Carnet de voyage… en Scandinavie
La Scandinavie, c’est trois pays sympathiques, paisibles et attrayants. Ils accueillent bon an mal an 25 millions de touristes étrangers et près de 40 millions de touristes locaux. Chez eux, le tourisme est une activité très bien organisée. Et on s’en aperçoit dès l’arrivée en ville : les bureaux de tourisme accueillent tout le monde avec le sourire et en plus avec toutes sortes de documents (cartes, brochures…) et toutes sortes de renseignements utiles : vous demandez ce que vous voulez et on vous répond aimablement sans jamais se presser : les événements dans la ville au cours de la journée, de la semaine ; la liste des hôtels ; la liste des musées; les dessertes de bus ; des conseils… Et tout cela gratuitement et, je le redis, avec le sourire dans un local propre, lumineux, agréable… Dans certains bureaux, vous pouvez même acheter votre « pass » musée et « pass » transport pour la journée !
C’est la première chose qui frappe : ça vous rend la vie facile, vous ne vous sentez pas perdu… et vous pouvez y revenir à tout moment, même pendant la pause-déjeuner. Les agents – femmes et hommes – qui vous accueillent, je l’ai à chaque fois ressenti, sont compétents et aiment leur pays.
Quand je pense à ma Tunisie qui investit dans le tourisme depuis soixante ans et où on ne trouve pas encore un bureau digne de ce nom, j’estime qu’elle peut faire mieux partout à Tabarka, Tunis, Carthage, Hammamet, Nabeul, Sousse, Tozeur, Sbeïtla… Nos dirigeants qui voyagent ne voient-ils pas ce que font les pays européens ? Ne se disent-ils pas « tiens, on peut faire comme eux » ? Nous avons les ressources humaines (avec une formation spécifique) et des ressources financières à lever (auprès de tous les bénéficiaires du tourisme, ce sera pour eux une obole utile). Quand vous êtes dans l’enceinte de l’aéroport de Tunis ou de Monastir, chercher le bureau du Tourisme, vous en trouverez un… Observez ce qui s’y passe ? Regardez ce qu’il y a dans les étagères comme documents ? Quelques petites brochures… On peut et on doit améliorer l’état de nos structures d’accueil au profit des touristes locaux (en développant en particulier les voyages scolaires) et des étrangers !
Avant de faire ce périple scandinave, nous avons préparé tout « en ligne»: les étapes, les trajets, les billets de transport, les réservations d’hôtel… et une réservation de restaurant. Tout était prêt trois mois à l’avance. Je me demandais est-ce que tout ira bien ?
Je vous assure que pendant les douze jours de ce voyage à travers trois pays, il n’y a pas eu la moindre anicroche : les trains, les bus, les bateaux sont partis et arrivés aux heures prévues, et presque à la minute près ! Même le restaurant réservé longtemps à l’avance, sans rappeler la veille, je me présente à l’entrée : ma table était bien réservée !
Pour attirer tant de touristes internationaux, la marge d’incertitude devrait être – au niveau de ceux qui vous reçoivent – réduite au maximum. Car c’est bien le non-respect des horaires et de la qualité de l’accueil qui conditionne qu’un touriste soit satisfait, qu’il revienne et qu’il en parle positivement (le fameux bouche-à-oreille). L’indicateur du « taux de retour» est un facteur clé dans le développement de l’activité touristique.
Le deuxième indicateur – les dépenses hors hôtel – dans la restauration, les achats (artisanat, autres), les musées, les excursions… est tributaire de l’accueil et de l’organisation : quand le touriste dispose d’un «programme», quand il sait où il va aller et qu’est-ce qu’il va voir, il est à l’aise et sort de l’hôtel. Je l’ai constaté à Marrakech (voir Leaders n° 10). En Scandinavie, partout où je suis allé, j’ai vu que la moindre parcelle du patrimoine (un lieu, une maison d’artiste, un palais…) est bien répertoriée, avec les jours, les horaires d’accès, les tarifs d’entrée, la gratuité étant précisée à chaque fois. Chez nous, pour trouver un musée, un, ce n’est pas évident et, deux, il faut se rendre sur place pour trouver les infos. J’en ai fait l’expérience avec le tout nouveau de Ksar Saïd, au Bardo (novembre 2019) : aucune info dans la presse sur ce nouveau musée qui venait d’ouvrir, sans avoir un site web… Une fois sur place, l’accueil est correct, l’entrée est gratuite, mais il fallait attendre l’autorisation du responsable car la principale salle du musée était occupée par une conférence sur… l’Iran. Nous avons été finalement autorisés. Mais quel beau petit musée (restauration d’un des palais du Bey de Tunis) ! Dommage qu’il ne soit pas mis plus en valeur lui et son jardin.
