Quand Elyès Fakhfakh se pose en rassembleur
On attendait son premier contact avec la presse depuis sa désignation par le président Saïed, pour le jauger, le situer, le comparer à son prédécesseur, connaître ses idées, la démarche qu’il compte suivre pour former son gouvernement, les partis avec lesquels il compte travailler. D’emblée, Elyès Fakhfakh a été clair : «je ne travaillerai pas avec Qalb Tounès et le parti et le Parti Destourien libre». Cela a le mérite de la franchise. D'ailleurs, on s’y attendait car la veille, seuls les partis Courant démocratique, Echaab, Ennahdha et Tahia Tounès ont été appelés aux consultations relatives à la formation du gouvernement. Ces quatre partis formeront de toute évidence la nouvelle coalition gouvernementale.«
Elle a été choisie sur la base des résultats du deuxième tour de l’élection présidentielle et toute la symbolique qu’elle véhicule, par respect pour la volonté du peuple» il explique: «les deux partis ne correspondent pas aux attentes des Tunisiens». Mais il précise qu’il ne s’agit pas d’une exclusion telle qu’on l’entendait avant la révolution lorsqu’elle signifiait un bannissement des partis de la vie politique, tout en insistant sur « l’importance d’une opposition politique capable de faire pression, car «sans opposition, il n’y aurait pas de démocratie»
Il doit au président de la République sa désignation pour former le gouvernement, ni plus, ni moins. Ce à quoi il tient le plus, ce sont des rapports sereins, apaisés, respectueux par-dessus tout de l’esprit et la lettre de la constitution et de la légitimité de l’urne. Son gouvernement sera ramassé (autour de 25 ministres) et devra répondre, au plus vite, «aux aspirations des Tunisiens qui ont voté, en grand nombre, en faveur des valeurs de la révolution, un gouvernement qui saura assumer ses responsabilités. Il comprendra des compétences féminines ainsi que des jeunes capables de donner une nouvelle image de la Tunisie.
Le chef de Gouvernement désigné se pose en rassembleur. Il cherche à dépasser les clivages classiques droite/gauche, les votes-sanction, le populisme, le clientélisme pour une vision commune qui réponde aux attentes pressantes des jeunes.
Passer des querelles politiciennes aux débats d’idées pour imaginer une alternative au modèle de développement actuel qui a montré ses limites, telles doivent être selon lui les priorités du gouvernement. De belles intentions, mais il y a encore loin de la coupe aux lèvres.