Comment Bourguiba Jr avait livré ses mémoires à Mohamed Kerrou (Album Photos et Vidéo)
La présentation samedi 28 décembre aux Archives nationales de la version en langue arabe des mémoires de Habib Bourguiba Jr, sous forme d’entretien avec le professeur Mohamed Kerrou a été riche en révélations. Cinq ans après la publication en 2013 du texte original sous le titre de « Notre histoire » (Cérès), la traduction soignée effectuée par le professeur Mohamed Ajina, fait découvrir au lecteur des facettes peu connues du fils unique du combattant suprême, de ses souffrances mais aussi de ses accomplissement. En ce jour du dixième anniversaire du décès de Bourguiba Jr, célébré en présence de sa famille, de ses amis et de militants destouriens, l’émotion était présente et le souvenir intense. Deux bonnes nouvelles ont été d’emblée annoncées.
Mériem Bourguiba Laouiti déclarera en effet que les deux versions des mémoires seront mises en vente en ligne, sur le site de la Fondation Habib Bourguiba (bourguiba.com) ce qui permettra à des lecteurs de partout en Tunisie et à l’étranger de les acquérir.
Mohamed Kerrou révèlera qu’il se propose de déposer aux Archives nationales les enregistrements de l’ensemble de ses entretiens avec Habib Bourguiba Jr afin d’offrir aux chercheurs et historiens une matière vivante de la teneur des propos. Revenant sur le making of du livre, il révèlera que le recueil des témoignages, leur transcription et leur relecture ont dû prendre pas moins de cinq ans. « Ce n’était pas du temps perdu, soulignera-t-il. Nous avons gagné en qualité. Croisant les données et dialoguant ensemble, nous avons pu aller en profondeur. »
Deux principes convenus d’avance
Dès le départ, Bourguiba Jr avait mis les balises, poursuit Kerrou. D’abord, nous nous arrêterons à 1987. Ensuite, ces entretiens ne seront publiés qu’après sa mort et avec l’accord de sa famille qui, en plus, décidera du texte final. Il ne voulait pas entrer en conflit avec des personnes encore vivantes. Ensemble, nous convenions des thèmes à évoquer lors du prochain entretien. Il se documentait et se préparait bien. Puis, après chaque séance, je transcrivais ses propos sur ordinateur. A l’époque, je ne me connaissais pas en informatique alors que lui en était un as. Il m’y avait initié, me faisant découvrir toutes les facilités que cela peut m’apporter. Lorsque je lui remettais les textes, il apportait beaucoup de soin à les relire et leur apporter la forme finale appropriée.»
« Bourguiba Jr n’avait pas de parti-pris, témoigne Kerrou. Il livrait tout d’un seul trait. ‘’C’est une thérapie’’, me disait-il. Je l’emmenais à dire la souffrance qui était la sienne, notamment de sa relation avec son père. Il n’était pas facile pour lui d’être le fils de Bourguiba, un père constamment consacré à la conquête de l’indépendance puis à l’édification de l’Etat.»
Le témoignage de Mme Bourguiba Jr sera très utile
Le Pr Kerrou se permettra de donner un point de vue significatif sur «le Combattant Suprême». «On ne juge pas Bourguiba sans mesurer l’ampleur de la tâche qu’incombe à un leader. On lui demande après avoir conduit la lutte nationale pour l’affranchissement et la souveraineté, de construire la République. En 60 ans, pouvait-il faire plus et instaurer la démocratie? En Europe, comme en Amérique, les nations y ont mis des siècles.»
Evoquant le rôle joué par Neila Zouiten auprès de son époux Bourguiba Jr, il dira: «Elle a toujours été admirable dans l’accueil et la distanciation, sans jamais interférer dans notre dialogue. D’ailleurs je souhaiterais vivement, en prolongement de cet ouvrage, recueillir son propre témoignage, sur son mari, mais aussi le coup d’Etat de 1987 et d’autres aspects. Ça sera un complément très utile.»
T.H.
- Ecrire un commentaire
- Commenter
J'ai lu la version française de ce livre (depuis 3 ou 4 ans), je retiens surtout la partie où il parlait de feu Med Mzali lorsqu'il dit que la politique d'arabisation - qui a donné main libre aux islamistes pour qu'ils font front à la gauche - cette politique est plus dangereuse et néfaste sur la Tunisie que le collectivisme de Ahmed Ben Salah... ...et nous avons en 2019 la véracité de ses dires...