Personne, au sommet de la hiérarchie du tourisme tunisien, ne semble avoir pris conscience de l’importance de la communication : il ne suffit pas de dépenser des millions pour rénover un lieu, il faut consacrer un « petit budget» pour le faire savoir, pour éditer une brochure, pour signaler sa présence sur la route, sinon ça sert à quoi ! Même les Tunisiens peuvent devenir, comme en Scandinavie, plus nombreux que les touristes étrangers. A condition que…
Copenhague… et sa sirène!
A l’arrivée, vous trouvez facilement un moyen pratique et pas cher pour vous rendre au centre-ville (40 km) : le métro ! Que c’est facile et que l’on aimerait avoir le même à Tunis, unique ou presque aéroport au monde à ne pas être desservi par des transports publics!
Et encore plus facile pour trouver un endroit sympa – clean et abordable – pour se restaurer, boire et manger : le marché couvert de Copenhague, le Torvehallerne. Des boutiques et des échoppes qui vendent des plats déjà cuits ou des produits locaux - viandes, poissons, légumes - à cuire devant vos yeux. Quel régal !
Vous ne manquerez d’aller, à part le shopping, visiter le parc d’attractions Tivoli ou le quartier autogéré Christiana, ancienne ville «libre» de la capitale (1971), redevenu paisible. Original aussi le musée Viking, sans oublier d’aller faire un tour au parc Churchill pour admirer la «petite sirène» et sa «Sexy sister» (moins connue). Copenhague est célèbre pour ses nombreuses statues, toutes majestueuses et symboliques, comme celle de Nilen, le Dieu du Nil avec ses seize enfants représentant les seize niveaux de la crue du fleuve africain…
Au deuxième jour, vous pourrez faire une balade sur le canal, contempler les centaines de cyclistes de tous âges aller au travail ou à l’école en toute quiétude sur des voies balisées (Copenhague comme tout le reste du pays est une ville plate), contempler aussi le quartier portuaire Nyhavn autour du canal avec mille et une couleurs vives.
A voir aussi le spectacle gratuit du changement de la garde royale au palais d’Amalienborg. Vous y croiserez des touristes venus du monde entier. Et si vous aimez marcher, rendez-vous au Kastellet, la citadelle de la ville, la tour Rundetarn (XVIIe s.) qui permettait aux érudits d’observer le ciel, le plus vieux jardin public de la ville, le Kongens Have… Ne quittez pas la ville sans visiter – gratuitement – l’ Hôtel de Ville, le Kobenhavns Radhus, où siègent le conseil municipal et le maire de la ville. Une curiosité
Le Danemark en bref
Entouré par la Norvège, la Suède et l’Allemagne, le royaume de Danemark est un pays plat. Il possède 443 autres îles, la plus grande étant Seeland, sur laquelle a été bâtie Copenhague par les Vikings au Xe s.
Monarchie constitutionnelle depuis 1849, le Danemark est une démocratie parlementaire. Le monarque n’exerce qu’un rôle symbolique.
Chef d’Etat: Margrethe II, la reine. Née en 1940, elle est en fonction depuis 1972. Son fils, Frederik, né en 1968, est le prince héritier.
Le pouvoir exécutif est dévolu par le monarque au Cabinet (gouvernement), qui exerce le pouvoir exécutif. Il est dirigé par un Premier ministre, nommé par la reine, qui doit avoir le soutien d’une majorité au parlement.
Le pouvoir législatif est exercé par le parlement, le Folketing, qui comprend 179 membres. Les parlementaires sont élus au suffrage universel direct par scrutin majoritaire avec une importante dose de proportionnelle, pour un mandat de quatre ans.
Le Premier ministre est habilité par la Constitution à convoquer des élections parlementaires anticipées lorsqu’il le juge politiquement profitable. Mais il a l’obligation de l’organiser si le Folketing a voté une motion de censure. Dans les faits, aucun parti n’a jamais eu la majorité des voix depuis 1909, les gouvernements successifs ont toujours été minoritaires. De fait, à chaque élection, des négociations et des alliances se font et défont entre les différents partis politiques.
Le Danemark fait partie de l’Union européenne et de l’espace Schengen, mais pas de la zone euro.
Monnaie: couronne danoise (DKK). 1 DKK = 0,13 euro = 0,42 dinar tunisien.
Fête nationale: 5 juin.
Principaux indicateurs comparés
Population en millions d’habitants | Superficie en milliers de km² | PNB en milliards de dollars | Revenu par habitant en dollars | |
Danemark | 5,8 | 42,9* | 349 | 60 200 |
Norvège | 5,3 | 385,2 | 429 | 80 800 |
Suède | 10,2 | 447,4 | 560 | 55 000 |
Tunisie | 11,5 | 163,6 | 41 | 3 500 |
Source : Banque mondiale, année 2018. PNB = Produit national brut.
* Hors îles Féroé et Groenland.
La suite (le mois prochain): Norvège et Suède
Samir Gharbi