News - 29.10.2019

Comment Khemaies Jhinaoui a remis sa démission

Comment Khemaies Jhinaoui a remis sa démission

Tôt le matin, ce mardi, Khemaies Jhinaoui a demandé à être reçu par le chef du gouvernement. Sa décision était prise: la nuit portant conseil, le ministre des Affaires étrangères était résolu à remettre sa démission. Il ne pouvait accepter le double affront qui lui était fait: ne pas assister à l’audience que devait accorder lundi matin le président de la République au ministre allemand des Affaires étrangères et ne pas être chargé de conduire la délégation tunisienne à la conférence ministérielle de l’Organisation internationale de la Francophonie devant se tenir à Monaco et examiner les préparatifs du Sommet de Tunis.
Ne pouvant pas accéder au chef du gouvernement, il s’empressera de lui envoyer une lettre manuscrite de démission, rédigée dans un style respectueux et courtois, dans le pur genre protocolaire. C’est au milieu de la journée qu’il recevra un appel de Youssef Chahed, lui annonçant que conformément à la tradition de l’alternance à la tête des ministères, il a été décidé de le relever de ses fonctions, confiant la charge à son secrétaire d’Etat, Sabri Bach Tobji, évidemment avec les remerciements d’usage.

Inutile de lui demander si ce qui s’est passé depuis la passation des pouvoirs à Carthage pouvait motiver le sort qui lui est réservé. Jhinaoui ne manquera pas cependant de lui rappeler courtoisement qu’il lui avait déjà adressé sa démission... Le communiqué de la Kasbah tombera comme un couperet: limogeage! Adieu la démission!
Ceux qui connaissent de près Khemaies Jhinaoui savent que ce diplomate de carrière (plus de 40 ans) n’est guère impulsif. Taiseux, gardant toujours son sang-froid, il ne laisse pas apparaitre ses sentiments, encore moins ses émotions. Mais après cette tourmente du lundi qui n’augure rien de bon pour lui, sa démission était inévitable.
Jhinaoui tenait pourtant beaucoup à voir le président Kais Saied réussir dans ses nouvelles fonctions, capitaliser sur l’œuvre de son prédécesseur Béji Caïd Essebsi et accroître le rayonnement international acquis par la Tunisie. Il voulait se mettre au service du pays, là où il sera, convaincu que sa maitrise des dossiers internationaux et sa connaissance des principaux acteurs politiques étrangers ainsi que son carnet d’adresses profiteront au pays. Ne maintient-il pas des contacts directs de plus d’une cinquantaine de ses homologues avec qui il entretient une chaleureuse amitié ? En attendant la formation du nouveau gouvernement et l’arrivée de son successeur, il savait qu’il appartenait à présent à un gouvernement chargé d’expédier les affaires courantes et d’assurer la continuité de l’Etat. 

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