Coronavirus et la Tunisie : Qui s’occupe de l’estimation d’impact et du plan de stabilisation économique en conséquence ?
A la louche, Elyès Fkhfakh a affirmé que la pandémie du coronavirus coûtera à la Tunisie pas moins qu’un demi-point de croissance de son PIB. Sans en étayer les fondements, ce qui est compréhensible avec l’accélération de la viralité et le manque de visibilité, il n’a pas cependant mentionné, dans son interview à El Maghreb, le dispositif mis en place en vue d’estimer avec la précision possible l’impact sur les différents secteurs économiques et financiers du pays. Les Tunisiens attendent du chef du gouvernement qu’il leur explique la démarche, si elle est déjà engagée, ses échéances périodiques de mise à jour et surtout le plan de stabilisation appropriée qui sera mis en œuvre.
Tout ce que l’on sait pour le moment, c’est que les services de la Banque centrale, rompus à l’exercice, ont d’ores et déjà engagé les premières estimations. Mais il s’agit sans doute de notes internes, constamment mises à jour pouvant faire éventuellement l’objet de communication à Carthage, la Kasbah et le Bardo, si leurs locataires le sollicitent.
Il n’y a pas que l’opportunité de la baisse du prix du baril de pétrole
L’impératif de transparence et de redevabilité impose cependant au chef du gouvernement de rendre compte à la nation de l’ampleur des dégâts économiques et financiers de la pandémie, mais aussi de signaler les opportunités qu’elle pourrait cependant offrir. Selon le fameux idéogramme chinois de crise (Wei Ji), il y a à la fois risque et opportunité. C’est le cas par exemple de la baisse historique du prix du baril de pétrole, perdant de 22% de sa valeur (32 à 34 $ le baril, mardi matin). Ce plongeon, expliqué entre-autres facteurs par la décision saoudienne de casser ses prix et d’accroître sa production, ne manque pas d’intérêt pour la Tunisie. En s’abritant des soubresauts sur les marchés internationaux, un hedging à 40 $ serait de tout bénéfice pour notre budget et évitera une nouvelle augmentation à la pompe, comme recommandé par le FMI. Le ministre de l’Energie, des Mines et de la transition énergétique, Mongi Marzoug, expert en la matière, sera bien en mesure de nous en éclairer.
Une autre occasion s’offre pour l’exportation nos produits agricoles et de pêches. L'Italie, qui est l'un des principaux exportateurs agricoles en Europe, est au confinement. La Tunisie pourrait profiter de ce passage à vide pour doubler ses exportations et notamment écouler nos stocks d'huile d'olive en Europe et ailleurs dans le monde.
Sur un plan stratégique et de politiques publiques, le système tunisien de santé Tunisien qui sera mis à rude épreuve dans les jours à venir, nous donne à réfléchir. C’est le moment exceptionnel pour le gouvernement afin de reconsidérer ce secteur et l’ériger parmi les axes stratégiques et prioritaires de développement. Mise à niveau des établissements de santé publique, réforme de leur gouvernance, encouragement du secteur privé, promotion de la Tunisie comme destination santé, etc.
Un appui spécial à demander aux bailleurs de fonds
S’exprimant mardi devant les élus de la nation, le nouveau ministre des Finances, Nizar Yaiche a indiqué que le gouvernement s’emploie à examiner en profondeur les nouvelles opportunités qui s’offrent et surtout à endiguer les conséquences négatives du coronavirus sur les finances publiques et les différents secteurs économiques exposés à ses dommages collatéraux. Commerce, tourisme, artisanat, petits métiers, industrie et finances se trouvent en première ligne face à tant des risques, avec en corollaire absentéisme des salariés et ralentissement général dans les entreprises.
Quant au nouveau ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, il est attendu pour fournir des explications sur les démarches entreprises avec les bailleurs de fonds régionaux et internationaux, afin de bénéficier d’un soutien ad-hoc.
T.H.
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