Ridha Tlili - Les élections législatives et présidentielles en Tunisie: première lecture
- Ces élections se distinguent par un bouleversement au niveau de la classe politique et par l’effritement de la famille appartenant aux courants « Centriste et moderniste ». Il s’est avéré en effet, que ces partis modernistes ne disposent pas ni d’une culture unitaire ni d’une vision commune.
- La campagne électorale législative était inégale, confuse et sans démarcation politique ou idéologique.
- La propagande électorale législative était largement dominée par le discours local, clientéliste sans perspectives d’un projet politique innovant porté sur la bonne gouvernance, l’amélioration de la situation sociale et économique.
- Ce discours n’avait pas un caractère populiste comme les prétendent certains observateurs de la situation politique en Tunisie, c’est un discours dans l’ensemble (tous les partis politiques sans exception) anachronique par rapport aux reformes urgente et impératives à engager, certes économique mais également éthique (absence d'exemplarité) et politique.
De nouveaux acteurs au parlement
- Un phénomène nouveau remarquable à mon avis le plus significatif qui caractérise les élections législatives, c’est l’assaut des partis islamistes radicaux des sièges au niveau du parlement.
En effet ces partis et mouvances,El Karama, Al Rahma et le partiEttahrir, qui ne reconnaissaient pas l’Etat républicain, le parlement, le modèle démocratique ont changé de stratégie, adoptant l’occupation progressive du parlement.
-L’entrée spectaculaire de mouvement Echaab: Les nationalistes arabes, une mouvance politique activiste, maitrise la langue arabe et la rhétorique politique.
-Ces nouveaux acteurs sont en mesure de résister à la domination de mouvement Ennahdha et peuvent l'empêcher, d'imposer sa volonté d'orienter systématiquement les débats au sein de l'assemblée.
- 70% du députés élus sont des avocats préparés aux plaidoyers pour renforcer la présence de leurs partis au parlement.Ils représentent uniquement les intérêts de leurs partis, seulement 15 à 25 députés représentent les classes sociales. Ce déséquilibre flagrant limite l’intérêt du parlement aux questions relatives au sociale et au sociétale.
- Encore une fois la configuration du la nouvelle assemblée favorisera les intérêts spécifiques des partis qui disposent le plus grand nombre des députés.
- La réussite de Kais Said aux présidentielles exprime en fait le "rejet total" de la classe politique qui a gouverné depuis 2011 et surtout elle exprime la volonté de rompre avec toutes les formes de la corruption économique et politique.
- La jeunesse a joué un rôle significatif au cours de ces dernières élections, une jeunesse qui cherche un sauveur.
- Sans parti politique et sans relais au parlement kais Said risque la marginalisation progressive et la disqualification.
- L’arrivée des destouriens au parlement qui cherchent à être visible en étant dans l’opposition permanente et la revendication impérative d’un régime autoritaire.
Conclusions
Les centristes modernistes et la gauche ont perdu leurs sièges au parlement au profit des mouvances radicales et marquées idéologiquement.
L’utilisation massive des moyens des communications et des réseaux sociaux dans la campagne électorale.
Les "programmes" politico-économiques présentés par les partis politiques lors de la campagne législative n'accèdent pas à des visions politiques, stratégiques perspectives.
Prof: Ridha Tlili