Habib Zgoulli, le spécialiste des concessions d’énergies nouvelles, nous quitte
Il ne lui restait plus qu’un mois pour qu’il puisse faire valoir ses droits à la retraite et jouir de son Cap Bon natal. Habib Zgoulli, ingénieur, chargé des énergies nouvelles et renouvelables à l’ETAP, vient de succomber à une subite maladie. A peine rentré de l’étranger où il accompagnait son épouse en mission, plein d’idées nouvelles qu’il comptait mettre immédiatement au service de la Tunisie, le voilà fauché à l’âge où il pouvait encore rendre de précieux services dans un secteur naissant et prometteur.
Spécialisé en pétrole et énergie, Habib Zgoulli qui avait accompli une longue carrière au sein de la Compagnie Franco-Tunisienne des Pétroles (CFTP, groupe ETAP) a été appelé, il y a quelques années, au cabinet du ministre de l’Energie, des Mines et des Energies renouvelables. Chargé de mission auprès du ministre, il devait plancher sur la première expérience tunisienne de mise en place d’un cadre d’autorisations et de concessions de production d’électricité à partir de stations photovoltaïques et champs d'éoliennes. Tout était à concevoir. De la stratégie générale, au cadre juridique et procédures d’appel à candidature, des critères de sélection à la passation et suivi de mise en œuvre. Dans la transparence et en faisant barrage aux opportunistes.
Trois ministres successifs auront eu l'occasion d'apprécier la compétence et la clairvoyance d’Habib Zgoulli. Mongi Marzoug, Héla Cheikhrouhou et Khaled Kaddour trouveront en lui un grand expert qui a saisi l’orientation des politiques publiques en la matière, nourri leur réflexion d’éléments utiles, éclairé leur décision et plancher sur toutes les options possibles de leur mise en œuvre. Dans ces « nouveaux marchés » qui attisent l’appétit de certains opérateurs féroces, Habib Zgoulli, était d’une rigueur, d’une confidentialité, d’une intégrité, totales. Jamais pris à défaut, ni de compétence, ni de dévouement à l’intérêt national, il a toujours été à la hauteur de sa tâche, forçant la confiance et l’appréciation de ses ministres et de ses collègues.
Le nouveau modèle énergétique adopté, comme l’avait expliqué à Leaders, le ministre Khaled Kaddour, devrait permettre de porter la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité de 4% actuellement à 30% en 2030. A titre pédagogique et d’apprentissage général, il fallait commencer par de petites capacités de 1 à 10 MW à mettre en place par des entreprises privées et dans le cadre du régime des autorisations, une capacité renouvelable de 210 MW en 2018. On passera ensuite aux concessions d’une capacité de 200 et plus, alors qu’une station éolienne de 80 MW, reliée à la Steg, est implantée à Jebel Tabgaya, gouvernorat de Kébili, pour des investissements d’environ 240 MD.
Le limogeage de Khaled Kaddour par Youssef Chahed fin août 2018 sonnera le glas de l’équipe. Le nouveau ministre s’entêtera à décimer l’équipe, comme si elle était attachée à la personne de son prédécesseur, alors qu’elle comprenait de hauts commis de l’Etat. Du coup il mettra fin entre autres au détachement d’Habib Zgoulli qui devait regagner la CFTP. La mort dans l’âme, Zgoulli ne pouvait accepter ni l’oisiveté, ni continuer à percevoir un salaire, sans rien faire. Il aura fallu que Mohamed Ali Khelil, soit nommé fin décembre 2018, PDG de l’ETAP, pour qu’il récupère une compétence aussi précieuse que rare, et d’appeler à ses côtés Habib Zgoulli. Chargé du dossier qu’il maîtrise le plus, il développera un plan ambitieux pour l’ETAP dans la promotion des énergies nouvelles et renouvelables. Et voilà que le destin nous prive de son expertise.
Habib Zgoulli nous a quitté en martyr du devoir
Allah Yerhamou.
Taoufik Habaieb