Habib Kechaou, a-t-il des chances de devenir ministre des Affaires sociales
Son téléphone ne répond pas tous ces derniers jours. Sauf, lorsqu’il s’agit d’un appel d’Elyès Fakhfakh. Habib Kechaou, présenté comme "indépenadnt" a faillit être officiellement désigné candidat au poste de ministre des Affaires sociales, si la composition du gouvernement était bouclée et remise ce samedi soir au président de la République. Ce qui n'est pas encore le cas, après le retrait d'Ennahdha. Ce ministère devait lui revenir depuis 2011 mais lui avait échappé jusque-là. Spécialiste en gestion des ressources humaines (GRH), il avait commencé par exercer en tant que GRH dans une grande entreprise industrielle, puis en qualité de consultant en relations professionnelles, avant de conseiller des chefs de gouvernement. Si sa compétence est avérée dans la médiation des relations professionnelles, il devrait faire ses preuves si Fakhfakh boucle sa liste, dans la résorption de la pauvreté et de l’exclusion, le sauvetage des caisses sociales en naufrage, la prise en charge des handicapés et la lutte contre les addictions et les fléaux sociaux. Là il ne s’agit plus de faire le go between (intermédiation), mais de dresser des politiques publiques et de réussir leur mise en œuvre.
Des entrées partout
Proche d’Ennahdha, mais aussi de l’UGTT et de l’UTICA, Habib Kechaou a sans cesse assumé des fonctions publiques et (assuré parfois d’autres, occultes, au gré des gouvernements). C’est ainsi qu’on le retrouve conseiller social auprès de trois chefs de gouvernement successifs Hamadi Jebali, Ali Laarayedh et Mehdi Jomaa.
En 2015, Habib Kechaou sera nommé directeur général de la compagnie pétrolière mixte tuniso-libyenne Joint Oil. Loin de pantoufler en sinécure, il conduira à la tête d’une équipe de spécialiste un grand projet de relance. Mais, la politique restera toujours lui couler dans les veines. Visiteur assidu de la Place M’hammed Ali (UGTT), de la Kasbah (où il compte nombre d’amis), de Montplaisir (Ennahdha, où il est accueilli chaleureusement à tous les étages) et de la Cité El Khadhra (UTICA), il préfère donner ses rendez-vous dans un café discret d’Ennasr.
La Choura d’Ennahdha le choisira en novembre dernier parmi les Top premiers candidats au poste de chef de gouvernement, mais Habib Jemli l’emportera finalement, sans pour autant parvenir à obtenir l’aval du Parlement. Une nouvelle opportunité s’offre alors à Kechaou, avec la désignation d’Elyès Fakhfakh pour briguer la Kasbah. Il se joindra rapidement au noyau dur de son équipe et prendra place à Dar Dhiafa, aux côtés de Hédi Damak, Fathi Touzri, Adnene Ben Youssef et Lobna Jeribi.
Ce qu'attendent de lui Kais Saïed et ... Nabil Karoui
Arrondir les angles, désamorcer les conflits sociaux, et négocier de nouveaux accords : Kechaou sait faire. Et il en a fait preuve. Maintenant, son rayon d’action, s'il se confirme, s’élargit au-delà du Travail (un front embrasé) et de la Sécurité sociale véritable casse-tête avec le gouffre financier des caisses), au développement social, c’est-à-dire la pauvreté, la précarité, l’exclusion, l’analphabétisme, les minorités visibles, les handicapés et autres déficiences.
C’est à ce grand défi que l’attendrait alors Kais Saied. Mais aussi, Nabil Karoui, tous deux en ont fait leur promesse électorale. Ennahdha en a fait son terreau fertile d'intervention. Kechaou devrait dans ce cas, certes garder un œil sur les conflits professionnels, mais promener son regard sur la misère sociale et y apporter réponse.