Mohamed Nafti: La Tunisie cherche désespérément un Chef de Gouvernement
Tirer les leçons d’un échec politique n’est pas coutume dans la tradition orientale. Il n’y a que l’ivresse de la victoire qui importe; on annonce le triomphe en grandes pompes avant le début de nos actions qui sont rarement couronnées de réussite. A la fin, on trouvera toujours un semblant de réussite pour voiler les nombreux échecs qu’on ne cesse d’essuyer. A titre d’exemple, on lisait sur les pages de la presse électronique deux jours avant le vote de confiance « le gouvernement Jemli passera avec 95% des voix». Le vendredi 10 janvier au soir et après le rejet du gouvernement, on dira que le peuple tunisien a assisté à un « Ours » démocratique (Fête en arabe). Ainsi, le rejet du gouvernement Jemli, échec cinglant, a été présenté comme une formidable réussite d’une classe politique. Ce n’était qu’une raison alléguée pour justifier l’échec et pour dissimuler les raisons véritables de cette entreprise.
On pourrait faire preuve de mansuétude vis-à-vis d’un échec s’il était inhabituel, mais lorsque le phénomène devient récurrent cela invite à la réflexion. Nous assistons aujourd’hui à la formation du dixième gouvernement dans l’ère post 14 janvier 2011. Nous assistons aussi au dixième échec des différents gouvernements formés. N’est-il pas urgent d’avouer notre échec, d’en enfanter une sagesse et dire que nos volontés ont par le passé contredit les bons choix. N’est-il pas évident de conclure que le mauvais choix réside dans les critères de sélection de la personnalité du Chef du gouvernement. Ceci est d’autant plus vrai que tous les différents gouvernements n’ont jamais manqué de compétences au niveau ministériel. Aussi, convenons-nous à dire que le mal provienne du choix du chef du gouvernement.
Quels sont les critères d’un bon chef de gouvernement ? Il n’est pas aussi évident de répondre à cette question épineuse dans le contexte tunisien. Néanmoins, il est permis de présenter quelques impressions et des notions générales qui ne nous entrainent pas dans les méandres si tortueux du leadership et nous évitent les cheminements capricieux des comportements des hommes politiques. Aussi, il serait plus sage et plus rationnel de raisonner sur la base des vérités historique et scientifique.
Le chef du Gouvernement est un Chef. Et c’est tout ce qu’on doit comprendre de ce titre. Un chef est quelqu’un qui Commande. Commander c’est Agir sur le Comportement des membres de l’équipe pour les amener à bien exécuter des tâches définies qui concourent à la réalisation d’un objectif conçu par l’administration…
Pour ne pas se perdre dans des détails inutiles, on est en mesure de saisir la première compétence du Chef ; savoir Agir sur le comportement de ses hommes (collaborateurs). C’est une qualité morale corollaire de la forte personnalité du candidat au poste du chef du gouvernement.
La deuxième qualité en vertu de laquelle le candidat devrait répondre est la culture générale. Elle est une condition nécessaire pour cultiver la première qualité (commander). Le vieux dicton (militaire) disait «La meilleure école de commandement c’est la Culture Générale» De Gaulle. Il n’est pas nécessaire pour ce poste d’être un X, Enarque ou diplômé de l’Ecole Normale Supérieure mais de posséder les connaissances générales nécessaires pour comprendre les ABC de chaque ministère.
Pour argumenter cette réflexion, on se limitera à un exemple historique très connu et accepté par toutes les civilisations humaines. L’histoire a connu un très grand chef politique et militaire. Alexandre le Grand est un Chef qui a gagné toutes ses guerres. Il a bâti un grand empire et une vingtaine de grandes cités. Il n’a pas ravagé, ni pillé des villes. On dit «Derrière Alexandre la Grand, il ya Aristote». Le premier maitre, le philosophe Aristote, a été le précepteur du plus grand Chef politico-militaire de l’histoire. Il ne lui a pas enseigné les maths, ni l’économie ni la stratégie. Il lui a seulement enseigné les Valeurs Morales. «Et ils s’interrogent sur Zul-Qarnin. Dis: je vais vous en citer quelque fait mémorable» Verset 83 Sourat Al Kahf.
Pour résumer le Chef du Gouvernement est une personnalité qui est capable d’agir sur le comportement de ses ministres pour les amener à réaliser les objectifs du programme présenté par les partis politiques. Il doit être assez cultivé et éduqué pour pouvoir séparer le bon grain de l’ivraie.
Mohamed Nafti
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