Oman, feu le sultan de Qabous ibn Saïd et la Tunisie
Ce sultan, décédé le 10 janvier, était un « dictateur éclairé »… et un très bon ami de la Tunisie de Bourguiba. Mais qui s’en est souvenu hier ou aujourd’hui ?
Nos sites officiels – publics – ont effacé leur mémoire : rien sur le site présidentiel – la moindre des choses aurait été de rappeler à l’occasion de la visite « éclair » de Kaïs Saied à Oman (12/1) notre coopération bilatérale exceptionnelle ; rien aussi sur le site des Affaires étrangères ; rien dans la presse tunisienne…
Pourtant, l’histoire ne s’efface jamais, sauf pour les ignorants qui veulent le rester…
Alors, je vous rappelle quelques souvenirs personnels. J’ai connu un diplomate – Hassan Fodha – qui a été notamment ambassadeur d’Oman auprès des Nations unies et qui ne manquait pas d’éloge sur les rapports entre nos deux pays.
Oman était une colonie britannique depuis 1891. En 1970, à 30 ans, le fils du sultan évince son archaïque père et prend le trône. Il exige l’indépendance de Londres et l’obtient (1971) et il se met en tête d’unifier son pays (Mascate et Oman), de le moderniser son pays, avec les ressources pétrolières qui avait commencé en 1967 et dont son père ne se souciait pas…
Le jeune sultan n’avait pas assez de moyens humains et il se tourna – naturellement – vers un pays « modèle », la Tunisie de Bourguiba : modèle dans sa neutralité entre l’Est et l’Ouest, modèle dans sa politique éducationnelle et familiale, au top de la diplomatie arabe… Bourguiba répondit oui et lui donna tout ce qu’il pouvait : des enseignants, des diplomates… La coopération était exemplaire et sans a priori religieux. Oman est connu pour sa mouvance religieuse – ibadite – tolérante et ouverte. Loin du wahhabisme ambiant et des frères musulmans environnants… Il est toujours resté à l’écart des soubresauts du Moyen-Orient. Il n’a pas « produit » le moindre djihadiste à ce jour…
Pourquoi ne dit-on rien aujourd’hui sur cette relation exemplaire ? Ni sur comment elle a évolué ? Sommes-nous devenus si oublieux de notre histoire contemporaine ?
Samir Gharbi