10 morts et plus de 35 blessés dans le bombardement d’une biscuiterie Tripoli: cruelle descente aux enfers sous le feu de puissances étrangères
«Lorsque les «invités» prennent le dessus, s’installent et deviennent maîtres de la situation, le pays coule à la dérive et s’embrase.» En mots à peine voilés, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour la Libye, Ghassan Salamé dénonce l’intervention ravageuse de puissances étrangères, dans une confrontation par procuration qui frappe lourdement la population et bloque tout processus de sortie de crise. Dans son briefing mensuel, lundi, devant le conseil de Sécurité, il a signalé le dernier incident survenu le matin même, l’attaque aérienne d’une biscuiterie à Ouedi Errabii, dans la proche banlieue de la capitale Tripoli, faisant 10 morts et au moins 35 blessés, dont deux Libyens et un grand nombre de migrants subsahariens.
Mercenaires étrangers, drones armés et bombes téléguidées visant des quartiers urbains
Le recours aux frappes aériennes soutenues par technologies avancées de précision et le déploiement de mercenaires étrangers sont devenus fort redoutables, ajoute-t-il. L’usage par les forces de Haftar de drones armés et de bombes téléguidées, visant des zones civiles populeuses dans la cpitale accroit les dégâts et pousse les habitants à la fuite de leurs maisons.
Depuis le déclenchement il y a sept mois et demi, le 4 avril dernier, de l’offensive des forces de l’Armée nationale libyenne, lancées par Kahlifa Haftar contre le gouvernement de Fayez al-Sarraj à Tripoli, pas moins de 800 raids aériens ont été perpétrés, contre 240 menés les forces gouvernementales. Les pertes humaines s’élèvent à plus de 200 morts, alors 128.000 personnes ont dût abandonner leurs domiciles pour se réfugier ailleurs, voire quitter la Libye, pas moins de 135.000 personnes, démunies, subsistent dans des zones de premières lignes des confrontations et 270.000 autres sont restées dans les zones directement visées par les combats. Les équipements sanitaires sont particulièrement visés par les raids, plus de 60 attaques ciblées ayant été relevées depuis le début de l’année en cours.
En violation de l'embargo, les armes coulent à flot
Aussi, l’aéroport de Maitigua près de Tripoli est fermé. L’unique voie aérienne de sortie dans l’Ouest libyen est le petit aéroport militaro-civil de Misrata, à 250 km de la capitale. Sans pour autant garantir toute mise à l’abri des combats, il a déploré pas moins de 11 attaques aériennes avec grande précision rien que depuis le mois de septembre dernier.
Les armes lourdes, les engins de guerre et les pièces détachées militaires affluent à flot de partout, en violation de l’embargo imposé, attisant la puissance de feu des combats, a souligné Salamé.
Esclavagisme
Les migrants paient eux aussi un lourd tribu. Lorsqu’ils ne sont pas froidement assassinés, ils sont victimes de mauvais traitement inhumain, de détention illégale dans des centres sauvage où ils subissent viols, pires tortures, et livrés en esclaves.
Malgré ce tableau bien sombre, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour la Libye ne peut que fondre des espoirs mesurés sur le quatrième round du sommet international sur la Libye devant se tenir ce mercredi 20 novembre à Berlin. Il a salué le rôle actif joué dans sa préparation par la diplomatie allemande, conduite par le ministre des Affaires étrangères, Heiko Maas qui s’était déplacé le dimanche 27 octobre dernier à Tripoli, avant de se rendre successivement à Tunis, puis le Caire.
Drame cruel en Libye. Dans l'insouciance quasi-générale.
T.H.
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