Cornavirus Covid-19: A quelque chose malheur est bon…
Le modèle «capitaliste», en vigueur dans la plupart des pays, a pris un sérieux coup sur la tête…
Tant décrié par des économistes lucides, la cupidité et le laisser-faire de ce «modèle», le monde a dérapé au début des années 1990 – avec une mondialisation sans limite – prônée d’abord par les Etats-Unis de Reagan1 (au pouvoir de 1981 à 1989), avec l’appui du Royaume-Unis de Thatcher (au pouvoir de 1979 à 1990), adoptée ensuite par la nouvelle Union européenne (1993), puis par la nouvelle Organisation mondiale du commerce (OMC), créée en 1995.
Cette nouvelle politique libérale, dont le virus chinois révèle au grand jour les méfaits, a été exploitée par la Chine² de Deng Xiaoping (au pouvoir de 1983 à 1990) et ses successeurs, la Russie (après la dissolution de l’URSS en 1991) et le reste du monde bon gré mal gré. La Tunisie l’avait adopté avec mesure avant 2011 et elle a lâcher la bride libre aux capitalistes (formels et informels) depuis 2011…
Acheter en Chine ou en Turquie un produit «très bon marché» et détruire en conséquence le tissu industriel national ne doit plus être admis. C’est valable pour les médicaments comme pour les crayons comme pour les vêtements4.
Le virus a convaincu, du moins les plus lucides (cf discours de Macron5 et de Bruno Le Maire6), que les krachs financiers en série depuis vingt ans et les manipulations politiques des prix des matières de base3.
Pour les pays «responsables», il y aura un avant et un après «virus de Wuhan». Les changements prendront certes du temps, mais l’ère du «100% marché libre» doit être mise en quarantaine avant d’être soignée. Vivement le retour d’un «Etat providence» qui mettra les services publics, au sens large, hors du marché capitaliste et des règles du profit à tout prix.
Samir Gharbi
(1) En 1985, l’OCDE accepte la demande des USA pour réduire le protectionnisme. Une série de « rounds » de négociations est lancé au sein du GATT. Elle se termine en 1995 avec un accord mondial pour libéraliser les échanges sous la houlette d’une nouvelle Organisation mondiale du commerce (OMC). Objectif : « ouvrir, libéraliser et intégrer » tous les pays membres de l’OMC au nouveau crédo de l'économie libérale… Libéralisation des échanges de marchandises, de services, de transports et de capitaux. Seuls les mouvements de main d’œuvre restent sous contrôle.
(2) En 2001, après plusieurs années de négociations, la Chine est admise à l’OMC avec le statut d’un « pays en voie de développement »…
(3) Comme pour le pétrole : il a suffi que le prince héritier saoudien le décide pour que le prix de baril chute d’un coup de 30% le sur les bourses mondiales. Voir infographie.
(4) A la faveur du virus, les Français découvrent que la fabrication des médicaments dépends en grande partie des molécules fabriquées en Chine. En Tunisie, l’Etat ne dit rien et ne fait rien face à la destruction de pans entiers du tissu industriel national du textile et du prêt à porter et de l’électroménager, du plastique, du papier et de la robinetterie, par exemple, qui ont été mis en faillite depuis quelques années par les importations libres de produits finis de Chine et de Turquie.
(5) Président de la République française, Emmanuel Macron : « Mes chers compatriotes, il nous faudra demain tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s'est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour, interroger les faiblesses de nos démocraties. Ce que révèle d'ores et déjà cette pandémie, c'est que la santé gratuite sans condition de revenu, de parcours ou de profession, notre Etat-providence ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe. Ce que révèle cette pandémie, c'est qu'il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner notre cadre de vie au fond à d'autres est une folie. Nous devons en reprendre le contrôle, construire plus encore que nous ne le faisons déjà une France, une Europe souveraine, une France et une Europe qui tiennent fermement leur destin en main. Les prochaines semaines et les prochains mois nécessiteront des décisions de rupture en ce sens. Je les assumerai. » Intervention officielle le 13 mars de 27’10. Ce passage ce débute à 24’08.
Réf. https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2020/03/12/adresse-aux-francais
(6) Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire : « Pour terminer, je voudrais vous dire ma conviction qu'il y aura un "avant" et un "après cette épidémie de coronavirus sur l'organisation de l'économie mondiale et que nous voyons bien, dans un certain nombre de secteurs, à quel point il est important de réfléchir à une meilleure organisation des chaînes de valeur, à une relocalisation d'un certain nombre d'activités stratégiques, en particulier dans le domaine de la santé, et à bâtir une mondialisation où les chaînes de valeur soient mieux protégées, plus indépendantes et évitent également des déplacements qui sont parfois inutiles, alors même que certaines productions pourraient être faites à proximité. » (intervention « point-presse » du 9 mars. Réf. : https://minefi.hosting.augure.com/Augure_Minefi/r/ContenuEnLigne/Download?id=DB8C4EC7-E96F-4DD7-AFF0-4F6EBE03D253&filename=2060%20-%20Discours%20de%20Bruno%20LE%20MAIRE%20-%20R%C3%A9union%20avec%20Muriel%20PENICAUD%20-%20impact%20coronavirus.pdf