Exclusif - Nouveau gouvernement : Fethi Touzri, Adnane Ben Youssef et Lobna Jeribi, les trois négociateurs en chef d’Elyès Fakhfakh
Les représentants de dix partis politiques invités mardi 28 janvier à Dar Dhiafa pour prendre connaissance du pacte de la coalition gouvernementale proposé par Elyès Fakhfakh en ont eu la primeur. Trois proches conseillers sont désignés par le chef du gouvernement désigné pour mener avec eux les discussions sur cette plateforme. Il s’agit de Fethi Touzri, Adnane Ben Youssef et Lobna Jeribi, qui officient en coordination avec Hédi Damak, le chef du staff. Seront-ils aussi ses chefs négociateurs pour la composition du gouvernement ? Ce n’est pas encore leur mandat, mais ce n’est pas exclu, ne serait-ce qu’au premier round d’approche. Portraits.
Touzri, le revenant au gouvernement?
Fethi Touzri est un visage connu de l’opposition démocratique avant 2011, puis de la Troïka entre 2013 et 2014. Médecin psychiâtre (58 ans), exerçant en libre pratique, il avait milité tour-à-tour au sein du MDS (1993 – 1994), de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme (1994 -2000), et du PDP. En 2011, il constituera « le Parti pour le progrès » qui n’obtiendra aucun siège à l’Assemblée nationale constituante et retournera au PDP dans sa nouveau format (avec Afek, le parti naissant de Youssef Chahed, Abdelaziz Belkhodja et Selim Azzabi, ainsi que celui de Mustapha Saheb Ettabaa) qui prendre le nom Al Jomhoury.
En plein débat sous la présidence Maya Jeribi, secrétaire générale pour faire tomber le gouvernement Jebali et barrer la route à celui d’Ali Laarayedh, il demandera un point d’ordre pour annoncer sa décision de quitter le parti pour rejoindre Laarayedh. Son ralliement à la Troïka sera récompensé. Dr Touzri héritera en effet, le 13 mars 2013, du secrétariat à la Jeunesse (précédemment détenu par Hichem Ben Jemaa (CPR), dans le ministère de la Jeunesse et des Sports, alors dirigé par Tarek Dhiab, sous la houlette d’Ali Laarayedh, chef du gouvernement.
Lorsque Mehdi Jomaa avait été chargé par le Quartet, en décembre 2013, de former un gouvernement de compétences indépendantes, Fethi Touzri se joindra à son staff pour contribuer sous la direction de Ghazi Jeribi, avec Habib Kechaou, et A.K., à l’élaboration du programme de gouvernement et du discours programme qui sera prononcé à l’ANC lors du vote de confiance. Sans pour autant obtenir par la suite un maroquin dans le gouvernement de Mehdi Jomaa.
Après une longue éclipse, Dr Touzri refait surface, cette fois aux côtés d’Elyès Fakhfafakh qu’il avait côtoyé dans le cabinet de la Troïka conduit par Laarayedh.
Sera-t-il ministre dans le prochain gouvernement ? Fakhfakh ne lui a (encore) rien dit. "Ce qui est certain, c'est qu'il ne sera pas cette fois encore, secrétaire d'Etat, avec Tarek Dhiab comme ministre", plaisante un habitué de Dar Dhiafa.
Ben Youssef, de retour au pays natal
Adnane Ben Youssef, 44 ans (né en mai 1975 à Menzel Jemil, Bizerte) a été secrétaire exécutif du parti Al Joumhouri pour la Fédération "France Nord", nouvelle appellation du PDP. Il avait rejoint le parti d’Ahmed Néjib Chabbi dans la foulée du congrès de décembre 2006 qui avait désigné la regrettée Maya Jribi comme secrétaire générale. En 2014, il quitte Al Joumhouri et participe depuis à diverses initiatives citoyennes. C’est ainsi qu’il a été, vice-président de la Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR) et militant actif pour la cause palestinienne en France.
Passé par l’IPEST, diplômé de l’ENIT en génie industriel, Ben Youssef a fait son parcours professionnel en France. Il a été notamment en charge chez Samsung France de l’implémentation de la stratégie de digitalisation de la relation clientèle et dirigé en Tunisie la filiale tunisienne d’Armatis-Laser-Contact, leader français du secteur de la relation clientèle.
Quel rôle jouera-t-il dans le prochain gouvernement ? Seul Fakhfakh le sait.
Jeribi, des solutions prêtes au déploiement
On ne présente plus Lobna Jeribi. A 46 ans, née à Tunis le 22 octobre 1973, Lobna Jeribi appartient à la nouvelle classe politique post-2011. Titulaire d'un doctorat en Système d’information et Intelligence Artificielle (INSA Lyon 2004) et d'un diplôme d'ingénieur en système d'information (INSA Lyon, 1997), elle est enseignante-chercheur à l’Ecole nationale des Sciences de l’Informatique, ENSI, Université La Manouba.
Mme Jeribi a souvent été sollicitée par des chefs de gouvernement successifs. Le tout dernier n’était autre que Habib Jemli, la choisissant en tant que ministre chargée des Relations avec le Parlement. Cette fois, c’est Elyès Fakhfakh, un camarade de militantisme au sein d’Ettakatol, depuis 2011. Jeribi sera élue, le 23 octobre 2011, députée à l’Assemblée nationale constituante, alors que Fakhfakh sera ministre du Tourisme dans le gouvernement Jebali (2011 – 2013), puis des Finances, dans celui de Larayedh (2013 – 2014), sous la Troïka. Au Bardo, Lobna Jeribi a été vice-présidente de la commission constituante : «Préambule, Principes Fondamentaux et amendements de la constitution», membre la Commission de Consensus de la rédaction de la constitution au sein à l’Assemblée Nationale Constituante, et Rapporteur général de la commission Finance, planification et développement régional. De par leurs fonctions respectives, les liens Fakhfakh et Jeribi, se sont consolidés davantage, en plus de leur engagement commun au sein d’Ettakatol.
Des programmes de gouvernement, Lobna Jeribi a contribué à l’élaboration de plus d’un an. En 2011, elle était la coordinatrice de la Commission Programme au sein d’Ettakatol chargée de l’élaboration du projet constitutionnel et du programme socio-économique. Elle sera ensuite chargée des relations internationales du parti (Internationale Socialiste, Alliance Progressiste, Forum Social Arabe, Fondations social démocrates, etc.).
A l’issue de son mandat de Constituante en 2014, Mme Jeribi a été fondatrice et présidente du Think Tank Solidar. A ce titre, elle ne cessera de conduire avec son équipe une série de projets et d’études relatifs à la planification stratégique pour l’ONU en Tunisie pour la période 2020-2025, les négociations de l’ALECA, les énergies renouvelables et leur impact sur les collectivités locales,, la réforme fiscale, l’évaluation des politiques publiques, et autres.
C’est cette expertise qu’elle apporte au sein de l’équipe de Fakhfakh, en attendant de faire partie, sans doute de son gouvernement. A la tête de quel département ?
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