Libye - Des pays signataires de l’accord de Berlin déversent armes, munitions et combattants attisant la guerre Sarraj - Hafter
A quoi aura servi la grande messe de Berlin, avec ces Poutine, Erdogan, Macron, Pompéo, et autres dirigeants de grandes puissances, avec Merkel et Gutteres? La première épreuve de vérité de l’accord conclu par les pays participants dimanche 19 janvier à la conférence de Berlin sur la Libye, n’a pas résisté à la réalité sur le terrain. Faisant fi des engagements pris, armes et combattants étrangers sont déversés, attisant les combats féroces entre les belligérants. La situation risque de s’embraser encore plus dans le pays, et un bain de sang est à redouter à Tripoli. La Tunisie sera alors la première à en pâtir.
Si le cessez-le feu, entré en vigueur le 12 janvier dernier, avec l’appui de l’axe Poutine – Erdogan, a contribué à réduire sensiblement les combats à Tripoli, cette trêve fragile est menacée à présent par ce qui se passe actuellement, prévient Ghassan Salamé. Il s’agit, explique-t-il de la poursuite du transfert de combattants étrangers, d’armes et de munitions et de dispositifs avancés aux parties adverses, par des pays membres de l’ONU, y compris certains pays qui ont pris part à la conférence de Berlin. Ainsi, l’engagement pris autour de la chancelière Merkel, et du secrétaire général de l’ONU, Antonio Gutteres, de respecter l’embargo sur l’armement prononcé par le Conseil de Sécurité de l’ONU et la non-interférence étrangère, sont purement et simplement désavoués. Dans l’impunité. L’accord de Berlin s’était en effet abstenu ‘’d’évoquer’’ des sanctions contre les pays qui violent l’embargo. Le Conseil de Sécurité aussi.
« Tout au long de ces dix derniers jours, des appareils cargo et des vols aériens atterrissent dans les aéroports libyens, de l’Est et de l’Ouest du pays, pour approvisionner les parties belligérantes en armes de guerre sophistiquées, véhicules blindés, dispositifs militaires, conseillers et combattants étrangers », dénonce Ghassan Salamé, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU et chef de la mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL). « La mission condamne les violations continues qui menacent de plonger le pays dans une nouvelle vague d’intenses combats », met-il en garde, appelant toutes les parties concernées à tenir leurs engagements et respecter l’embargo sur l’armement. »
« C’est un processus long, complexe et fragile, explique à Leaders, un ancien diplomate proche du dossier libyen. La communauté internationale peine à exercer la pression nécessaire afin de faire respecter les engagements pris et la résolution du Conseil de Sécurité. Les intérêts des grandes puissances et autres parties impliquées en Libye, sont tellement importants pour eux, mais aussi divergents, qu’il ne s’agit en fait que de vœux pieux. Sans autorité imposante et sanctions conséquentes, le ''jeu diplomatique'' se limitera à se mouvoir au pas de tortue, sans se soucier du drame humanitaire et des dégâts de guerre en Libye ainsi que de leurs conséquences sur des pays voisins, et en premier lieu la Tunisie. »