Ezzeddine Ben Hamida: Pour le futur chef du Gouvernement
Nicolas Machiavel (1469 – 1527) écrivit: «Chacun comprend combien il est louable pour un prince d’être fidèle à sa parole et d’agir toujours franchement et sans artifice. De notre temps, néanmoins, nous avons vu de grandes choses exécutées par des princes qui faisaient peu de cas de cette fidélité et qui savaient par la ruse agir sur la cervelle des gens.» (Le Prince, chapitre XVIII).
Monsieur,
N. Machiavel disait aussi que le Prince doit se faire aimer de ses sujets, mais il doit aussi être craint. Il faut qu’il le considère comme juste et puissant, ce qui suppose de votre part monsieur le chef du Gouvernement un savant dosage de rigueur et de bonté. Ne soyez pas rusé car les Tunisiens ont assez des intrigues, artifices, subterfuges et fourberies !
Quelles que soient les mesures que vous impose la raison d’Etat, et surtout lorsque celles-ci, au nom du bien commun, vont à l’encontre des attentes immédiates du peuple, vous devez toujours garder présent à l’esprit que vous devez justifier tout acte douloureux d’une raison susceptible de rallier les Tunisiens à votre légitimité.
Monsieur le chef du Gouvernement, ci-après une liste non exhaustive de quelques pistes qui exigent un cadre politique serein et une solidarité sans faille entre toutes les composantes de notre société ; des pistes qui vous imposent beaucoup de déterminations, courages et fermetés:
1/ La lutte contre l’économie informelle doit être un préalable (voir nos contributions).
2/ Revoir le mode de fiscalité des activités libérales (médecins, avocats, notaires).
3/ Un moratoire de 3 à 5 ans sur le paiement des intérêts des dettes pour les ré-allouer aux profits des investissements productifs.
4/ Entreprendre les démarches pour contester les dettes illégitimes contractées sous l’ancien régime. Il y a plus de 11 milliards de $. (voir notre opinion sur le présent site).
5/ Imposer une écotaxe aux touristes en devises internationales ; à défaut, l’imposer aux hôtels qui seraient contraints de l’intégrer dans leurs prix d’offres.
6/ Stopper les recrutements dans la fonction publique. Les départs à la retraite ne doivent en aucun cas être remplacés. Ce qui implique une modernisation de notre administration.
7/ Abroger le nouveau statut de la Banque centrale. Friedrich Van Hayek (1899 -1992), économiste hétérodoxe et libéral, considère pourtant que la science économique n’est pas une science autonome, formalisée et repliée sur elle-même. Il soutient « qu’un économiste qui n’est qu’économiste est un danger pour la société. » Il compare l’utilisation des mathématiques par ses collègues à une forme de magie destinée à impressionner les hommes politiques.
8/ Suppression de la caisse de compensation pour la remplacer par une allocation sociale pour les plus démunis. Il faut établir donc un fichier national des personnes pauvres.
9/ Améliorer la productivité dans le publique comme dans le privé est la condition sine qua none pour contrebalancer les dernières hausses des salaires.
10/ Réformer les banques tunisiennes qui spolient ouvertement les citoyens et entravent l’investissement.
11/ Suspendre immédiatement toutes les négociations avec l'Union européenne à propos du funeste projet l'ALECA. La France a opposé un Niet définitif au TAFTA. Pourquoi cherche-t-elle alors à nous imposer un tel Accord ? Les théories de spécialisation et des avantages comparatifs se heurtent à de nombreuses limites par la nature même de leurs caractères trop hypothétique. Joseph Stiglitz, prix Nobel d’Economie : « Aucun pays au monde, ni les Etats-Unis, ni l’Angleterre, ne s’est développé sous le régime commercial du libre-échange ».
12/ Etc.
Ezzeddine Ben Hamida
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