peut reposer en paix. Le combat qu’il mena en compagnie des figures illustres dont nous venons d’honorer la mémoire, ne cessera point.
«Les morts, écrivait Victor Hugo, sont les invisibles; ils ne sont pas les absents»
Aïssa Baccouche